Avez vous déjà trébuché sur une « Stolperstein » ? Ces pavés encastrés dans la chaussée rendent hommage à la mémoire d’une personne victime du nazisme parce qu’elle était juive, rom, opposante politique ou homosexuelle. Depuis que l’artiste allemand Gunther Demnig a lancé l’initiative il y a dix ans, on en compte plus de cinquante mille en Europe. L’Allemagne a elle seule en compte dix-sept mille, mais une ville persiste à les refuser.
Munich est la seule ville d’Allemagne où vous ne trouverez pas ces « pavés du souvenir ». Dans cet ancien haut-lieu du national-socialisme, les politiques persistent à refuser leur installation. Une nouvelle demande du parti vert vient d’être rejetée par le conseil municipal.
Des pavés dans toute l’Europe...
Il y en a peu en France, mais ils sont présents sur les trottoirs de dix-huit pays européens. Des cubes de dix centimètres de côté, dépassant légèrement le niveau du sol, afin que l’on y trébuche un peu, que l’attention soit attirée sur ces pavés. Sur chacun d’entre eux est gravé le nom, la date de naissance et celle de la mort d’une victime des nazis. Gunter Demnig, l’artiste à l’origine de cette initiative, a voulu que ces pavés soient installés tout près du dernier lieu où les victimes ont vécu. Les descendants des victimes, ou les survivants, peuvent les acheter pour 120 euros.
... sauf à Munich
Encore faut-il avoir l’autorisation de les installer. Une association munichoise se bat depuis des années contre la municipalité, qui refuse leur présence dans l’espace public. Elle a lancé une pétition et a recueilli 98 500 signatures, mais rien n’y fait. Depuis 2004, la ville refuse d’installer ces pavés, au motif qu’ils ne seraient pas un symbole assez fort pour commémorer les 4 500 victimes munichoises de la période hiltérienne. Ils auraient aussi le désavantage de rappeller une phrase que les Nazis prononçaient quand ils trébuchaient : « Il faut enterrer un juif ici... »
Charlotte Knobloch, présidente de la communauté juive de Munich, s’est également prononcée contre l’installation des pavés. Ils seraient « irrespectueux » car placés au sol, et non à hauteur des yeux.
En janvier, l’artiste Gunter Demnig installait à Turin le cinquante millième pavé du souvenir :