Le printemps dernier, le monde radiophonique vibrait au fil des rebondissements dans l’affaire Stéphane Guillon - Philippe Val. Les deux hommes de France Inter, l’un humoriste l’autre patron - et accessoirement ex-humoriste -, s’étaient livrés pendant des mois à une guerre médiatique à laquelle s’étaient ponctuellement mêlés le président de Radio France Jean-Luc Hees ainsi que l’humoriste Didier Porte.
Parfois il était reproché à Guillon ses "critiques sur le physique", d’autres fois c’était la place même de l’humour le matin à l’antenne qui était remise en cause, nous incitant alors à ironiser sur une éventuelle reprogrammation de Stéphane Guillon le samedi à minuit. Et finalement, sans surprise, tout s’était mal fini : Guillon et Porte étaient priés de plier bagage et Val préparait sa grille de rentrée tout en répétant à qui veut l’entendre que, non, il ne fallait voir aucune pression politique derrière tout ça. Rien à voir donc avec le billet d’humeur qui a causé la colère de Dominique Strauss-Kahn, rien à voir non plus avec l’acharnement sur Eric Besson... Non, tout ce que Philippe Val reprochait en fait à Stéphane Guillon était seulement fondé "sur son comportement".
Alors, lorsque - très vite - les humoristes appelés en remplacement quittent l’antenne à leur tour, le monde radiophonique retient à nouveau son souffle. Si le départ de Raphaël Mezrahi semble lié à un manque de résultat, celui plus récent de Gérald Dahan a un air de déjà vu.
Pour l’imitateur, il n’y a aucun doute : son départ est politique. Annoncé à peine 24 heures après une chronique acide sur Michèle Alliot-Marie, Dahan n’a pas hésité à exposer cette version dans les colonnes de Libération.
Au siège de France Inter, à la lecture de ces lignes, le sang de Philippe Val n’a fait qu’un tour avant qu’il n’appelle son ex-employé. Le message qu’il aurait laissé sur le répondeur de Gérald Dahan donne un indice sur son état de colère : "T’as deux minutes pour me rappeler. Je t’encourage vivement à le faire !", rapporte Le Canard enchaîné qui aurait été aux côtés du comique lors de la discussion téléphonique qui a suivi.
Lors de celle-ci, l’ancien patron de Charlie Hebdo aurait invité Gérald Dahan à revenir sur ses déclarations, sans quoi il pourrait tirer un trait sur de futures collaborations avec France Inter. L’humoriste refuse. Changement de ton : Philippe Val tente une autre approche et promet de nouveaux liens professionnels en récompense... en vain. Le mal-être de Val aurait alors explosé : "J’en ai marre ! Même si je mettais Mélenchon à l’antenne, on continuerait à dire que je suis sarkozyste !"
Du côté de France Inter, la guerre a été déclarée. Samedi dans Le Parisien, Laurence Bloch, directrice adjointe de la radio, a dénigré ce qu’elle appelle "l’argument politique" avancé par Gérald Dahan qui n’est selon elle qu’un "cache-misère de (sa) médiocrité." Mais sans doute Stéphane Guillon était-il lui aussi "médiocre" ?