Suite à sa réflexion dans Tribune de Genève, le prédicateur suisse et universitaire Hani Ramadan entre en conflit avec Frédéric Haziza :
Voici l’extrait de sa tribune, intitulée « Haziza Frédéric, dégage », qui a mis le feu aux poudres du journaliste et animateur de LCP.
En ce début d’année, nous allons avoir droit à une recrudescence d’attentats ou d’alertes à des attentats, et cela tous azimuts. La presse va s’en donner à cœur joie, le but étant non seulement d’entretenir des amalgames, mais de rendre l’islam haïssable.
[...]
J’ai alors publié un autre article dans Le Temps (Vous avez dit « théorie du complot » ?), où j’avançais notamment deux idées. La première est qu’à « toute explication qui remet en cause les versions gouvernementales liées à des attentats répétés, depuis le 11-Septembre notamment, la presse et les médias opposent non pas des arguments indiscutables, mais des expressions bien pratiques : théories du complot et thèses conspirationnistes. Comme pour nous dire : tout cela n’est pas sérieux. Il ne vaut même pas la peine d’entrer en matière. » La seconde réflexion dénonçait les manipulations dont nous sommes les objets sur le plan de l’information, notamment en minimisant le terrorisme d’État pratiqué par Israël à grande échelle. A cela, j’ajoutai les questions suivantes :
« Voici l’extrait d’un article de la revue Kivounim (Orientation), publiée par l’Organisation sioniste mondiale à Jérusalem (N°14, février 1982), et énonçant les résolutions prises alors [1] :
« L’éclatement de la Syrie et de l’Irak en régions déterminées sur la base de critères ethniques ou religieux doit être, à long terme, un but prioritaire pour Israël, la première étape étant la destruction de la puissance militaire de ces États. […] Riche en pétrole, et en proie à des luttes intestines, l’Irak est dans la ligne de mire israélienne. Sa dissolution serait, pour nous, plus importante que celle de la Syrie, car c’est lui qui représente, à court terme, la plus sérieuse menace pour Israël. »
Il s’agit d’un document historique irréfutable, qui met à jour une stratégie, rien de plus. Et voici les questions : les visées décrites dans ce document, n’est-ce pas ce qui se produit sous nos yeux depuis plus de trente ans ? Pourquoi est-il si difficile d’en parler ? Pourquoi ne met-on pas en évidence l’origine de drames humains indescriptibles dont nous sommes les témoins et qui débordent jusque chez nous ? Pourquoi n’explique-t-on pas que les dictatures arabes sanguinaires et Daech sont les meilleurs alliés de l’État d’Israël, plutôt que la voie des urnes ? Pourquoi est-ce que nos agences de presse en Occident diabolisent à ce point, et rapidement, un terroriste présumé ; et se taisent, à ce point, sur un projet qui se déroule depuis des décennies, et qui est en fait une énorme monstruosité : le dépeçage de la Syrie après celui de l’Irak, avec toutes les violences engendrées par ce processus immonde, qui inquiète l’Occident, mais dont on cache la source et la réalité au plus grand nombre ? »
Or, cet article n’a reçu aucune réponse à toutes ces questions. Absolument aucune. (Quel contraste avec le déferlement occasionné par le fait de demander à ce que le temps de l’enquête soit respecté, en ce qui concerne les événements du Thalys.) Il n’a pas engendré une vague de protestations, mais tout d’un coup, un profond silence…