Un quart des 200 000 rescapés de la Shoah répertoriés vivent en Israël sous le seuil de pauvreté. Selon Le Point, l’État capte les deux tiers des sommes destinées à ces personnes.
Cela n’empêche pas les autorités de célébrer chaque 27 janvier la journée dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste... La mémoire est une chose, l’argent en est une autre.
Ynet apprend qu’au cours de ces deux dernières années, Israël a retenu les indemnités versées par le gouvernement allemand en faveur des survivants de l’Holocauste, allocations mensuelles que l’Etat aurait dû verser aux victimes, économisant ainsi l’argent du Trésor public.
En 1992, un accord entre Israël et le gouvernement allemand a vu la création d’un comité dont le but était d’indemniser les survivants de l’Holocauste des camps et des ghettos, ou ceux qui ont été forcés de vivre dans la clandestinité en territoire occupé. Ces bénéficiaires n’ont pas reçu leurs indemnités prévues par la loi fédérale allemande sur les compensations.
En 2019, la Conférence sur les revendications matérielles juives contre l’Allemagne, connue sous le nom de Conférence sur les revendications, a annoncé que l’allocation mensuelle des survivants, qui s’élevait à l’époque à 352 euros, serait progressivement augmentée au cours des deux prochaines années. Elle devait atteindre 850 euros par mois en janvier 2021.
Le gouvernement israélien a retenu les fonds prévus pour cette augmentation versés par l’Allemagne du montant de la rente mensuelle que l’État est chargé de rétrocéder aux survivants, dans une prétendue tentative de diminuer la dette du Trésor public.
Selon les données du ministère de l’Égalité sociale, le Trésor public a économisé 20 millions de shekels en 2019 au détriment de l’augmentation de ces allocations. En 2020, l’État a économisé 16 millions de shekels et, en 2021, il devrait économiser pas moins de 23 millions de shekels.
« Nous avons droit à cet argent », a déclaré Goethe Kaufman, un survivant de la Shoah âgé de 82 ans. « J’avais deux ans lorsque je suis arrivé dans un ghetto ukrainien. J’ai perdu ma mère et la plupart de ma famille pendant la guerre. Mon mari était également un survivant de l’Holocauste et il a combattu dans toutes les guerres d’Israël. Alors pourquoi quand l’Allemagne nous indemnise en guise d’excuses pour ce que nous avons vécu, Israël nous prend cet argent ? » s’indigne Kaufman.
« Il y a beaucoup de personnes âgées qui ont besoin d’argent, surtout à cet âge. Je suis maintenant veuve et je n’ai pas de voiture. Je dois me rendre à mon HMO, je dois prendre un taxi, ça coûte de l’argent. Il y a des survivants de l’Holocauste qui ont besoin d’acheter des fauteuils roulants, qui ont besoin de quelqu’un pour les accompagner chez le médecin, quelqu’un pour les aider à la maison et ils n’ont pas les moyens de payer ces choses. Ils ont le droit de mener une vie normale. »
Le ministre de l’Égalité sociale, Meirav Cohen, a critiqué le gouvernement pour l’utilisation abusive de ces fonds.
« Le gouvernement allemand a versé ces fonds afin d’améliorer le bien-être des survivants de l’Holocauste et non pas d’amortir les dettes du Trésor public », a-t-elle déclaré.
« Chaque jour, le nombre de survivants de l’Holocauste diminue autour de nous, nous devons prendre soin de ceux qui sont encore ici et veiller à ce qu’ils aient un niveau de vie suffisant. Pour cela, l’argent économisé grâce aux paiements de l’Allemagne doit retourner aux survivants de l’Holocauste et être investi dans leur bien-être. »
Le ministère des Finances a répondu :
« Sans l’intervention du ministère des Finances, les prestations en faveur des survivants recevant une aide de l’Allemagne auraient été inférieures à celles des autres survivants de l’Holocauste. Par conséquent, le ministère s’est efforcé de combler l’écart entre les prestations allemandes et les rentes versées par le gouvernement israélien. »
Bonus : la solidarité dans la politique israélienne