À la tête de l’organisation des Nations unies entre 1997 et 2006, Kofi Annan a été confronté au cours de son mandat à une série de conflits aggravés notamment par les actions unilatérales des États-Unis et de certains de leurs fidèles alliés.
Ardent défenseur d’une résolution des conflits par la voix du multilatéralisme, Kofi Annan a vu ce principe fondamental des Nations unies, bafoué à plusieurs reprises au cours de son mandat. Si l’ensemble de la communauté internationale a salué la mémoire de l’ancien secrétaire général de l’ONU le jour de sa disparition, le bilan mitigé de son action est à l’image des difficultés rencontrées par le multilatéralisme sur une scène internationale plus que jamais marquée par la prééminence des États-Unis et de l’OTAN.
Deux ans après son élection à la tête de l’organisation, Kofi Annan assiste impuissant au bombardement de la Yougoslavie par l’OTAN, opéré sans l’aval de l’ONU. Entre mars et juin 1999, l’aviation de l’Alliance y mène 38 000 missions de combat, se concentrant surtout sur la capitale, Belgrade, et sur la province du Kosovo, à l’origine du conflit.
À l’aide d’avions de combat et de missiles de croisière à longue portée lancés depuis des navires de guerre stationnés en mer Adriatique, l’OTAN a détruit des éléments vitaux de l’infrastructure du pays. D’après l’ONG Human Rights Watch (HRW), « entre 489 et 528 civils Yougoslaves ont été tués dans 90 incidents différents » au cours de la campagne militaire de l’OTAN. Des sources serbes font toutefois état d’un plus grand nombre de victimes : 2 000 morts civils, 1 000 morts parmi les militaires, 5 000 blessés et plus de 100 disparus.
Quatre ans plus tard, malgré l’opposition de trois membres permanents du Conseil de sécurité (la Chine, la France et la Russie), l’ONU ne peut empêcher l’intervention américaine en Irak, accusé alors, de détenir des armes de destruction massive prêtes à être utilisées contre certains pays occidentaux. L’invasion américaine, basée sur des preuves montées de toute pièces, a alors conduit à la déstabilisation du Moyen-Orient.
« Presque tous les gouvernements et les peuples du monde avaient espéré que nous puissions parvenir à une solution pacifique », avait alors déclaré, le visage empreint de gravite, Kofi Annan avant d’ajouter : « Dans la mesure où nous n’y sommes pas parvenus, c’est évidemment une déception et un triste jour pour tout le monde [...] les membres du Conseil sont aujourd’hui déçus et frustrés. »
Une frustration dont il a également fait part au sujet du conflit syrien. Nommé en février 2012 médiateur de l’ONU et de la Ligue arabe pour tenter de résoudre la crise par la voie diplomatique, il avait décidé de jeter l’éponge cinq mois plus tard après avoir tenté de promouvoir un dialogue impliquant l’ensemble des acteurs de la scène politique syrienne. Un énième échec, symbole une nouvelle fois de la difficulté à laquelle semble condamné à se heurter le multilatéralisme auquel il avait pourtant tenté de donner corps.