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Des indicateurs le montraient déjà, lors du premier confinement (du 17 mars au 10 mai 2020) : les gestes suicidaires ont d’abord chuté d’environ 20 %, tous types de tentatives et tous âges confondus, à l’exception des sujets de plus de 65 ans, plus exposés que les autres tranches d’âge aux risques d’infection et de mortalité induits par le virus et susceptibles d’avoir connu une expérience douloureuse en réanimation.
Une baisse générale « pour partie justifiée par un effet de sidération », explique le professeur Jollant. « Cela nous est tombé dessus, et il y a eu une forme de souffrance collective. Il s’agissait avant tout de lutter ensemble, ce qui protège généralement du passage au suicide, précise-t-il. […] »
Mais « cela reste généralement temporaire ». Aussi, rapidement, et particulièrement à partir du mois de septembre, la tendance s’inverse : « Les appels aux centres antipoison pour tentative de suicide se multipliaient, on a donc commencé à suivre cela de près, raconte le docteur Vodovar. Les CAP recevaient entre trente et quarante appels par jour avant l’épidémie, pour ingestion volontaire de médicaments ou de produits ménagers. Aujourd’hui, ils recensent jusqu’à soixante à quatre-vingts appels par jour, particulièrement pour des adolescents et de jeunes adultes », précise-t-il.
Parmi eux, un « public fragile », touché par des « pathologies psychiatriques (dépression, troubles de l’humeur, addictions…), qui démarrent généralement à l’adolescence, et qui a pris de plein fouet l’épidémie », explique Fabrice Jollant. En temps normal, 15 à 20 % des jeunes étant en difficulté sociale et/ou psychique et 10 % des adolescents exprimant, chaque année, des idées suicidaires.
Mais aussi un « public fragilisé par la situation et ses mesures », précise-t-il. Et plus particulièrement « le poids majeur de l’isolement induit par l’épidémie ». « Certains jeunes se sont retrouvés très isolés. La fermeture de leurs établissements et le fait de se retrouver, pour certains, seuls dans des petits endroits ou en rapports étroits et parfois conflictuels avec leurs proches, sur de longues périodes, a pu être très difficile et a mis à mal leur socialisation, dans une période de leur vie où celle-ci est clé », explique-t-il.
Reste que les plus jeunes pourraient, eux aussi, faire l’objet d’une augmentation des gestes suicidaires. « Une tendance à la hausse des appels aux centres antipoison, pour les moins de douze ans, se dessine, observe le professeur Jollant. Cela reste rare, et les chiffres, pour l’heure, témoignent de fluctuations légères. Mais ils justifient une vigilance. »
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