Alors que la nouvelle génération de journalistes issus des meilleures écoles avait été choisie pour sa docilité, sa neutralité bienveillante à l’égard du Système, voici qu’une jacquerie éclate à Marianne. C’est Le Monde, toujours friand de petits coups de canif assénés à la concurrence, qui a ouvert le feu.
Pour les absents lors de l’article précédent (en renvoi) sur sa nomination, Ève Szeftel a été choisie par l’oligarque désastreux Denis Olivennes, en charge des médias du groupe du milliardaire Kretensky (rien à voir avec chrétien en tchèque) pour réorienter le journal vers plus de macrono-compatibilité. Sous Polony, les couvs anti-Macron, qui marchaient pourtant bien, étaient jugées embêtantes par l’actionnaire principal.
Depuis janvier 2025, Marianne ne fait plus dans le souverainisme franchouillard de gauche, mais dans le souverainisme israéliste. On exagère à peine : la rédaction, qui a voté (à 70 %) une motion de défiance contre la patronne de la rédaction, juge qu’Ève a affaibli l’indépendance du titre. Mais le pire est à venir, c’est Le Monde qui l’écrit.
Mais ce sont surtout des « manquements graves et répétés à l’éthique journalistique », notamment liés à la couverture du conflit israélo-palestinien et de la destruction de Gaza, qui sont mis en avant dans la motion de défiance. Un voyage de presse en Israël, organisé par le ministère des Affaires étrangères israélien en juillet, a mis le feu aux poudres, selon des témoignages internes. Après que plusieurs journalistes de Marianne ont refusé la proposition, Mme Szeftel a finalement choisi de s’y rendre elle-même, avant d’en rendre compte dans les colonnes de l’hebdomadaire. Sans qu’aucune mention du voyage de presse ne figure dans l’article.
Quelle surprise, quand on sait que la Szeftel vient du Libé de Dov Mossad Alfon, et qu’elle n’a pas le niveau du poste. C’est la rédac qui le dit, pas nous. Ce qui a déclenché la révolte, c’est l’édito d’Ève dans le numéro du 18 septembre :

Premier paragraphe, et déjà une faute journalistique grave : le gouvernement Netanyahou serait tombé dans le piège du Hamas le 7 octobre 2023, alors que tous les gens sérieux savent désormais, et cela a été corroboré par des soldats et des officiers israéliens, que l’opération, prévue de longue date, a été suivie de près par les services israéliens. Le relâchement de la surveillance de la frontière le 7 octobre au matin a fait le reste. Quand on dirige un canard, on n’a pas le droit de se tromper de la sorte, et de tromper son lectorat. Ou alors on est malhonnête. On en revient toujours au même choix : médiocrité ou malhonnêteté.
Visiblement, selon sa propre rédac, Szeftel est une cumularde. La suite de l’édito est une revue de presse des boycotts politico-culturels endurés par les juifs en Europe. Pourtant, personne n’est mort, mais ça prend toute la place. On a bien là un nouvel exemple de déplacement-remplacement : la souffrance palestinienne est traitée sur une ligne avec « la fuite en avant meurtrière du gouvernement Netanyahou », la souffrance juive occupe le reste. L’occupation, tout un symbole.
Ah, on oubliait : le management brutal. En mode Netanyahou ?
La motion alerte aussi sur un management décrit comme « brutal » et « s’autorisant pressions et chantage, y compris en réaction à des critiques formulées en privé ». Selon des témoignages de salariés qui ont requis l’anonymat, la directrice de la rédaction a demandé à plusieurs journalistes ayant émis des objections sur ses choix éditoriaux lors d’assemblées générales de quitter l’hebdomadaire en faisant jouer leur clause. Voire en les menaçant de licenciement. Inversement, « elle promet des titularisations, reconduit des contrats et accorde des augmentations en demandant une servilité totale », raconte un salarié, parlant de « méthodes rappelant le groupe Bolloré, mais en version centriste autoritaire ». « Ce climat d’intimidations a rendu impossible tout dialogue serein », estime M. Grob.
La réponse de la dame est pleine de grâce :
« Comme mes prédécesseurs, j’ai donc ma motion de défiance. Et comme mes prédécesseurs, bénéficiant de la confiance de la direction de CMI, je vais poursuivre la tâche qui m’est assignée. »
C’est comme la France d’aujourd’hui : des dirigeants honnis, pour ne pas dire vomis, mais qui poursuivent tranquillement leur tâche, la destruction du pays. Les ventes de Marianne, elles, baissent. Le sionisme, ça ne rapporte pas tant que ça.