Soupçonné par Israël de liens – ce qu’il nie – avec le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une organisation jugée terroriste par l’État hébreu et l’Union européenne, l’avocat avait appris fin novembre qu’il allait être expulsé en décembre vers la France.
Après des mois de sagas judiciaires, Israël a expulsé dimanche l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri, détenu sans accusation formelle dans des prisons israéliennes depuis le mois de mars.
Salah Hamouri « a été expulsé ce matin vers la France à la suite de la décision de la ministre de l’Intérieur Ayelet Shaked de lui retirer son statut de résident », a indiqué le ministère israélien de l’Intérieur dans un communiqué. La famille et la campagne de soutien de Salah Hamouri s’attendaient à une expulsion dimanche matin sur le vol entre Tel-Aviv et Paris de la compagnie aérienne israélienne El AL.
« La première étape sera de se retrouver, il y a du temps à rattraper en famille. La voix de Salah ne va pas s’éteindre avec cet exil forcé (…) En France, il sera une voix pour le peuple palestinien », a déclaré son épouse Elsa Lefort à l’AFP.
« Nous condamnons aujourd’hui la décision des autorités israéliennes, contraire au droit, d’expulser M. Salah Hamouri vers la France », a indiqué de son côté le ministère français des Affaires étrangères, dans un communiqué.
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« C’est un formidable accomplissement d’avoir pu provoquer, juste avant la fin de mon mandat, son expulsion », a commenté dimanche Ayelet Shaked.
L’expulsion de Salah Hamouri intervient peu avant la formation d’un nouveau gouvernement en Israël mené par Benjamin Netanyahu, vainqueur des législatives du 1er novembre, et ses alliés des partis ultra-orthodoxes et d’extrême droite.
L’expulsion de Salah Hamouri est un « test » pour les habitants de Jérusalem-Est, a plaidé récemment son avocate Leah Tsemel, disant craindre que le futur gouvernement israélien ne multiplie les révocations de permis de résident de Palestiniens nés dans la Ville Sainte.
« Cette expulsion est une manœuvre visant à entraver le travail de Salah Hamouri en faveur des droits humains, mais aussi l’expression de l’objectif politique à long terme des autorités israéliennes, qui est de diminuer l’importance de la population palestinienne à Jérusalem-Est », ont déclaré dimanche Amnesty International et des ONG françaises.
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Et pour rajouter à la saga, Amnesty International avait conclu, après analyse du téléphone portable de Salah Hamouri, que celui-ci avait été piraté par le logiciel espion Pegasus de la société israélienne NSO. Ce dernier dossier avait donné lieu à une plainte en justice du Franco-palestinien en France contre cette entreprise de cybersécurité dont la technologie est soupçonnée par un consortium de journalistes d’avoir servi à infiltrer le smartphone du président Macron.