Paris a demandé « des comptes aux autorités israéliennes » sur la démolition du centre de l’Association al-Bustan financé par la France dans le quartier de Silwan à Jérusalem-Est, a indiqué vendredi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.
Le matin du 13 novembre, la municipalité d’occupation de Jérusalem, protégée par des dizaines de forces de police israéliennes, a fait une descente dans le quartier de Silwan, fermant les routes et entourant le quartier d’Al Bustan. Elle a démoli une unité résidentielle appartenant à la famille AL Qadi, où vivent un enfant, une femme enceinte et le père, ainsi que la tente de solidarité d’Al Bustan et le centre communautaire d’Al Bustan, dans le quartier d’Al Bustan. La tente a été dressée pour défendre et protester contre les décisions de démolition qui ont affecté toutes les maisons du quartier.
La tente qui a été utilisée pendant des années par la communauté, exprimant leur solidarité les uns avec les autres et recevant toutes les délégations de solidarité et diplomatiques au cours des 20 dernières années, était une maison symbolique pour tous les habitants de Silwan.
Depuis le 7 octobre 2023, 15 maisons ont été démolies dans le quartier d’Al-Bustan, et les autres maisons sont menacées de démolition à tout moment.
Contexte
La municipalité de Jérusalem a intensifié sa campagne de démolition de maisons à Al-Bustan, un quartier situé au cœur de Silwan, à Jérusalem-Est. Le 13 octobre, des entrepreneurs municipaux, protégés par les forces de police, sont entrés à Al-Bustan pour mesurer les locaux de l’association Al-Bustan en vue de leur démolition. Les propriétaires ont reçu l’ordre de retirer leurs biens, avec la menace que s’ils ne se démolissaient pas eux-mêmes, ils seraient démolis par la municipalité à leurs frais. Cette escalade fait suite à des ordres de démolition émis plus tôt dans le mois et touchant l’association Al-Bustan, des espaces communautaires et trois familles, dont les familles Al-Qadi, Rwady et Hamdan.
Le centre communautaire Al-Bustan dessert plus de 1 000 bénéficiaires, dont des enfants, des jeunes et des femmes, et propose des activités psychosociales, culturelles, artistiques, sportives et récréatives essentielles. Son ciblage représente une attaque contre une initiative communautaire volontaire vitale pour le tissu social du quartier. La démolition du centre fait partie d’une campagne plus large qui menace près de 120 maisons et 1 500 résidents, marquant ainsi une crise humanitaire importante.
Déplacement systématique à Silwan/Jérusalem-Est
Depuis le 7 octobre 2023, 15 maisons et une structure commerciale à Al-Bustan ont été démolies, et environ 30 autres maisons ont reçu des ordres de démolition. Ces actions s’inscrivent dans le cadre d’une intensification des efforts de la municipalité pour faire appliquer les ordres de démolition précédemment gelés. L’objectif déclaré est d’établir un « parc biblique » sur le site, déplaçant des centaines de familles et faisant de plus de 360 enfants des sans-abri.
Cette vague de démolitions coïncide avec l’attaque militaire d’Israël contre Gaza, qui se sert de ce prétexte pour accélérer l’expansion des colonies, les démolitions et l’intensification de la répression à Jérusalem-Est occupée. Les actions de la municipalité ont conduit à la violation systématique des droits des Palestiniens, détériorant davantage leurs conditions de vie et créant une atmosphère de coercition visant à forcer les résidents à abandonner leurs maisons.
L’impact humain
Derrière le discours juridique et politique, les ordres de démolition à Al-Bustan menacent de briser la vie de familles qui vivent dans le quartier depuis des générations. Le centre communautaire d’Al-Bustan, aujourd’hui menacé, a longtemps servi de sanctuaire à plus de 1 000 bénéficiaires. Nous ne pouvons pas simplement compter le nombre de bénéficiaires sans mentionner l’attachement psychologique des groupes et des bénéficiaires aux programmes de soutien psychologique et aux relations humaines qui ont été tissées dans ce lieu, ainsi que l’aide psychologique, sanitaire, physique, technique et comportementale qui a été construite et maintenue pendant les années où les services de l’association ont été utilisés. C’est un lieu où les enfants viennent jouer, où les femmes se rassemblent pour obtenir du soutien et où les voisins se réunissent pour des activités culturelles et sociales. Pour beaucoup, c’est une bouée de sauvetage dans une ville où les espaces publics pour les Palestiniens sont rares.
Depuis les années 1990, à mesure que le quartier s’est développé et que les besoins en logement se sont accrus, de nombreuses familles n’ont eu d’autre choix que de construire sans permis. Ces constructions étaient des actes de nécessité, et non de défiance, motivés par le manque d’options de logement disponibles pour les Palestiniens. Malgré cela, les habitants n’ont cessé de chercher des voies légales pour préserver leurs maisons, en présentant des plans alternatifs détaillés qui garantiraient la croissance et le développement du quartier sans démolitions. À chaque fois, ils ont été déboutés.
Pour les habitants d’Al-Bustan, la maison est plus qu’un simple lieu de vie ; c’est un point d’ancrage à leurs racines culturelles et historiques à Jérusalem. Le projet de développement menace de rompre ces racines, en déplaçant des familles qui ont déjà enduré des années de batailles juridiques, d’anxiété et d’incertitude. Les récentes démolitions ont laissé des vides béants dans le quartier, là où se trouvaient autrefois des maisons pleines de vie. Des enfants marchent près des décombres, apprenant bien trop tôt les conséquences d’une occupation qui efface leur existence de la carte.
Les histoires d’Al-Bustan ne sont pas seulement des histoires de perte, mais aussi de résistance. Des familles comme les Hamdans, Rweady Al qadi, Odeh et Abu Diab se sont mobilisées, avec leurs voisins, pour repousser les démolitions et défendre leur droit à rester sur leurs terres. Malgré l’incertitude, la communauté continue de s’organiser, s’appuyant sur la solidarité internationale pour attirer l’attention sur leur situation. Ils ne se battent pas seulement pour des maisons, mais pour le droit de vivre dans la dignité, de rester dans la ville où leurs ancêtres ont vécu pendant des siècles.
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