Dans un contexte d’insécurité en hausse, les habitants des îles de Lesbos, Chios et Samos ont mené une grève générale pour s’opposer à la construction de nouveaux camps de migrants. Des heurts ont éclaté entre manifestants et forces de l’ordre.
Le 26 février, pour le deuxième jour consécutif, des manifestants grecs à Lesbos ont fait face à la police anti-émeutes près de la ville de Mantamados, proche du site prévu pour la construction d’un nouveau camp de migrants d’une capacité de 7 000 personnes. « Troublantes images des forces anti-émeutes débarquant sur les îles grecques pour "sécuriser" la construction de centres de rétention fermés pour les réfugiés. Plusieurs affrontements dans la nuit à Lesbos et à Chios, où les insulaires s’opposent à ces nouveaux camps », commente le journaliste Alexandros Kottis, vidéo à l’appui.
Troublantes images des forces anti-émeutes débarquant sur les îles grecques pour "sécuriser" la construction de centres de rétention fermés pour les réfugiés. Plusieurs affrontements dans la nuit à Lesvos et à Chios, où les insulaires s'opposent à ces nouveaux camps. pic.twitter.com/kz2On2vFLF
— Alexandros Kottis (@alexandros_kts) February 25, 2020
De petits groupes ont jeté des pierres vers la police, qui a répondu avec du gaz lacrymogène et des grenades aveuglantes, explique également Sputnik qui a posté d’autres images de la situation. « Nous sommes en temps de guerre. [La police] a les armes, nous avons nos cœurs et nos âmes », a déclaré un prêtre local, le père Stratis, cité par l’AFP.
Le gouvernorat local a appelé à une grève de 24 heures, rejetant les projets du gouvernement de construire de nouveaux camps pour remplacer les installations actuelles surpeuplées, dans lesquelles les demandeurs d’asile vivent dans des conditions éprouvantes. Plus de 38 000 migrants s’entassent en effet dans les camps des îles de Lesbos, Samos, Chios, Leros et Kos, officiellement prévus pour 6 200 personnes.
Protesters clash with police over construction of new #Lesbos migrant camp #Greece pic.twitter.com/viU4ueH0z6
— Ruptly (@Ruptly) February 26, 2020
Les habitants des îles se plaignent depuis longtemps des problèmes d’insécurité et de santé publique que causent selon eux les migrants et s’opposent aux projets de construction de nouveaux camps du gouvernement. « Nous nous battons également pour ceux qui veulent partir pour un endroit meilleur. Nous voulons qu’ils partent », a déclaré le père Stratis. « Nous accepterons les réfugiés de guerre, mais les criminels devraient partir ».
Le gouvernement conservateur, arrivé au pouvoir en juillet, a annoncé que les camps de Lesbos, Samos et Chios seront fermés cette année pour être remplacés par de nouvelles installations, plus petites, qui devraient être opérationnelles mi-2020. Après des semaines de pourparlers infructueux avec les autorités locales, le gouvernement a envoyé le 24 février par bateau des engins de chantier et la police anti-émeutes, provoquant des vagues d’indignation.
Les partis d’opposition ont dénoncé une décision antidémocratique, et les responsables locaux une tentative « barbare » de « transformer de force Lesbos et Chios en prisons ». L’État avait déjà provoqué la colère des insulaires courant février en annonçant que des terres pourraient être réquisitionnées pour une période de trois ans pour construire les nouveaux camps.
« Il y a une limite à notre patience. Ils réquisitionnent des terres et amènent la police anti-émeutes, utilisent les lacrymogènes contre les gens. Sommes-nous en guerre ? », s’est indigné Stratos Paspalas, un boucher à la retraite.