« Étant né en 1989, je dois vous avouer être assez peu sensible aux tabous posés par la gauche des années 1980. Ma seule boussole, c’est la défense de la souveraineté populaire et de la justice sociale. Or, je constate que les élections européennes sont l’occasion unique de faire un choix : soit conforter Macron et sa politique de casse sociale qui prépare l’avènement d’une Europe fédérale ; soit voter utile pour la seule liste capable de le battre au soir du 26 mai. Ainsi, mon choix est fait : je voterai pour la liste menée par Jordan Bardella et Marine Le Pen. Je suis d’autant plus à l’aise qu’ayant rencontré la présidente du Rassemblement national, je suis assez en phase avec sa fibre sociale et son attachement au caractère indivisible de la nation française. » (extrait de l’entretien donné par Kotarac à la revue Éléments)
Andréa Kotarac est un jeune conseiller régional LFi de 30 ans. Il a annoncé qu’il voterait pour le RN le 26 mai, déclenchant en cela la colère de Jean-Luc Mélenchon, qui le citait en exemple de la « diversité des tendances dans son mouvement », comme l’écrit Marianne.
Pour solde de tout compte : Kotarac est le nom d'une boule puante de fin de campagne. Un coup monté. Le soutien d'un tel traître à ses amis déshonore ceux qui compteraient en profiter. Qu'il respecte au moins les électeurs. Élu contre le FN, il doit démissionner de son mandat.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 15 mai 2019
Ce transfert politique inattendu n’est pas pour déplaire à Ruth Elkrief de BFM TV. On l’a connue plus mordante. Mais cela n’étonnera que ceux qui ignorent que le CRIF déteste encore plus Mélenchon que Marine : le premier est assimilé à l’islamo-gauchisme, la seconde au national-sionisme.
"J'appelle à voter pour la seule liste souverainiste qui met en avant l’indépendance de la France et qui est la mieux à même de faire barrage à #Macron : la liste de @J_Bardella. #19hRuthElkrief pic.twitter.com/G30hAPA81s
— Andréa Kotarac (@AndreaKotarac) 14 mai 2019
Kotarac est-il un signe annonciateur d’une passerelle entre les deux populismes, celui de droite et celui de gauche, et d’une italiénisation du paysage politique français ? Ne nous emballons pas. Pour l’instant, Kotarac est le seul à avoir franchi le Rubicon (même si la tendance Kuzmanovic a été écartée de LFi), et le cordon sanitaire anti-FN ou anti-RN établi par le CRIF fonctionne toujours. De plus, le lobby sioniste peut compter sur de sérieux partisans au cœur de la nébuleuse mélenchonniste, prompts à hurler avec les maîtres à la moindre occasion « antisémite » ou « antisioniste ». On pense à Alexis Corbière et Éric Coquerel, les gardiens de la tendance gauchiste.
On remarquera une chose, c’est que Mélenchon ménage ou essaye de ménager dans son mouvement la chèvre et le chou, la chèvre gauchiste et le chou souverainiste, et parfois, cela crée des heurts en interne. Mélenchon n’a toujours pas franchi la ligne jaune qui lui permettrait de chiper les souverainistes de gauche ou les électeurs passés du PCF au FN, soit le vote ouvrier « trumpiste » (l’ouvrier avant l’immigré, le retour des usines sur le sol national), et c’est ce qui explique la stagnation de son influence politique autour des 10%. Inversement, le FN devenu RN a appuyé sur la fibre sociale, notamment depuis le passage de Soral chez Le Pen (père), ce qui lui a valu une montée en flèche. Le populisme de droite pèse désormais deux fois plus lourd que le populisme de gauche.
On le voit, tout l’édifice politique français ne tient que sur la crainte du CRIF. Si cette crainte disparaît, tout se recomposera à la vitesse du réel. Le cordon sanitaire du CRIF, qui fausse la traduction politique de la France et qui met ses élites en porte-à-faux avec son peuple, ne tiendra pas longtemps. L’antagonisme créé est trop puissant pour ne pas déchirer le cordon un jour.
Invité chez Ruth, qui boit du petit lait, Kotarac reproche au parti de Mélenchon d’être soumis au phénomène de communautarisation, ce qui va théoriquement contre les principes de La France insoumise :
« Et puis j’ai vu, petit à petit, à la fois dans la société, une forme de balkanisation, de communautarisation de la société, de division du peuple français, et j’ai constaté en parallèle aussi, au sein de La France insoumise, et de la gauche en général, des concepts communautaristes, diviseurs qui arrivaient petit à petit et qui s’installaient, ça pouvait être les réunions non mixtes, réservées aux femmes, les manifestations non mixtes. J’ai remarqué chez des syndicats de gauche, comme l’UNEF par exemple, qui expliquaient suite à l’émotion nationale après l’incendie de Notre-Dame que c’était un délire de Blancs, ça m’a paru quand même assez affligeant de voir le concept des races remis sur la table par la gauche... Et puis on se fatigue dans les réunions pour savoir si l’écriture inclusive c’est bien ou pas... »