Le 18 juillet 2019, on a commémoré là-bas le vingt-cinquième anniversaire de l’attentat contre le centre communautaire juif AMIA, qui avait fait 85 morts et des centaines de blessés. Les associations de familles juives qui réclament enquêtes, exercice de la justice, et condamnations, depuis 25 ans, ne croient plus aux explications que depuis le premier jour leur ont fourni les Israéliens : en effet, avant même que l’attentat ait eu lieu, il avait était décidé à Tel-Aviv que l’Iran, ou à défaut la Syrie, porterait le chapeau. C’était de notoriété publique, car, deux ans plus tôt, en 1992, un attentat avait eu lieu à l’ambassade d’Israël à Buenos Aires, et aussitôt, il avait été imputé aux suspects d’office : l’Iran et/ou la Syrie. C’est Israël qui a implanté dans le subconscient collectif qu’on avait affaire à une répétition, à une intensification de la menace. Comme disaient les Romains : « bis repetita non placent » ; comme disent les Français : « jamais deux sans trois ». Depuis 1994, la propagande israélienne rappelle régulièrement aux Argentins que s’ils continuent à refuser de considérer que les terroristes, ce sont les Iraniens, un troisième attentat les guette. Ces jours-ci, la presse a relancé le slogan.
On est dans la perspective de réalisation du Plan Yinon, de 1982 : affaiblir par tous les moyens tous les voisins d’Israël, et surtout l’Iran, le pays conséquent avec les principes antisionistes de la révolution khomeiniste de 1979. L’idée était de faire inculper le gouvernement iranien pour terrorisme international, ce qui justifierait une agression militaire, de la part des US et de ses alliés. Le temps a passé, mais le complot israélien n’a toujours pas fonctionné ! Enfin, Mike Pompeo est parvenu à faire signer au président argentin Macri un engagement, celui de mettre le Hezbollah sur une liste d’organisations terroristes, liste encore inexistante à ce jour, car l’Argentine s’en remet pour l’instant à la liste établie par l’ONU, une liste d’organisations terroristes qui n’inclut pas le Hezbollah. Apparemment il est plus facile de faire plier l’Argentine que l’ONU. Le décret du président Macri s’appelle, curieusement, « REPET »...
Mais dans les initiatives de Mike Pompeo, justement, tout n’est qu’apparences. Il a sorti de son chapeau l’offre de 7 millions de dollars pour toute personne pouvant apporter des renseignements sur Salman Raouf Salman, cadre du Hezbollah libanais. Cerveau du Hezbollah, celui-ci coordonnerait la circulation de fonds issus du narcotrafic ; il aurait un passeport colombien au nom de Salman el Reda ; une épouse argentine, Silvina Sain, d’ascendance libanaise ; sa belle soeur Karina (épouse de son frère, et soeur de Silvina) était, nous dit-on, la secrétaire de Mohsen Rabbani, le conseiller culturel à l’ambassade d’Iran en 1994 ; il vivait à l’époque à Foz de Iguazú, tandis que la famille de sa femme résidait à Buenos Aires [1]. La décision de Mike Pompeo est une tentative de riposte au tout récent démantèlement, par l’Iran et la Chine, d’un réseau d’espionnage US, qui a donné lieu à plusieurs condamnations à mort [2].
L’Argentine se trouve donc une fois de plus instrumentalisée au profit d’Israël, la presse israélienne étant unanimement enchantée des menées de Mike Pompeo.
