« Émigré, émigré, reste là, t’en va pas, maintenant que t’es installé, mon vieux tu es chez toi, chez moi (…) »
Ce refrain chanté par un certain Philippe Val au début des années 80 reflète toute la sournoiserie de la bien-pensance gauchiste qui, en se travestissant en porte parole de l’humanité déshéritée, contribue et légitime son exploitation. Sous couvert de générosité, cette prétendue gauche instrumentalise le malheur des uns, à défaut de favoriser le bonheur de tous, pour au final n’accroître les profits que de quelques uns.
Voici que nos charitables donneurs de leçons professent depuis plus de 30 ans qu’il est tout à fait naturel pour un africain ou un asiatique, de quitter sa terre, sa famille et sa culture, pour émigrer en France et y travailler. Comme si pour ces hommes et ces femmes remplir nos clapiers périphériques était une destinée de choix, voire un progrès à leur condition. Combien d’entre nous pensent ainsi que nous offrons à ces « mal nés » une chance unique de vivre dans un monde plus civilisé ?
Aussi, nos médias ne cessent de nous servir la soupe d’un monde fractionné (« tiers-monde », « monde sous-développé »…) reclus entre guerres, famines, et autres misères sanitaires, prenant bien soin de ne jamais révéler comment notre Occident entretient le chaos dans ces régions-là. Il légitime ainsi son droit d’ingérence, lui-même dissimulant un pillage commencé il y a des siècles et devenu vital pour maintenir un certain épanouissement économique.
Les fortunes d’une civilisation se font nécessairement au détriment d’une autre…
Comment ne pas voir désormais dans cette prétention à accueillir sans compter, un des symptômes de cette arrogance paternaliste qui, ayant mal digéré sa culpabilité coloniale, tente de l’expier en prétendant pouvoir offrir l’hospitalité au monde entier.
Aliénés de la sorte nous regardons à travers une petite lucarne ethnocentrée un monde qui pourtant devrait s’appréhender plus globalement. Posture compréhensible en même temps, pour celui qui cherche à renforcer son statut de privilégié. Mais, qui dit d’un coté privilégié dit immanquablement de l’autre défavorisé…
Enfin, peu importe ! Nous arguons, suffisants et satisfaits, que ces tragédies seraient le fruit d’une certaine fatalité, qui voudrait que les gouvernements et les peuples concernés soient incapables de s’assurer le minimum nécessaire pour vivre décemment. Comme une sorte d’immaturité citoyenne, conjuguée à un goût prononcé pour la corruption et la paresse…
« Le devoir de civiliser les races inférieures »
Au temps de l’esclavage notre « code noir » décrétait simplement qu’un esclave était un « meuble ». On pouvait donc exploiter à bon droit ces « femmes » et ces « hommes » après les avoir achetés.
Puis, suite aux temps des comptoirs, vint celui de la colonisation… ce temps où Victor Hugo clamait fièrement devant le Parlement qu’ « Au dix-neuvième siècle, le blanc a fait du noir un homme ; au vingtième siècle, l’Europe fera de l’Afrique un monde ». Il légitimait ainsi une politique hégémonique sous couvert de vertus civilisatrices.
Mais il y a pire : rappelez-vous, lors de son intronisation François Hollande rendit un hommage symbolique à Jules Ferry, à cet homme qui revendiquait en 1885 : « les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. (…) Parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. »
Quoique ! A regarder notre civilisation actuelle, on peut se demander si en définitive ce qu’elle prétend être n’est pas pire que ce qu’elle a été : son prestige repose, en effet, sur sa capacité à offrir plus qu’ailleurs des biens de consommation destinés à asservir des citoyens s’imaginant acheter leur liberté dans l’illusion d’un confort !
Mais, paradoxalement nos modes de vies en font rêver plus d’un ! A force de propagande hollywoodienne, de revenu minimum, de sécurité sociale, d’éducation nationale, tous les migrants en viennent à idéaliser notre Occident repu, espérant d’autant plus fuir une misère provoquée par nos exactions coloniales et nos exploitations privatisées.
C’est toute la perversité de notre France terre d’accueil : elle offre un asile à ceux dont elle a extorqué les richesses pour assurer un confort aliénant à sa propre population, qui pour le préserver alimente à son tour, une économie ravageant la planète.
À la faveur de dictateurs corrompus, la Banque mondiale, le FMI, et autre trésor public français, ont surendetté l’Afrique, ne lui laissant d’autre choix que de brader ses immenses ressources naturelles pour le compte de nos multinationales, groupes pétroliers, et grandes compagnies de constructions. Cette politique d’exploitation génère des milliards de profits à ses propriétaires, tout en laissant les populations locales dans un dénuement criminel.
Pour qui tout cet or, ce pétrole, cet uranium, ce bois ou ces diamants ? Sûrement pas aux peuples des pays, où ces richesses et matières premières sont extirpées.
Certes, ici certains de nos politiques ont beau jouer les bons samaritains lors d’envolées humanistes, mais quand dénonceront-ils les volontés cupides que leurs gouvernements successifs contribuent à organiser ? Le pire, c’est que c’est bien nous, électeurs d’Occident, qui avons donné les pleins pouvoirs à ces représentants alimentant cette spirale de la paupérisation.
Alors oui, vous pourrez toujours nous reprochez de jouer le jeu du FN, de vanter un protectionnisme fasciste sous couvert d’une dialectique grossière ! Vous pourrez ainsi tenter de noyer votre servitude auréolée d’ignorance dans vos préjugés et insultes à notre égard, il n’empêche que nous avons déjà présenté dans le texte phare « Pas de démocratie sans frontières » nos modalités du vivre-ensemble.
C’est évidemment le droit du sol qui doit régir toute démocratie véritable. A partir du moment où vous vous introduisez dans un lieu – qui que vous soyez -, vous devez participez à part entière, c’est-à-dire égale, à la vie du collectif.
Nous écrivions précisément :
Pénétrer l’enceinte bornée, c’est être concerné par ce qui s’y passe. Les règles du lieu de vie, qu’il soit temporaire ou définitif, sont établies dans un intérêt commun à tous. Franchir la frontière, c’est signer le contrat démocratique, partager le pouvoir avec les autres.