Le lecteur qui n’a pas fait de maths, ou qui ne s’est pas éternisé dans une filière scientifique, ignore généralement ce qu’est la médaille Fields. Elle n’a rien à voir avec le vieux comique américain WC Fields, ce misanthrope qui a construit son succès sur la détestation des femmes et des gosses, ou avec Michel Field, trotskiste de son état, donc animateur et producteur, resté longtemps influent sur France Télévisions.
Pour la petite histoire, quand Michel Field sera directeur général de l’info sur France Télévisions, face au mouvement de grève qui s’opposait à la fusion des rédactions de la 2 et la 3, il sortira une Chirac : « Ça m’en touche une sans faire bouger l’autre ». Tout ça de la part d’un trots familier des mouvements lycéens, des grèves et de l’agit prop. Comme quoi le pouvoir, ça vous change un homme, ça vous le retourne, même.
Passons à WC Fields, avec un petit florilège de ce qui aujourd’hui serait violemment condamné par les forces (féministes) du Bien. Si vous n’avez pas le temps d’apprendre la langue de Shakespeare, ce n’est pas grave : les images parlent toutes seules.
Après avoir éliminé ces deux probabilités, quand même très incertaines, passons à la médaille Fields proprement dite. Voici le communiqué qui consacre notre vedette nationale :
Hugo Duminil-Copin, mathématicien français spécialisé dans les probabilités, professeur permanent à l’Institut des hautes études scientifiques (IHES) depuis 2016, s’est vu décerner la médaille Fields dans le cadre du Congrès international des mathématiciens se déroulant à Helsinki. Considérée comme la plus prestigieuse distinction mondiale dans le domaine des mathématiques, la médaille Fields couronne l’exemplarité du parcours scientifique de Hugo Duminil-Copin, également professeur ordinaire à la Section de mathématiques de la faculté des sciences de l’Université de Genève, ainsi que l’exceptionnelle contribution de ses travaux au progrès des sciences mathématiques.
La petite fausse note, c’est la présence, parmi les trois autres distingués, June Huh (Princeton University) et James Maynard (University of Oxford), de l’Ukrainienne Maryna Viazovska, de l’École polytechnique fédérale de Lausanne. On est mauvais esprit mais on a été échaudés par la victoire miracle de l’Ukraine à la dernière Eurovision de la chanson. Que voulez-vous, maintenant, on se méfie de tout. Une femme distinguée, et en plus ukrainienne... Il ne manque plus qu’un transgenre de Marioupol !
Justement, ce transgenre sera peut-être un jour Valentina Berr, qui vient de raccrocher les crampons et qui confie son drame à So Foot, le mensuel du foot gauchiste :
« Je ne raccroche pas les crampons, ils le font pour moi. » C’est avec ces mots écrits sur Instagram que la joueuse du CE Europa (promu en D2 féminine espagnole) Valentina Berr a annoncé arrêter le football le 28 juillet. Son but n’était pas de rendre hommage à Booba, la suite de son message évoquant le poids de « souffrir en silence la haine et la violence structurelle contre les femmes transsexuelles ». À 29 printemps, dont 19 ans à courir après un ballon, l’attaquante a dénoncé les insultes et les discriminations qu’elle a dû affronter. Avec l’espoir de faire un peu avancer les choses. (…)
Chez les jeunes, les garçons et les filles jouent d’abord ensemble avant la séparation des deux sexes. Comment s’est passé ce changement ?
Pour moi, ce changement signifiait être plus à l’aise. L’ambiance qui existe dans les équipes de football masculin, au-delà de l’aspect purement footballistique, n’était pas du tout agréable pour moi. La masculinité hégémonique et l’hétérosexualité obligatoire qui existent dans le football masculin mettent beaucoup d’entre nous mal à l’aise, quel que soit notre sexe ou notre statut.
Avant de retrouver Valentina dans une filière asexuée, où l’hétérosexualité n’est pas obligatoire, écoutons Hugo, qui porte haut les valeurs qu’on chérit sur E&R, celles de l’intelligence, du travail, de la création.