Au cours d’une conférence organisée le 8 décembre 2018 par la Commission islamique des droits de l’homme (CIDH), la militante politique franco-algérienne Houria Bouteldja a prononcé un discours intitulé « Combattre le philosémitisme pour combattre l’islamophobie et le sionisme ».
Boulteldja a défini le « philosémitisme » comme l’amour des juifs. Critiquant la France et la Grande-Bretagne pour leur philosémitisme, elle a affirmé que le « philosémitisme » est une sorte de racisme, qui se combine avec l’islamophobie pour maintenir le caractère blanc des États-nations. Elle a expliqué que les États-nations philosémites octroient aux juifs une position privilégiée dans la société, dans une tentative d’installer une concurrence entre juifs, musulmans et noirs.
Elle a affirmé que les musulmans n’occupent pas la même place que les juifs dans la hiérarchie raciale, et que la France permet à ses juifs de servir au sein de l’armée israélienne car ils ne sont pas considérés comme de véritables Français, et que cela sert les intérêts occidentaux.
Et de conclure :
« L’idée ici n’est pas de combattre l’islamophobie et l’antisémitisme… [Mais] de combattre l’islamophobie et le philosémitisme… [Cela nous permettra] d’être plus forts contre le racisme et… le sionisme ».
Houria Bouteldja (en anglais dans la conférence) :
« Le titre de mon intervention est “Combattre le philosémitisme pour combattre l’islamophobie et le sionisme”. Le philosémitisme est inclus dans le sionisme. L’État français est philosémite, et je suis convaincue que l’État anglais est aussi philosémite. Et je voudrais ajouter que nous ne pouvons pas comprendre l’islamophobie et le racisme d’État, si nous ne comprenons pas le philosémitisme. Ce sont deux formes de racisme d’État.
[…]
Elles visent conjointement à maintenir l’État-nation blanc, dans lequel les juifs ne sont pas inclus, mais au sein duquel ils jouent un rôle spécifique. Le philosémitisme, qui désigne officiellement l’amour des juifs, est un compromis historique entre l’antisémitisme qui était répandu dans toute l’Europe jusqu’à 1945 et les États-nations. Le philosémitisme est devenu la solution. L’État-nation, qui est une institution structurelle de l’impérialisme, est préservé, et les juifs occupent une position privilégiée parmi toutes les autres communautés racialisées (sic), tout en restant sous la communauté blanche, la seule qui soit vraiment légitime au sein de l’État-nation. […]Nous ne pouvons pas comprendre comment fonctionne le racisme si nous ne comprenons pas que le philosémitisme est une modalité du racisme, et une sorte de frère de l’islamophobie et de la négrophobie. Il est essentiel pour l’État d’organiser une sorte de concurrence entre les juifs, les musulmans et les noirs.
[…]
Nous, en tant que (Parti des) Indigènes de la République et en tant que musulmans, n’occupons pas la même place [que les juifs] dans la hiérarchie raciale. Cela rend le combat commun plus difficile. Par exemple, les juifs en France ne sont pas victimes de discrimination et ne sont pas brutalisés par la police. Un autre exemple est qu’un juif français a le droit de servir au sein de l’armée israélienne. Cela est considéré comme normal, mais un sujet post-colonial [doit] soumettre sa loyauté à l’État français. Comment est-il possible pour l’État français d’autoriser les juifs français à appartenir à une autre armée ? Je pense qu’il y a deux raisons. Ils ne sont pas considérés comme de vrais Français, et servir Israël revient à servir l’Occident. »
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L’extrait de la conférence en anglais (sous-titrage anglais) :