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Israël mène une véritable "guerre de l’eau" en Palestine

Une attaque sur le long terme contre les infrastructures palestiniennes

Rappels :

- Israël pratique une politique systémique de destruction des ressources palestiniennes en eau et montre qu’il est prêt à contrevenir aux Conventions de Genève en se servant de l’eau comme outil de coercition et de contrôle.
- Au cours des opérations militaires, Israël a ciblé l’infrastructure de l’eau en Cisjordanie comme à Gaza, perpétuant les crises humanitaires.
- Les sept années de siège israélien sur Gaza doivent être considérées comme faisant partie de la guerre de l’eau, puisqu’en empêchant l’accès aux matériaux de réparation, de maintenance ou de développement de l’infrastructure de l’eau, Israël perpétue les dommages causés pendant les périodes d’attaque.
- La guerre de l’eau paralyse le développement en Cisjordanie et à Gaza, et provoque des pertes économiques dans l’agriculture et l’industrie, ainsi que des risques sanitaires à long terme.
- La restriction de l’accès palestinien à l’eau transforme ce qui fut la ressource gérée par la communauté en une marchandise et menace de modifier la relation entre les Palestiniens et leur terre.

 

Synthèse

Cibler l’infrastructure palestinienne de l’eau est une politique israélienne systémique et à double objectif pour empêcher l’existence de communautés palestiniennes durables. Dans cette note politique, Muna Dajani, membre de l’équipe politique d’Al-Shabaka et chercheuse en environnement, démontre qu’Israël cible les infrastructures de l’eau et montre comment la politique n’empêche pas seulement la croissance économique, mais pousse aussi les Palestiniens hors de leur terre. Elle observe la marchandisation de l’eau qui en résulte et avertit que ce processus est en train de changer les modèles traditionnels de la gestion communautaire de l’eau et qu’il pourrait modifier définitivement la configuration de la société palestinienne. Pour combattre cette guerre de l’eau, Dajani propose des actions aux acteurs locaux, nationaux et internationaux – des campagnes de sensibilisation aux bases de données – pour mettre la question à l’ordre du jour politique. Elle exhorte également les donateurs à exiger des indemnisations pour les investissements perdus.

Israël a pratiqué une politique systémique de destruction des ressources palestiniennes en eau et a maintes fois prouvé qu’il était disposé à contrevenir aux Conventions de Genève dans son exploitation de l’eau comme outil de coercition et de contrôle.

 

La guerre de l’eau d’Israël

L’une des causes de la dernière attaque d’Israël sur la Bande de Gaza est l’infrastructure de l’eau de l’enclave côtière, qui n’a pas été épargnée par les tirs délibérés des missiles israéliens. Cette attaque sur l’infrastructure de l’eau n’est ni nouvelle, ni spécifique à Gaza, mais fait plutôt partie intégrante d’une campagne israélienne soutenue pour faire obstacle au développement des communautés palestiniennes et rendre leur vie quotidienne insupportable.

Afin d’empêcher qu’Israël continue de viser délibérément l’infrastructure de l’eau, il faut que le caractère systémique des dégâts qu’il a causés aux ressources palestiniennes vitales soit reconnu ; il doit être documenté et dénoncé, à tous les niveaux de la société palestinienne, par des campagnes de sensibilisation et des initiatives de la société civile. Les partenaires internationaux comme la Ligue des États arabes, l’Union européenne et les Nations unies doivent également faire pression sur Israël pour qu’il cesse et s’abstienne.

La politique qui consiste à refuser que les communautés palestiniennes aient accès à l’eau peut être considérée comme un outil de guerre utilisé continuellement par l’occupation israélienne et les autorités d’occupation, et qui, finalement, porte atteinte à la résistance palestinienne. Les répercussions de cette politique sont vastes. Parmi elles la dégradation de l’environnement à long terme, des dangers pour la santé publique à court et à long terme, et la privation d’eau potable pour une partie importante de la société civile.

Viser l’infrastructure de l’eau est interdit en vertu du Protocole 1 – Article 54 de la Convention de Genève (1977) qui stipule :

« 2. Il est interdit d’attaquer, de détruire, d’enlever ou de mettre hors d’usage des biens indispensables à la survie de la population civile, tels que des denrées alimentaires et les zones agricoles qui les produisent, les récoltes, le bétail, les installations et réserves d’eau potable et les ouvrages d’irrigation, en vue d’en priver, à raison de leur valeur de subsistance, la population civile ou la Partie adverse, quel que soit le motif dont on s’inspire, que ce soit pour affamer des personnes civiles, provoquer leur déplacement ou pour toute autre raison. »

L’offensive soutenue d’Israël contre les infrastructures de l’eau palestinienne a été menée sur deux fronts : les dégâts directs et considérables causés délibérément au cours des opérations militaires à grande échelle, et les dommages à long terme en empêchant les réparations, l’entretien ou le développement des infrastructures de l’eau. Bien que rarement sur l’agenda politique, cibler les infrastructures de l’eau est une tactique identifiée et documentée de l’armée israélienne ; que ce soit sous la forme de bombes sur l’usine d’épuration des eaux résiduaires à Gaza ou sur les citernes de l’époque romaine qui fournissent toujours de l’eau dans un village reculé en Cisjordanie, les méthodes sont intentionnelles. Le rapport Goldstone des Nations unies, qui avait été chargé de documenter les violations des droits de l’homme au lendemain de l’attaque israélienne de 2008-2009 sur Gaza (opération « Plomb Durci »), a confirmé ce qu’il considérait comme une destruction « délibérée et systématique » de l’infrastructure de l’eau par Israël.

Les 51 jours d’assaut de l’été 2014 sur la Bande de Gaza ne font pas exception. Au cours des bombardements, des personnalités politiques israéliennes auraient appelé à la coupure de l’approvisionnement en eau à Gaza, ainsi que l’électricité. Cela fait partie d’une rhétorique de guerre qui voit les infrastructures de l’eau et de l’électricité comme une arme politique de coercition.

 

Cibler les infrastructures de l’eau pendant les opérations militaires

Au cours de la décennie passée, lors de chaque attaque israélienne sur Gaza, les bombardements ont visé l’infrastructure de l’eau, des principales centrales électriques aux usines d’épuration des eaux résiduaires et aux réseaux d’eau. Les actions militaires ont ravagé les canalisations d’eau, les égouts et autres systèmes de gestion des eaux usées. Les rapports consécutifs à l’ « opération Plomb Durci » ont montré que les dégâts ont privé d’accès à l’eau un tiers de la population de Gaza. Les dommages environnementaux ont été estimés à 44 millions de dollars.

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Sionisme = guerre aux Palestiniens, lire chez Kontre Kulture :

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