NDLR – Dans une récente tribune, l’eurodéputé Aymeric Chauprade affiche son soutien à l’intervention militaires des États-Unis en Irak : « Je soutiens donc sans réserve les frappes militaires américaines contre l’État islamique et j’affirme que c’est l’intérêt et l’honneur de la France que de se joindre à ces frappes. » Une position commune avec BHL, qui s’exprime dans les colonnes du site du quotidien Le Parisien.
Le Parisien : Depuis des mois, l’État islamique (EI) se rend coupable d’actes de violence terribles. L’exécution de James Foley marque-t-elle un tournant dans l’horreur ?
Bernard-Henri Lévy : Un tournant, je ne sais pas. Car il y a tout de même eu, il y a douze ans, le cas de Daniel Pearl. Et, en Irak même, ces dernières semaines, toutes ces décapitations, crucifixions, mutilations sexuelles de yézidis et de chrétiens. Mais un sommet, oui, sûrement. La mise à mort, la mise en scène, la mise de ces images, en direct, sur Internet, tout cela soulève le cœur et marque un saut dans la cruauté mondialisée.
Le Parisien : Vous avez consacré un livre au cas de Daniel Pearl. A quoi correspond, selon vous, ce recours à la décapitation ?
Bernard-Henri Lévy : J’ai passé des mois au Pakistan à identifier les assassins de cet autre journaliste qui ressemblait à Foley comme un frère et qui s’appelait Daniel Pearl et à passer au crible leur discours. L’idée était très claire. Traiter sa victime comme une bête. L’égorger comme on égorge un animal. Le vider de son humanité en même temps qu’il se vide de son sang. Et puis, il faut imaginer la lame qui cherche, qui tâtonne, qui s’y reprend à plusieurs fois avant de trouver le point où elle pourra trancher : il y a aussi, dans tout ça, dans ce cérémonial abject, la volonté sadique que la victime vive sa mort, en face, et dans la pire des souffrances.