« Notre pays a des problèmes évidents, principalement concentrés sur le chômage, celui des jeunes particulièrement. Et on peut notamment expliquer cela par des dépenses publiques trop importantes par rapport à notre PIB »
Incorrigible, l’ancien patron de la BCE (Banque centrale européenne) recommande aux Français de faire plus d’efforts sur les « dépenses publiques », dont le montant trop important serait une des causes du chômage de masse. Traduction : moins de social, moins de solidarité, moins de santé, pour plus de profits. Et pas forcément plus d’emplois, on l’a vu. C’est bien un banquier qui parle, pas un citoyen de base.
« Il faut réduire les dépenses publiques en fonction du PIB. Ce qu’on appelle l’austérité pour moi c’est la bonne gestion. Les Allemands ont pratiqué une bonne gestion sur une durée longue depuis la création de l’euro. Ils ont eu des tas de problèmes liés à la réunification, aujourd’hui ils ont le plein-emploi. Et parce qu’ils l’ont, les gens sont dans une situation qu’ils ne considèrent pas mauvaise. »
Las, le journal Les Échos indique qu’« un salarié allemand sur quatre a un bas salaire, contre un sur dix en France » [1]. Le miracle allemand a donc un coût caché, celui de la paupérisation des bénéficiaires du « plein-emploi », selon l’expression de Trichet, complètement hors-sol.
Ce positionnement n’a rien d’étonnant. Trichet est un pur produit de la nomenklatura française : Mines, Sciences Po, ENA, une tête faite pour l’élite et par l’élite mais pas pour les gens. Ce membre du Siècle a été le dircab de Balladur – l’homme de la découpe des groupes publics au bénéfice de ses amis du « noyau dur » du capitalisme français –, directeur du Trésor puis de la Banque de France, blanchi dans l’affaire du Crédit Lyonnais (devenue LCL), la banque publique qui creusera un déficit de la taille d’un trou noir (15 milliards d’euros !) que les Français combleront avec de l’argent bien réel. Et c’est ce même Trichet qui vient nous donner des leçons de « bonne gestion ».
« Encore une fois, l’euro est un succès... Donc ne cherchons pas des boucs émissaires, réformons en France ! »
Sa solution est de « donner plus de pouvoir au Parlement européen », « renforcer le gouvernement de la zone euro » et « créer un ministre des Finances de la zone euro ». Transférer encore plus de souveraineté de la France à l’oligarchie européenne.
On a vu le résultat : chômage européen massif (16 millions de sans emploi dans la zone euro), frontières ouvertes aux migrants et au dollar, paupérisation et insécurité grandissantes. À l’opposé, les profits des vrais bénéficiaires de l’euro, à savoir les grands groupes économiques, n’ont jamais été aussi élevés. Pour le premier semestre 2016, alors qu’on nous bassine avec la croissance à 1% et quelques, 38 entreprises du CAC40 ont dégagé 42 milliards de profits, soit une hausse de 11% par rapport au semestre précédent.
Trichet ne travaille donc pas pour les classes moyennes, mais bien pour l’hyperclasse.