Qui a dit que le droit suivait le fait ? Cette vision sociologique du droit est une nouvelle fois controuvée en Italie où les statistiques des divorces pour 2015 font état d’une dramatique augmentation par rapport à l’année précédente : il y en a eu 57 % de plus.
Si le nombre des divorces explose, c’est d’abord par l’effet mécanique d’une nouvelle loi facilitant le divorce, le délai de séparation obligatoire pour obtenir un divorce en bonne et due forme ayant été ramené de trois ans à un an, voire six mois lorsque les conjoints sont d’accord. Il y aurait donc eu un effet de cumulation des procédures de la part de couples séparés depuis un, deux ou près de trois ans. Mais cela veut tout de même dire qu’ils sont très nombreux à avoir voulu officialiser rapidement leur rupture, sans retour.
Une deuxième loi, entrée en vigueur en 2014, instaure en Italie le régime du divorce ou de la séparation dans le cadre d’un accord extra-judiciaire, éventuellement avec l’assistance d’un avocat : l’enregistrement se fait tout simplement devant l’officier d’état civil.
Les divorces explosent en Italie : + 57 %
Au-delà des chiffres et des dispositions judiciaires, le message de ces nouvelles lois est clair : il s’agit d’une sorte de normalisation du divorce, plus facile, moins contraignant, moins exigeant, ce qui pèse forcément de manière négative sur la volonté d’un couple fragile d’essayer d’aller quand même de l’avant ensemble en surmontant une épreuve passagère.
Les Italiens y voient d’abord un alignement sur les autres pays européens. Le délai imposé avant de pouvoir divorcer, observe non sans raison la presse italienne, a sans doute été influencé par le fait que l’Italie demeure un pays chrétien où le divorce était plutôt mal vu. Les voilà en compagnie des plus laïcistes, au service de la rupture et de la destruction des familles.