Les membres d’une mission de maintien de la paix de l’ONU ont eu des relations sexuelles de nature transactionnelle avec plus de 225 Haïtiennes, qui ont dit n’avoir eu d’autre choix que de collaborer pour obtenir des biens comme de la nourriture ou des médicaments, révèle un rapport dont l’Associated Press a obtenu copie.
Cet exemple démontrerait que l’ampleur de l’exploitation sexuelle est grandement sous-évaluée lors de telles missions. Les missions de maintien de la paix des Nations unies déploient environ 125 000 personnes dans certaines des régions les plus troubles de la planète.
L’ébauche du rapport compilé par le Bureau des services de contrôle interne examine comment le problème persistant de l’exploitation sexuelle est confronté pendant ces missions. Le rapport, qui devrait être rendu public au cours des prochaines semaines, prévient que des problèmes importants persistent dix ans après la publication d’un important document de l’ONU sur la question.
Le rapport révèle notamment qu’environ le tiers des victimes d’agressions présumées sont des mineurs âgés de moins de 18 ans ; que l’aide aux victimes est gravement déficiente ; que les enquêtes menées par le Bureau prennent plus d’un an ; et qu’une confusion persiste sur le terrain quant à la différence entre le sexe transactionnel et les relations entre adultes consentants. Les enquêteurs disent avoir rencontré 231 habitants d’Haïti qui ont raconté avoir eu des relations sexuelles de nature transactionnelle avec des Casques bleus.
En région rurale, dit le rapport, les femmes ont été motivées par la faim, le manque d’abris ou encore l’obtention de biens comme des produits pour bébés ou des médicaments. En ville, elles désiraient obtenir des chaussures, des téléphones cellulaires, des ordinateurs portables ou encore du parfum.
Seulement sept femmes savaient que les politiques de l’ONU interdisent de telles relations et aucune ne connaissait l’existence d’une ligne téléphonique d’urgence pour les dénoncer. Chaque exemple de sexe transactionnel représente un comportement interdit, poursuit le rapport, « ce qui témoigne d’une sous-déclaration importante ».
On ne sait pas combien de Casques bleus sont impliqués ou sur quelle période ces agressions se sont étirées. Pour toute l’année dernière, ce sont 61 allégations d’agression ou d’exploitation sexuelle qui ont été logées contre des Casques bleus, comparativement à 55 l’année précédente, selon le plus récent rapport du secrétaire-général sur la question.