Le président Sergio Mattarella s’était prononcé en faveur d’un gouvernement « neutre » chargé de gérer le pays jusqu’à de nouvelles élections en 2019.
Silvio Berlusconi a ouvert la voie mercredi 9 mai au soir à la formation du premier gouvernement antisystème en Italie, et en Europe, en donnant son feu vert à un accord en ce sens entre son alliée la Ligue (extrême droite) et le Mouvement 5 étoiles (M5S).
Les deux formations, qui disposent de la majorité au parlement depuis les élections législatives du 4 mars, doivent cependant encore s’entendre sur un chef de gouvernement et un programme commun. « Nous allons nous asseoir à table et nous allons commencer à parler des thèmes pour le pays. Ensuite nous parlerons des noms », a assuré Luigi Di Maio, chef de file du M5S, à la presse. « Il reste à travailler sur le programme, sur les échéances, sur l’équipe et les choses à faire », a ajouté Matteo Salvini, patron de la Ligue, dans un communiqué. « Soit on conclut, soit on retourne voter ».
Depuis deux mois, le vieux milliardaire qui a dirigé la droite italienne pendant 25 ans apparaissait comme le principal obstacle à ce dialogue : pour M. Di Maio, il était le symbole de tous les maux de l’Italie et donc infréquentable, tandis que pour M. Salvini, il restait au contraire un allié précieux qu’il a toujours refusé de lâcher. « Moi je fais un pas en arrière, Salvini fait un pas en arrière, il y a encore quelqu’un qui doit faire un pas en arrière », avait insisté M. Di Maio, alors que lui comme M. Salvini ont tous deux renoncé à diriger eux-mêmes le gouvernement.
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Les divergences semblent importantes entre la Ligue, formation nationaliste proche du Front national français, qui a fait le plein des voix au Nord sur la promesse de baisses drastiques d’impôts, et le M5S, plus ambivalent sur l’Union européenne et plébiscité par le Sud pour avoir promis un revenu de citoyenneté.
Mais outre l’ambition de leurs jeunes dirigeants, les deux partis ont en commun un rejet des forces politiques traditionnelles et des promesses voisines en matière de retraites, de lutte contre l’immigration ou de moralisation de la vie politique.