Pour le public français, il y a un autre aspect de l’affaire qui est intéressant : c’est qu’au bout de 25 ans, pas le moindre élément de preuve d’une implication iranienne dans l’attentat de 1994 n’est apparu [3]. Mais la presse locale a toujours, docilement, asséné : c’est l’Iran qui a fait le coup. Et ceci malgré les efforts de journalistes courageux pour rétablir la vérité : Jorge Lanata, Juan José Salinas, Horacio Verbitzky, Raúl Kollman, le cinéaste (décédé) Carlo di Napoli, auteur du documentaire AMIA 943, et plusieurs autres. Après leurs efforts méritoires et parfaitement concluants, presque tous ont été « arraisonnés », comme disent les marins : ramenés à des propos ou à des silences moins dérangeants. Mais sur internet, les voix vigoureuses n’en résonnent que mieux. Nous laisserons les lecteurs les découvrir avant les censeurs... Il n’en reste pas moins que nous avons affaire à un cas de négationnisme d’État outrancier, ubuesque, contraignant, tel un ordre d’aveuglement volontaire, une interdiction de voir, de faire voir, et de reconnaître les faits établis. Les Argentins sont d’ailleurs soumis à un authentique « tord-nez » comme le pratiquent les maréchaux-ferrants et autres dompteurs d’animaux sauvages, sur d’autres sujets qui appartiennent à leur histoire nationale : ainsi ils sont tenus d’affirmer que les gouvernements militaires des années 1970 ont commis 30 000 assassinats, alors que les listes établies pour les indemnisations n’en reconnaissent que 6500, et qu’il y a une loi pour valider ce chiffre, loi destinée à favoriser la réconciliation nationale. Une hyper loi Gayssot locale, non validée au niveau fédéral, à usage interne, et d’origine supranationale oblige actuellement les gens de gauche essayant d’être honnêtes, objectifs, et artisans de la pacification de leur société, après la véritable guerre civile qui coupait le pays il y a cinquante ans, à déclarer leur foi dans le chiffre magique de 30 000 disparus par meurtre collectif ciblé. C’est un chiffre magique en ce qu’il sert à mettre en avant un supposé « quatrième holocauste », qui se serait abattu sur les étudiants d’extrême-gauche, souvent d’origine juive [4]. La prestidigitation consiste à insinuer « un génocide visant les juifs ». Le deuxième niveau de la propagande, éclatant de visibilité (à la différence du premier niveau, qui n’a d’ailleurs jamais eu aucun impact sur les foules), c’est : « les militaires argentins sont des monstres à abattre. » 30 000, c’est enfin et surtout un chiffre magique en ce qu’il réduit à l’impuissance les gens droits qui tentent de penser droit, par la menace d’être étiquetés « néonazis » ; et cette piraterie mentale, comme dirait Lucien Cerise, relève de techniques efficaces pour dévitaliser un peuple.
Ce genre de barrage provisoire à la conscience, comme le nouveau contre-feu à la vérité que vient d’imposer Mike Pompeo, les peuples savent les contourner, avant que la puissance de nouveaux afflux de vérité criante les emporte définitivement, avec les magiciens, qui seront noyés corps et biens. Une fois de plus, on voit ces jours-ci les abus de pouvoir israéliens, sur Mike Pompeo comme sur l’Argentine. Ci-dessous, un état des lieux depuis l’explosion de l’AMIA, vu sous l’angle du démantèlement des écrans de fumée dressés par la magie noire israélienne.
Il s’agira ici de rappeler quelques interprétations et tendances confirmées, depuis les derniers articles de fond parus en 2018.
Avec l’attentat de 1992, il s’agissait pour Israël de faire peur aux dirigeants de la communauté juive de chaque pays d’Amérique latine, réunis ce jour-là sur convocation du Shin Beth (le bâtiment saute alors qu’ils sont sortis pour déjeuner), de favoriser l’émigration en Israël, et d’éviter l’enracinement dans chaque pays d’Amérique latine des descendants des juifs ayant fui le Proche Orient et l’Europe entre 1920 et 1945, généralement connus en Amérique latine sous le nom de « Turcs » puis « Russes ». Rappelons qu’en 1993, se produisait l’assassinat d’Isaac Rabin, ce qui permit d’éviter la concrétisation des accords d’Oslo, et de faire disparaître le programme de la gauche israélienne comme alternative de gouvernement sioniste.
L’attentat de 1994 ne fut peut-être pas conçu dans un cadre politique aussi précis que celui de 1992, des règlements de compte entre banquiers et narcotrafiquants ayant été mis en œuvre. Mais on observe la présence des mêmes recettes, et des mêmes agents du Mossad, pour installer de fausses preuves sur les lieux, pour fausser les enquêtes, pour imposer la version officielle d’une camionnette piégée conduite par un Kamikaze, pour soudoyer et/ou menacer des témoins, des inculpés et des juges, pour faire interpréter l’attentat comme un acte antisémite, alors que la majorité des victimes, passants et employés modestes, n’étaient pas juives. En 1992, un témoin avait affirmé avoir vu l’explosion déclenchée à distance, par un étranger maniant une télécommande, dans l’axe du bâtiment ; le juge n’avait pas voulu retenir sa déposition... Il s’appelait Sedarri.
