C’est la grande question de cette fin juillet 2017. Pendant que des milliers d’hectares de forêts partent en fumée, que des centaines de pompiers luttent 24 heures sur 24 contre les flammes, que des dizaines de milliers d’habitants sont déplacés en lieu sûr, les réseaux sociaux s’interrogent sur les origines de ces sinistres. Sont-ils d’origine accidentelle (un mégot oublié), criminelle (des départs de feux volontaires) ou tout simplement naturels (un effet de la sécheresse) ?
AU PORTUGAL ILS ONT ARRÊTÉS 64 PYROMANES EN FR ON NOUS PARLE DE MÉGOTS SÉCHERESSE ? OMERTA OU ON NOUS PREND POUR DS CONS pic.twitter.com/gwmumW2Isu
— delaguy (@gdelaguy) 26 juillet 2017
Des mégots mais trés très RADICALISES ....
Stop au mot incivilité qui vise à minimiser chaque acte violent et/ou criminel— zeferino (@zeferinos5) 26 juillet 2017
Ça, c’est la version dite complotiste, qui voit des racailles ou des partisans de Daech en France allumer des feux, comme le stipule, si l’on en croit ces écrits, le programme de Daech rapporté par le site Atlantico le 12 janvier 2017 :
Dans le genre anticomplotiste, il y a l’explication d’Europe 1, qui incrimine indirectement le loup !
« L’abandon des bergers. Dans cette zone du Haut-Var, déjà 1.000 hectares de terrain ont grillé : du chêne blanc, des pins et surtout beaucoup de broussailles, de l’herbe brûlée par le soleil et laissée à l’abandon. Et pour cause : dans le secteur, il n’y a quasiment plus de bergers et donc plus de moutons pour faire le travail naturel de ratissage. La situation est dénoncée par Gabriel Magne, le maire du village d’Artigues, 240 habitants : "Il y a des loups, de plus en plus. Et beaucoup de bergers ont abandonné leurs troupeaux. Cette herbe sèche favorise les départs de feu plus rapidement qu’avant", se désole-t-il. »
Cependant, ce jeudi 27 juillet 2017, deux mineurs ont été appréhendés à Martigues et mis en garde à vue. Ils se trouvaient « à proximité » du feu. Ils n’auraient pas été présents selon les autorités quand l’incendie s’est déclenché, mais ils auraient « attisé les flammes ». Cela suffit pour que leur geste soit qualifié de criminel car, on le rappelle, l’incendie volontaire est un crime et non un délit.
À Bormes-les-Mimosas, la situation est beaucoup plus sérieuse. Et là, selon le président de la région (PACA), l’incendie est d’origine criminelle.
Dans les rues de Bormes-les-Mimosas #AFP #incendie Anne-Christine Poujoulat pic.twitter.com/FCjuQbJ5Jl
— Agence France-Presse (@afpfr) 27 juillet 2017
L'incendie de Bormes-les-Mimosas est "criminel", selon le président de la région Paca https://t.co/yZm9dkzpUD pic.twitter.com/J0Nyq4r2ad
— franceinfo (@franceinfo) 27 juillet 2017
Ceux qui ont de la mémoire se souviennent de l’été 2016 où, pendant la grande séquence terroriste qui avait secoué la France, un nombre incroyable d’incendies s’étaient déclarés sur les hauteurs de Marseille, menaçant la grande ville du Sud.
Aujourd’hui, de la même façon que l’an passé et que les années précédentes, depuis l’avènement du libéralisme en France, c’est-à-dire de la constriction des services publics, les moyens de lutte contre le feu, en hommes et en matériels, n’ont pas augmenté, bien au contraire. De précieux canadairs sont ainsi collés au sol, faute de pièces de rechange...
#incendies "On a des canadairs qui sont au sol, faute de pièces détachées. On n'a pas le matériel adéquat" @KarimZeribi #GGRMC pic.twitter.com/mf2dFNN8sH
— Les Grandes Gueules (@GG_RMC) 27 juillet 2017
Au-delà du débat accidentel/criminel, il y a la version « naturelle » des incendies. Elle recoupe la théorie du réchauffement climatique, et certains spécialistes nous promettent des lendemains encore plus brûlants, propos rapportés par le site franceinfo :
Hervé Le Bouler, responsable des questions forestières à l’association France Nature Environnement, a estimé jeudi 27 juillet sur franceinfo que les incendies qui ravagent le sud de la France ne sont pas « paradoxalement » une « catastrophe » sur un plan environnemental mais qu’il fallait s’attendre à une aggravation des incendies « en intensité » dans les prochaines années, « du fait du réchauffement climatique ».
« Paradoxalement, on n’est pas au niveau de la catastrophe sur un plan environnemental » mais « dans une situation qui est compliquée », a-t-il expliqué. « Ce sont des situations récurrentes que l’on connaît. En 2003, il y avait 60 000 hectares qui avaient brûlé. On est en forêt méditerranéenne où les incendies de forêts font parties des fonctionnements, à défaut d’être acceptables, habituels des écosystèmes », a-t-il poursuivi.
Les habitants qui ont perdu leurs biens apprécieront.
Hervé Le Bouler conclut :
« La situation est inquiétante sur le long terme. Les scientifiques nous annoncent qu’on va dans une situation qui va devenir récurrente et qui va s’aggraver en intensité dans l’espace avec d’autres régions qui vont être concernées du fait du réchauffement climatique. D’ici 30 à 40 ans, des régions qui ont déjà connu de grands incendies en connaîtrons d’autres, comme les Landes, le Sud de la Bretagne, jusqu’au Sud de la région parisienne. »
Mais ces trois théories ne sont pas exclusives les unes des autres : il peut y avoir sécheresse (naturelle), et intention criminelle d’ordre délinquant ou terroriste. Selon Le Monde, pourtant, la tendance globale est à la baisse du nombre d’incendies, à l’exception de l’année 2003, celle de la grande sécheresse. Et ce, toujours selon le quotidien de référence, « malgré l’augmentation des températures dues au phénomène de réchauffement climatique »...
Dernière statistique : les départs de feux sont « humains » à 92%, et dans ces 92%, 30% sont d’origine criminelle.
Racaille ou terroriste, pyromane ou abruti, un incendiaire risque la prison à vie, en fonction des dommages causés.