Il y a 18 ans, pendant près de 80 jours, du 24 mars au 10 juin 1999, l’OTAN a bombardé la Serbie, qui refusait de se plier à ses injonctions, sous prétexte de libérer le Kosovo, une création pure. En dépit des lois internationales, notamment l’article 2 de la Charte des Nations unies, la coalition occidentale, dont la France, gouvernée à l’époque par la paire Chirac-Jospin, a réalisé près de 40 000 missions aériennes sur le territoire serbe, ainsi que sur la mer Adriatique.
Le prétexte de cette mise au pas d’un allié de la Russie est le massacre de 45 Albanais du Kosovo le 15 janvier 1999. Selon les autorités serbes, il s’agissait non pas de civils mais de membres de l’Armée de Libération du Kosovo, dont on apprendra plus tard qu’elle couvrait elle aussi des massacres de civils serbes et du trafic d’organes humains.
Curieusement, les États-Unis, qui considéraient l’UCK comme une organisation terroriste, changent d’avis un an avant le conflit. Cependant, dès 1996, les services allemands entraînaient les maigres troupes albanaises du Kosovo à la sécession, suivis en cela par les agents du renseignement américain. L’explosion de la Yougoslavie, cette ceinture balkanique à la jointure de l’Europe de l’Ouest et du sud de la Russie, est bien une opération conjointe des services occidentaux. L’Allemagne reconstituant son fameux Hinterland, base arrière économique pour y projeter ses exportations et y faire travailler ouvriers et paysans locaux à moindre coût, l’Amérique affaiblissant le flanc sud de la Russie.
La déstabilisation des Balkans fait partie intégrante de la remodélisation étasunienne de l’Europe, suite à la chute du Mur de Berlin. Profitant de la sidération des dirigeants de l’ex-URSS, le sommet de l’État étant probablement lui aussi infiltré ou influencé par des agents occidentaux (Boris Eltsine), le pouvoir profond américain, symbolisé par la paire Rumsfeld-Cheney, a estimé sa liberté d’action à 10-15 ans pour refaire le monde à sa manière, d’où la concentration des conflits et des guerres de « libération » de la fameuse période 1990-2005.
Le tableau suivant des conflits de 1990 à 2004 se passe de commentaires :
Guerres et conflits des années 1990
1990-1991 : Crise et guerre du Golfe, 2de guerre du Golfe
1990 : guerre civile en Afghanistan
1991 : Slovénie, indépendance, guerre contre les troupes serbes
1991-1992 : Croatie, indépendance, guerre contre les troupes serbes
1991 : URSS, tentative de putsch
1991-2001 : Sierra Leone – guerre civile et ethnique
1992-1993 : Somalie, « Restore Hope », intervention américaine surmédiatisée
1992-1998 : Tadjikistan, guerre civile
1992-1995 : Bosnie, indépendance, guerre contre les troupes serbes
1994 : génocide au Rwanda
1994-1996 : première guerre de Tchétchénie
1994 : Mexique, révolte des paysans indiens du Chiapas (AZLN)
1995 : conflit frontalier entre l’Équateur et le Pérou
1996-2005 : Népal, guerre civile entre le pouvoir en place et la guérilla maoïste
1997-1999 : Zaïre/République démocratique du Congo, guerre civile
1998-1999 : Guinée-Bissau, guerre civile
1999 : début de la deuxième guerre de Tchétchénie
1999 : Kosovo, guerre contre les Serbes, intervention de l’OTAN
2000 : Israël/Palestine, deuxième Intifada
Guerres et conflits des années 2000 (liste non exhaustive)
2001 : 11 Septembre, attentats aux États-Unis
2001 : guerre des USA contre le « terrorisme islamiste », intervention en Afghanistan
2001 : Guerre des USA contre le « terrorisme islamiste », intervention aux Philippines
2002 : Tentative de coup d’État en Côte d’Ivoire
2002 : Indonésie, terrorisme, attentat à Bali
2002 : Coup d’État manqué au Venezuela
2002-2004 : Côté d’Ivoire, conflit interne
2003 : Soudan, début d’affrontements dans la région du Darfour
2003 : Irak, guerre « préventive » des États-Unis et de la Grande-Bretagne contre l’Irak de Saddam Hussein
2003 : Bolivie, résurgence de la guérilla
2003 : Centrafrique, putsch
2004 : Haïti, grave crise politique, présence de soldats de l’O.N.U.
2004 : Soudan-Darfour, conflit complexe opposant des mouvements de rébellion