En 1994, l’objectif principal était d’exercer des pressions pour que l’Argentine mette fin à ses échanges commerciaux avec l’Iran dans le domaine nucléaire : le président Menem, d’origine syrienne, renâclait ; il ne céda qu’après l’assassinat de son fils, déguisé en accident aérien mystérieux, quelques mois plus tard. [5]
Signalons le rôle de la France dans la résistance à l’intoxication israélienne ; en 1996, parmi les tout premiers sites publics créés sur internet, surgissait, avec des sections en plusieurs langues, le site AAARGH, de l’Association des anciens amateurs de récits de guerre et d’holocauste. L’intellectuel argentin Norberto Ceresole, qui avait conseillé les militaires de gauche péruviens puis le jeune militaire vénézuélien Chavez, diffusa largement les contenus de l’AAARGH, et publia trois volumes d’analyses antisionistes sur le pouvoir juif en Argentine et aux USA, en pionnier de la question, mettant en circulation les premiers éléments de la piste israélienne pour expliquer les attentats argentins. [6]
Les années passèrent, sans que l’enquête sur aucun des deux attentats n’avance (d’autant moins qu’Israël ne réclama rien au gouvernement argentin pour l’attaque destructrice de son ambassade), jusqu’au grand ratage pour Israël, en 2013. À partir de là, on assiste à un emballement des initiatives israéliennes, et l’affaire prend une dimension internationale.
En 2013 la présidente Cristina Fernandez proposait un « memorandum » à l’Iran, afin de relancer l’enquête en cours sur les commanditaires et les exécutants de l’attentat contre l’AMIA en permettant aux Argentins de solliciter la coopération des autorités iraniennes. Cette démarche avait été encouragée par le président Obama, qui se battait pour un accord sur le nucléaire des pays de l’OTAN avec l’Iran. Même la Grande Bretagne avait fait un geste inattendu dans l’enquête sur l’attentat de l’AMIA, puisqu’elle avait refusé en 2005 d’extrader l’ambassadeur iranien Soleimanpour, que lui avait livré Richard Noble, chef d’Interpol, estimant que le dossier justifiant des poursuites était vide. Les Iraniens étaient tellement sûrs qu’aucun tribunal n’aurait d’argument pour inculper l’un de leurs fonctionnaires qu’ils se permettaient, selon les coutumes de leur histoire diplomatique, de faire le mort, après avoir accepté de signer le memorandum sans passion particulière ; ce document stipulait simplement que des juges argentins pourraient aller interroger les suspects iraniens en Iran, chose certainement plus facile à réaliser que de contraindre le gouvernement iranien à les écrouer pour les livrer à la police argentine, comme s’ils allaient d’eux-mêmes se conformer à la propagande israélienne. En se dressant contre le « memorandum », les Israéliens entendaient continuer à empêcher la moindre enquête indépendante. Les Iraniens, en traitant par le silence les redoublements d’attaques verbales israéliennes, laissaient donc les Israéliens, cernés par leurs propres mensonges qui s’écroulaient les uns après les autres, se discréditer comme les authentiques organisateurs non seulement de l’attentat, mais de la zizanie judiciaire, médiatique et politique qu’ils avaient déclenchée.
