Le 22 septembre 1992, la France connut une catastrophe d’ampleur nationale à Vaison-la-Romaine (Vaucluse), située sur les berges de l’Ouvèze. Cette rivière, gonflée par des orages diluviens, se transforma en torrent meurtrier. À Vaison et dans 5 communes limitrophes, la crue fit 47 morts. La Chaîne Météo revient sur l’historique et les causes de cet évènement majeur avec les explications de nos météorologues Régis Crépet et Cyrille Duchesne.
Les épisodes Cévenols : un classique des régions du sud
En automne, le sud de la France est habitué à être régulièrement touché par des épisodes d’intempéries connus sous le terme « d’épisodes cévenols » qui se produisent lorsque de fortes pluies se bloquent durablement sur les départements des Cévennes, ou « d’épisodes méditerranéens » lorsque ce type d’intempéries se produit, de la même façon, sur l’ensemble des régions du sud-est. Ces phénomènes Cévenols sont habituellement intenses mais celui de Vaison la-Romaine fut exceptionnel à plus d’un titre et les causes du tragique bilan de cet épisode historique sont à chercher dans la conjonction de plusieurs facteurs.
Vaison la Romaine : un contexte météorologique aggravant
Après un été orageux, l’automne 92 est particulièrement pluvieux en France. On compte plusieurs épisodes « méditerranéens » et cévenols en septembre, octobre et novembre. L’épisode de Vaison-la-Romaine intervient le 21 et 22 septembre : outre les Cévennes, des orages stationnaires diluviens éclatèrent de part et d’autre de la vallée du Rhône et provoquèrent une crue exceptionnelle sur une rivière provençale – l’Ouvèze – en raison de cumuls pluviométriques remarquables.
Le scénario météo initial est assez classique pour la saison. Avec l’arrivée du front froid d’une perturbation dès le 21 septembre par le Massif-Central, les vents orientés au sud-est font remonter de l’air chaud gorgé d’humidité en provenance de Méditerranée : c’est le processus habituel de la mise en place d’un « épisode méditerranéen ». Parallèlement une dépression située dans le nord du Golfe Gascogne fait descendre de l’air frais océanique sur l’ouest de la France.
Ce fort conflit thermique, renforcé par une température de l’eau encore chaude à cette période de l’année en Méditerranée (24°C) rend la masse d’air très instable (apport en chaleur et humidité), une instabilité qui se trouve décuplée par un autre facteur aggravant : le creusement d’une dépression secondaire sur le golfe du Lion.
Chronologie d’une catastrophe
Dès le 21 septembre un bulletin d’alerte météo est émis. Ce jour-là, l’arrivée du front froid provoque un épisode cévenol actif, qui concerne surtout le nord de l’Hérault et le Gard, le sud de la Lozère et de l’Ardèche. On relève 448 mm de pluie au Caylar dans l’Hérault soit l’équivalent de 2 mois et demi de précipitations (un record). Au passage des orages, de violentes rafales de vent sont enregistrées à Nîmes-Garons (155 km/h).
[...]
Dès 10h, les pompiers demandent l’évacuation d’un camping situé à la confluence de l’Ouvèze et du Lauzon, en amont du pont romain. La plupart des campeurs refusent d’évacuer. Sur Vaison-la-Romaine, les orages tournent alors à la catastrophe.
Deux épisodes orageux séparés par une accalmie d’une heure environ donnent lieu à des précipitations de très fortes intensités, dépassant les 3 mm/minute (3 litres d’eau au m2/minute). Entre 11h et 12h le premier orage éclate. Il est suivi par un second orage qui éclate entre 13h et 16h, avec des pluies qui s’intensifient. L’eau envahit rapidement les rues de la ville.
À 15h une première coulée de boue de 50 cm submerge le camping municipal puis à 16h un second torrent d’eau et de boue emporte tout sur son passage, dont des caravanes. Les eaux en furie de la « crue éclair » atteignent 17 mètres de hauteur au goulet d’étranglement du pont romain, passant à 2 mètres au-dessus du tablier du pont.
Lire l’article entier sur m.lachainemeteo.com/actualite-meteo