Pas facile de retrouver du travail après avoir été commissaire européen. Heureusement, l’instance européenne prend soin de ses ex-commissaires en leur attribuant de belles indemnités. Un petit pécule, qui leur est même versé après avoir trouver un point de chute, dévoile Le Nouveau Bastille République Nations. Se définissant comme « un progressiste radicalement euro-critique », ce nouveau blogueur associé nous fournira désormais son point de vue sur l’actualité européenne.
Charlie McCreevy, l’ancien commissaire européen chargé du marché intérieur, a bien des soucis. L’année dernière, au terme de son mandat, il s’était trouvé une modeste place à la direction d’une banque privée d’investissement, NBNK Investments. Salaire : 61 000 euros au départ, puis 122 000 dès la première affaire. Las, Charlie a dû démissionner. Ses anciens amis bruxellois lui ont fait comprendre que l’utilisation de son carnet d’adresses dans son nouveau petit boulot était un peu voyante.
Il a donc fallu se replier sur le conseil de surveillance de la compagnie aérienne Ryanair. Le boss de cette dernière lui avait proposé d’y siéger. Les deux Irlandais se connaissent bien : en 2009, Michael O’Leary avait mis sa compagnie et ses finances, au service du « Oui » lors du second référendum irlandais.
Mais pour ses fins de mois qu’on imagine pas si simples dans un pays ravagé par la crise, l’ex-commissaire bénéficie surtout d’une aumône de 11 000 euros mensuels. Provisoire, hélas : au bout de trois ans, Bruxelles lui coupera les vivres. En attendant, le pauvre garçon est quand même à l’abri du besoin. Du reste, l’amateur et propriétaire de chevaux de course n’est pas seul dans son cas : tous ses anciens collègues de la Commission (sauf trois) continuent à émarger ainsi à Bruxelles.
Le porte-parole de la Commission a précisé que ces indemnités aident les anciens commissaires à se réinsérer « dans le marché du travail ». L’exécutif européen montre ainsi un bel exemple de lutte contre la précarité. En outre, ce dispositif vise à éviter, selon les précisions officielles, que les anciens serviteurs de la cause européenne « ne soient tentés d’accepter la première offre venue ». N’en déplaise aux grincheux, Bruxelles rompt ainsi magistralement avec le libéralisme, dont un des dogmes pose que la meilleure manière de mettre les chômeurs au boulot est de leur restreindre les vivres.
Le porte-parole n’a cependant pas précisé pourquoi les subsides continuaient à être versés même à ceux qui ont retrouvé un point de chute. Heureux hasard, tout le monde a d’ailleurs pu se recaser, que ce soit dans le monde des affaires, dans les institutions internationales ou à défaut, comme chef d’État -c’est le cas de la nouvelle présidente lituanienne, Dalia Grybauskaite-.
A peu près au même moment, le successeur de Charlie annonçait la relance du marché intérieur. Le Français Michel Barnier confiait que son plan constituait le meilleur moyen « de réconcilier les citoyens et le projet économique européen ». Réconcilier ? Il y a donc eu fâcherie ?
Peu avant, le site de la présidence européenne -exercée actuellement par la Belgique- mettait en exergue cette proclamation du ministre belge des Affaires étrangères : « Vanackere veut jeter un pont entre l’UE et les citoyens ». Un pont ? Il y aurait donc un précipice – à tout le moins un fossé ?
La Commission prépare actuellement un vaste plan de communication. Nous voilà rassurés.