C’est incontestablement dans un contexte d’échec pour Israël à déclencher une guerre d’agression contre l’Iran que se produisit le 18 janvier 2015 le suicide spectaculaire du procureur argentin Alberto Nisman, quelques jours après l’attentat contre Charlie Hebdo à Paris, le 7 janvier 2015. Celui-ci promenait sa fille en Europe pour les vacances de Noël, et annonça brusquement son retour en Argentine pour exposer devant le parlement les preuves de la collusion de la présidente Cristina Fernandez avec le gouvernement iranien, en échange de pots de vin et autres avantages commerciaux, disait-il. Les médias aux ordres de certains services israéliens opaques s’empressèrent de publier dans le monde entier que la présidente avait fait assassiner le procureur Nisman pour l’empêcher de révéler ses « preuves ». Mais il s’était tiré une balle à bout portant dans une minuscule salle de bain fermée à clé, tout comme son appartement, et il est toujours aussi impossible d’attribuer le tir à un tiers, après trois ans et demi d’enquête. Les Argentins furent sommés de s’indigner et d’envahir les rues avec des pancartes « Je suis Nisman » et « Contre l’antisémitisme » ; et comme l’opération « Je suis Charlie » venait d’avoir lieu avec le succès que l’on sait, il y eut de quoi faire des vidéos et des gros titres. Mais le bilan de l’opération fut quand même assez ridicule : car Nisman n’était pas un héros, mais un homme de la nuit plutôt louche, un flambeur gâté par la CIA et des prébendes du gouvernement argentin, dépourvu de scrupules, de talent ou de volonté ; il s’avéra vite qu’il n’avait absolument rien trouvé sur l’AMIA, pas plus que ses prédécesseurs : il n’avait même rien cherché du tout. La coordination troublante mais patente entre l’affaire Charlie et le soi-disant assassinat du procureur Nisman apparaît dans le fait que celui-ci avait déjà pris à l’avance son billet de retour pour l’Argentine à la date utile, juste après l’attentat de Charlie Hebdo, en mentant à ses proches, et en simulant une précipitation pour cause de « découvertes » subites dans le dossier ; c’est un détail révélé par ses proches. Ce qui est évident aux yeux des Argentins qui ont suivi les deux évènements, c’est la similitude entre les effets escomptés : d’abord la sidération et la peur, empêchant la réflexion de s’ouvrir un passage dans les médias. Puis bientôt, promulgation en France d’une loi contre « l’apologie du terrorisme », permettant des arrestations extra-judiciaires. Le président Hollande n’allait pas survivre longtemps. De l’autre côté, déferlement médiatique de soupçons et d’accusations contre la présidente argentine coupable d’avoir cherché un terrain d’entente avec l’Iran. Celle-ci aurait dû se retrouver rapidement en prison, selon le complot pro-israélien. Elle avait préventivement écarté l’agent de la CIA Stiusso qui noyautait les services de renseignement. Elle eut le réflexe de déclarer aussitôt déclassifiées toutes les archives concernant le dossier AMIA. [7]
Et là encore, le projet n’a pas abouti, bien au contraire, au bout de quatre ans. [8]
Un juif pratiquant, et jadis encensé par la presse israélienne, chopa, dans les tribulations de toutes ces années, un cancer : il s’agissait du ministre des Affaires étrangères de Cristina Fernandez, Héctor Timmerman, un homme intègre, qui avait travaillé avec conviction sous ses ordres à l’accord avec les Iraniens. Les agents israéliens voulaient lui intenter un procès, comme à la présidente, pour « haute trahison ». Il fut placé en résidence surveillée, et il est mort le 30 décembre 2018. C’était un homme d’honneur, il est mort en martyr des israéliens.
La présidente ébranlée à la suite de « l’affaire Nisman », mais nullement décontenancée, ne fut pas réélue, et ses échecs furent interprétés comme des échecs d’une gauche corrompue. Puis le chouchou des libéraux Mauricio Macri fut élu, en 2015. Il s’empressa d’annuler l’accord avec l’Iran et de se soumettre à toutes les injonctions des États-Unis, en particulier en matière militaire. Mais ses échecs en matière économique et sociale sont si graves qu’il est peu probable qu’il soit réélu aux élections qui vont avoir lieu en octobre 2019, alors que Cristina Fernandez est bien placée pour revenir, grandie, aux commandes.
Entretemps, la thèse israélienne n’a pas cessé de perdre du terrain : une analyse d’ADN sur les restes humains imputés au supposé kamikaze qui aurait fait exploser un Renault Trafic devant la porte de l’AMIA, test réalisé aux USA sur injonction de la CIA, a établi que cet ADN appartenait à quelqu’un d’autre, non identifié à ce jour. Du véhicule fantôme, que les témoins n’ont pas vu, aucun morceau significatif de carcasse n’a été retrouvé. Le numéro d’un moteur de voiture, apparu miraculeusement au milieu des ruines, ne correspondait pas au modèle incriminé, après expertise par Renault. Richard Noble, patron d’Interpol à l’époque, accusé de complaisance avec les Iraniens, a clamé et prouvé qu’Interpol avait accompli sans faillir sa mission de police internationale. Mais aucun média argentin n’a accepté de l’entendre. Les tribunaux ont poursuivi leur errance dans des voies sans issue : mais aucun de la dizaine de suspects poursuivis pour complicité dans l’attentat de 1994 n’a finalement été condamné, alors que certains avaient déjà fait de la prison.
