D’après des documents fuités par plusieurs médias, l’actuel président de la Commission européenne aurait posé son veto à des initiatives de l’UE anti-évasion fiscale, alors qu’il était chef du gouvernement du Luxembourg, dans les années 1990 et 2000.
Jean-Claude Juncker, garant de l’évasion fiscale ? C’est ce que laissent penser les documents confidentiels du comité « Code de conduite (fiscalités des entreprises) » du Conseil de l’Union européenne, révélés au Guardian britannique par le groupe radiophonique public allemand NDR. D’après ces documents, l’actuel président de la Commission européenne aurait déployé toute son énergie à bloquer de mesures anti-évasion fiscale proposées par des États membres de l’UE, lorsqu’il était... Premier ministre du Luxembourg !
De 1995 à 2013, le chef du gouvernement luxembourgeois Juncker aurait notamment posé son veto, au nom de son pays, à une proposition visant à accroître le partage d’informations entre les États au sujet des accords confidentiels avec les multinationales, ou encore à une enquête sur les stratégies d’évitement fiscal des grands groupes. Des projets anti-évasion fiscale, note le Guardian, que le Luxembourg et les Pays-Bas étaient souvent seuls à rejeter. Or, les décisions du comité « Code de conduite », qui réunit des représentants des États en amont du Conseil de l’UE, ne peuvent être prises qu’à l’unanimité...
« Nous n’avons pas connaissance des conversations que vous affirmez posséder, nous ne savons pas si elles sont authentiques, et par conséquent nous ne sommes pas en mesure de les commenter », a réagi à ces fuites un porte-parole du ministre des Finances du Luxembourg, cité par le journal britannique. Le haut responsable du Grand-Duché a néanmoins tenu à ajouter : « Au cours des années précédentes, le Luxembourg a été à l’avant-garde de la tendance globale en faveur d’une plus grande transparence en matière de taxes et du combat contre la concurrence fiscale nuisible ».
C’est loin d’être la première fois que Jean-Claude Juncker est accusé de compromettre la lutte contre l’évasion fiscale en Europe – voire d’encourager cette dernière. En novembre, par exemple, le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz avait déploré que l’UE avait à sa tête un « architecte [...] d’un programme d’évasion fiscale qui a nui [...] à d’autres pays ».