L’empereur Napoléon Ier abdique le 22 juin 1815, mettant fin à une épopée qui a marqué durablement la France et l’Europe.
Cette abdication est la seconde de l’empereur français. Celui-ci avait en effet déjà été forcé à renoncer au pouvoir le 12 avril 1814, avant de s’exiler sur l’île d’Elbe. De retour en France le 1er mars 1815, Napoléon est définitivement vaincu à Waterloo quelques semaines plus tard, le 18 juin. L’empereur sera cette fois exilé à Sainte-Hélène, en plein Atlantique Sud, où il décédera en 1821.
Figure autant admirée que controversée de l’histoire de France, Napoléon fut à l’initiative de plusieurs piliers de notre système politique et administratif actuel. Imprégné des idéaux de la Révolution jacobine, Napoléon était animé d’une forte volonté d’unification politique et de valorisation de l’État. Le Code civil de 1804 constitue encore aujourd’hui le cœur de notre système juridique et a très peu été modifié depuis (une réforme du droit des contrats est cependant prévue pour début 2016, afin d’actualiser le code sur la base de la jurisprudence de ces deux derniers siècles). Le système administratif actuel a également été conçu en grande partie sous le règne de Napoléon : Cour des comptes, forme actuelle des universités, baccalauréat…
Napoléon a également abordé la question juive en convoquant en 1807 le Grand Sanhédrin, Cour suprême juive composée de 71 rabbins. L’Empereur leur a posé douze questions (notamment sur le mariage mixte, l’attachement à la patrie, la nomination des rabbins, la primauté de la loi sur la religion), qui avaient pour but de soumettre la communauté juive au Code civil. Shlomo Trigano écrit à ce sujet que « le Sanhédrin substituait l’Empire napoléonien au royaume de David et le peuple français au peuple d’Israël, ce qui se traduit par l’exclusion du droit hébraïque du champ public ».
Si Napoléon est avant tout un homme du XVIIIème siècle, imprégné des idéaux révolutionnaires, son parcours incarne pourtant une certaine résurgence des épopées antiques. Sa rapide ascension au pouvoir, son coup d’État du 18 Brumaire, son admiration pour César et Auguste, ses campagnes épiques jusqu’en Égypte et en Russie ou encore l’édification d’un « Temple à la gloire des armées françaises », qui deviendra finalement l’église de la Madeleine, sont autant de signes qui contrastent avec les valeurs bourgeoises de la modernité qui s’annonce.
Self-made-man précurseur de la modernité libérale pour certains, dictateur anti-droit de l’hommiste et promoteur de l’esclavage pour d’autres : les attaques contre Napoléon viennent aujourd’hui de toutes parts. Symbole de la puissance de la volonté politique et de la grandeur de la France, Napoléon fait incontestablement partie du roman national français. Figure de l’homme providentiel, son épopée peut aussi servir de référence en ces temps politiques troublés.