Reste cependant poursuivi, en appel, un juge local, Juan José Galeano, qui avait transmis une somme de 400 000 dollars à un personnage qui va faire reparler de lui, pour le forcer à désigner un groupe de policiers « nazis » de Buenos Aires comme commanditaires de l’attentat. Il avait lui-même fait filmer le moment où il remettait l’argent, afin de montrer à ses patrons qu’il n’avait pas mis la somme dans sa poche. Mais la vidéo fut volée dans un coffre-fort, et montrée par d’autres...
Le récipiendaire des 400 000 dollars, Carlos Telleldín, était alors détenu, et il a effectué dix ans de prison car condamné tout d’abord pour avoir soi-disant vendu une voiture volée et maquillée au cheik iranien Mohsen Rabbani, conseiller culturel à l’ambassade d’Iran, la voiture Renault qui aurait été utilisé par un kamikaze ... inexistant. Carlos Telleldin a su mettre à profit ses années d’incarcération pour faire des études de droit. Sa condamnation a été invalidée, Rabbani n’avait jamais cherché à acheter de voiture, ni à Tellelldín ni à personne d’autre. Telleldín exerce désormais avec brio sa carrière d’avocat. Il est formel, et il le proclame en toute occasion : s’il a pu établir son innocence, c’est parce qu’il n’y a jamais eu de kamikaze ni de voiture piégée : l’explosion a eu lieu à l’intérieur du bâtiment. Et quand on lui demande qui a bien pu commanditer l’attentat, il n’hésite pas un seconde : c’est le Mossad. La preuve, étant en prison, il a reçu la visite d’un faux procureur israélien, et véritable agent secret, qui lui a offert sa libération immédiate s’il acceptait de travailler pour le Mossad. Telleldín avait refusé. C’est un journaliste judéo-argentin qui a établi l’identité de l’israélien en question, dans le journal argentin Nueva Sion... le monde est petit.
L’avocat Carlos Telleldin est désormais extrêmement populaire, parce qu’il défend les prisonniers incarcérés au mépris de la légalité. Il a créé une ONG pour les détenus innocents, un tiers des pensionnaires de l’État argentin, selon ses estimations. Et son ONG a le soutien du pape, qui est argentin, et fidèle à la mémoire du péronisme, le glorieux héritage du général Perón, président populiste et bâtisseur de l’Argentine moderne qui, contrairement à d’autres, n’a pas plongé son pays dans les désastres d’une guerre. Telleldín ne se gêne pas pour ajouter que les Iraniens, tant le peuple que son gouvernement, sont les grandes victimes de l’attentat de l’AMIA. Après 27 ans de harcèlement judiciaire, Carlos Telleldin fait à nouveau l’objet de poursuites judiciaires, pour des faits déjà jugés, où son innocence a été établie. Il interprète ces tracas parfaitement anti-démocratiques pour ce qu’ils sont : une simple tentative israélienne pour faire durer l’affaire, et la pression médiatique consécutive, pour continuer à faire soupçonner l’Iran de tous les penchants terroristes imaginables, même si cela ne peut pas aboutir à des condamnations. [9]
On remarquera la similitude avec nombre de procès en cours en France, où les médias prononcent des condamnations bien avant les juges [10], qui se trouvent de fait soumis à de fortes pressions ; en Argentine, on ajoute qu’ils reçoivent aussi des dessous de table très conséquents s’ils sont dociles. Dans le cas contraire, le public ne sera pas informé des verdicts opposés aux vœux des lobbystes.
Conclusion, la résistance se porte bien, même si les médias occidentaux crient victoire, parce que le gouvernement argentin aurait capitulé, et fini par « prouver » que le Hezbollah avait commis deux attentats terroristes antisémites à Buenos Aires, en 1992 et 1994. C’est du bluff et la « reconnaissance » du Hezbollah comme organisation terroriste – si elle est suivie d’effet – est indigne. Les médias français sont à l’unanimité coupables de servilité envers un gouvernement étranger, et de trahison des intérêts français, qui sont de préserver la paix sur des bases de respect mutuel ; sans parler de respect de la vérité, de la pluralité des opinions, ou de l’objectivité. La victoire médiatique israélienne de ces jours-ci va certainement nous rapprocher encore d’une guerre mondiale, mais c’est le camp du mensonge systématique qui la perdra. Et l’Iran sort à nouveau grandi, par sa force spirituelle dans les tempêtes.