Le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah a une deuxième fois, en l’espace de quelques jours, renvoyé mercredi le débat sur les armes controversées de son parti, estimant qu’il fallait d’abord que l’État libanais puisse se sortir de ses crises pour qu’une discussion autour de la « stratégie de défense » puisse avoir lieu.
Dans un discours retransmis en direct peu après 20h30, à l’occasion du 22e anniversaire de la libération du Liban-Sud de l’occupation israélienne, le leader chiite a également mis en garde contre « une explosion » dans les territoires palestiniens occupées et dans la région, en raison d’une marche controversée que comptent tenir dimanche des Israéliens dans la Vielle Ville de Jérusalem.
L’armée israélienne s’était retirée le 24 mai 2000 de la partie du Liban-Sud qu’elle occupait encore, mais le Liban estime qu’elle doit encore se retirer des fermes de Chebaa, situées sur les pentes occidentales du mont Hermon, pris par Israël à la Syrie en juin 1967, ainsi que des hauteurs de Kfarchouba et de la partie-nord du village de Ghajar pour que la libération soit complète.
En 2006, Israël et le Hezbollah se sont affrontés entre les mois de juillet et d’août. Ce conflit de 33 jours avait commencé par une attaque d’envergure lancée le 12 juillet 2006 par le parti chiite pour enlever des soldats israéliens. Plus de 1 200 Libanais ont été tués, principalement des civils. Les Israéliens ont eu 160 morts, en majorité des militaires. Depuis, plusieurs incidents et accès de tensions ont régulièrement lieu entre les deux pays, faisant parfois craindre un nouveau conflit ouvert.
Avant le discours de Hassan Nasrallah, le Hezbollah avait organisé des parades militaires pour commémorer la Libération, notamment à Baalbeck, dans la Békaa, selon des photos de l’AFP.
- Des miliciens du Hezbollah paradant à Baalbeck, dans la Békaa, le 25 mai 2022
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« Certains, que nous n’allons pas nommer mais que vous connaissez, nous disent : “Mais qui vous a demandé de faire de la résistance ?”. Cette question est étonnante et fait preuve d’une bassesse morale. À ceux-là, nous disons : c’est notre devoir moral et humain qui nous a demandé de résister. Certains sur la scène intérieure, ne considèrent pas Israël comme l’ennemi. Et c’est là que le débat commence », a lancé Hassan Nasrallah, en allusion aux Forces libanaises de Samir Geagea, son rival chrétien.
« Cet État se dirige vers l’effondrement »
« Certains disent qu’après l’implication du Hezbollah dans la guerre en Syrie, il n’y avait plus de consensus sur la Résistance. Mais cela est faux. Il n’y a jamais eu de consensus autour de cette Résistance. Mais malgré ces divisions, la Résistance protège le pays. Si vous voulez discuter de cette question, nous pouvons discuter. Nous ne fuyons pas le débat », a encore dit le leader chiite, en signe d’ouverture au dialogue.
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Deux Liban
Pour Hassan Nasrallah, il y aurait actuellement « deux options : un Liban fort et riche, ou un Liban faible et mendiant ».
« Le Liban peut être riche avec le pétrole, le gaz et l’industrie (…). L’autre Liban, le mendiant, est celui qui fait la manche aux portes des monarchies du Golfe. Est-ce que cela règle les problèmes du Liban. Vous voulez une stratégie de défense ? Il y a un dossier qui s’appelle le gaz offshore : cherchons le consensus national pour protéger ces ressources et pouvoir les vendre. Cette option est viable, mais elle nécessite un peu de courage », a estimé le chef du Hezbollah.
Les pourparlers entre le Liban et Israël, autour de ce dossier épineux, sont au point mort depuis plusieurs mois, alors que l’État hébreu a déjà entamé les forages de son côté et que le Liban n’a toujours pas réussi à lancer le chantier.
Grande explosion
Sur le plan régional, le chef du Hezbollah a mis en garde contre un embrasement à Jérusalem qui pourrait avoir selon lui des conséquences sur la région.
« Dans les prochains jours, des événements pourraient se produire en Palestine et provoquer une grande explosion là-bas. Les Israéliens vont effectuer la Marche des drapeaux en sillonnant des rues de la Vieille Ville de Jérusalem, et cela va provoquer des tensions », a prévenu Hassan Nasrallah. « Toute atteinte à la mosquée al-Aqsa et à celle du Dôme du Rocher provoquera une grande explosion dans toute la région, avec des conséquences insupportables. J’appelle tout le monde à se tenir prêt pour ce qui pourrait se produire autour de nous dans la région », a-t-il prévenu.
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