La belle image que la communauté noire américaine donne au monde ! Alors qu’elle cherche à endosser le statut de victime en accrochant ses wagons au martyr locomotive de George Floyd, la communauté noire agissante, puisqu’il faut préciser, celle qu’on voit à la fois défiler dans les rues plus ou moins pacifiquement et celle qu’on voit piller des magasins, car tout se mélange, eh bien cette communauté donne une image double au monde.
Celle d’une catégorie de population sensible au racisme et à ses conséquences, réelles ou imaginaires, et celle qui profite de la victimologie pour se livrer à du pillage et à de la haine raciste antiblanche. Il n’est pas question de faire ici la balance entre les bons et les mauvais Noirs, entre les militants des droits civiques (transposés au XXIe siècle) et les racailles des quartiers, mais il faut dire que la contestation après la mort de Floyd vire au Black Friday : dans les magasins blancs (les magasins noirs n’ont pas grand chose à offrir ou à voler, mais surtout, on ne se vole pas entre « frères »), c’est open bar. Le chaos permet tout !
Mais ce chaos n’est pas créateur et aux yeux du monde entier, la communauté noire apparaît comme divisée, anarchique et incapable de s’élever au-dessus de sa condition. Les politiques et les « droit commun » étant mélangés, tout dépassement devient impossible : les droit commun sont utilisés contre les politiques, ce qui a été la stratégie blanche ou conservatrice pendant des années (voir le reaganien Oliver North et la politique du crack dans les années 80), les années noires du racisme US, pourrait-on dire.
Pendant que les centres-villes brûlaient aux États-Unis, l’Internet fournissait des informations tous azimuts : d’abord sur l’événement qui a tout déclenché, et sur lequel tout le monde ou presque est d’accord. Le policier a un peu aidé Floyd à mourir, un homme blanc a commis un homicide, volontaire ou pas, sur un homme noir, pour dire les choses à l’afro-américaine, et l’enquête donnera des précisions sur la relation entre les deux hommes. Puis sur le lien entre la mort de Floyd et les manifestations. Un lien tout à fait communautaire, comme l’explique cette « sœur », car pour elle, ses « frères » sont noirs et ne peuvent pas être blancs :
Une vision pour le moins étriquée de l’humanisme, qui s’arrête à sa famille, son clan, son semblable... Dans son discours, cette sister justifie la violence noire actuelle par la violence institutionnelle historique américaine. Certes, il y a un passé, mais un passé qui ne passe pas, comme la Shoah chez nous, en Europe ou en France. Le martyr des Noirs jusqu’aux débuts du XXe siècle peut-il encore être invoqué pour expliquer les pillages et la surréaction après la mort de Floyd ? Ou est-ce un prétexte pour une partie de cette population qui n’arrive pas, depuis un bon siècle, à sortir de sa condition sociale désastreuse ? Ce que d’autres communautés, qui il est vrai n’ont pas le même passif, arrivent à faire en moins de deux générations ? Y a-t-il un problème noir, spécifiquement noir aux États-Unis, ou un problème blanc, que les Blancs n’ont pas voulu ou su résoudre ?
Les réponses à ces grandes questions ne changeront rien dans l’immédiat, si elles arrivent un jour. La frustration noire explose de partout, mais on ne sait pas très bien si c’est pour la mort d’un seul homme, ou justement pour cette condition sociale désastreuse dont les Noirs pauvres n’arrivent pas à se défaire. L’injustice, quand une bavure touche un Noir, est ressentie par toute cette frange de la communauté noire, et c’est peut-être là le problème : cette communauté de ressenti dans la victimologie, le fait de réagir de manière communautaire et non individuelle, et encore moins nationale. Disons-le tout net : l’essentialisme dans ce cas précis pose question. Pourquoi un Noir se sentirait-il solidaire d’un autre Noir, à moins d’être lié de manière indéfectible et éternelle à la communauté noire, ce qui en fait un individu hostile ou fermé au reste de la communauté, dite nationale ?
Petit rappel de @RealCandaceO ! A Rt !
Faits :
" Les Noirs tuent 2 fois plus que les Blancs,chaque année.
Les noirs commettent 85% de tous les crimes violents, 50% de tous les meurtres.
Plus de 90% des Noirs tués par homicide sont tués par d'autres Noirs..." https://t.co/ra6xJ6roR3— Samsonite07 (@kleensamsonite) June 1, 2020
Faire entendre raison dans cette période de déraison n’est pas une mince affaire, mais tant pis, allons-y. Les statistiques criminelles aux USA prouvent que le ressenti noir en matière de violence blanche est fantasmatique, même si le fantasme, celui du racisme blanc qui perdure, celui de la haine blanche anti-noire, peut être un facteur très réel, et surtout déclenchant. Nous avons retrouvé trois tableaux qui tournent et qui sont issus non pas de l’imagination de sales Blancs, mais d’études sociologiques et criminologiques.
On le voit, la violence envers les Noirs est d’abord le fait de Noirs, mais cela doit être relu à la lumière du racisme puissant qui a traversé et fondé la société américaine depuis le XIXe siècle. Une communauté soumise à une violence sociale terrible exerce, on le sait, sa violence de manière intraspécifique. Et quand sa violence déborde, la répression du groupe dominant est encore plus violente. Mais ça, c’était avant les années 60 et l’obtention des droits civiques. Aujourd’hui, le problème racial n’est plus aussi tendu, même s’il resurgit par moments et par endroits.
On peut même dire que l’idéologie antiraciste des démocrates a renversé la violence Blancs/Noirs en violence Noirs/Blancs. Le panneau suivant le montre :
Ce sont les Noirs qui mènent dans le match des crimes interraciaux, et par « crimes » la justice américaine n’inclut pas seulement les meurtres, mais aussi les agressions sur les personnes.
Le troisième tableau est assez redoutable, et n’apprendra rien aux flics américains. Il s’agit des statistiques par catégorie de crime distribuées selon les groupes ethniques. Des données que l’on peut relire, évidemment, à la lumière de la désagrégation sociale des Noirs pauvres. Le crime pousse sur l’ignorance, le manque d’éducation, et la déstructuration de la famille, tous ces facteurs se retrouvant hélas dans les couches sociales inférieures de la population, et là, on peut parler des Noirs, mais aussi des Blancs (voir le film sur le rappeur Eminem) et des Latinos. On le sait, plus on est intégré socialement, moins on produit de crime (on parle de manière globale pour les crimes habituels, on ne parle pas d’un gouvernement qui décide d’une guerre, c’est autre chose, même si ça peut être condamnable).
Alors, bien sûr, des anti-Noirs ou des anti-émeutiers se sont emparés de ces chiffres pour condamner la réponse noire globale à la mort de Floyd. Rappel : critiquer les pillages ou la réponse émotionnelle, ce n’est pas être raciste, cela a plutôt à voir avec le refus de l’essentialisme ou d’un racisme inversé, le racisme anti-Blanc n’ayant rien à envier au racisme anti-Noir.
Une femme est interpellée dans la rue par un membre de #BlackLivesMatter qui lui demande de se mettre à genoux et de s'excuser d'être blanche. Elle s'exécute.
Nous vivons vraiment dans une dystopie. pic.twitter.com/PVZtG0RGky
— Corbacovid19 (@CorbacR) June 2, 2020
L’inévitable Zemmour a balancé ses propres stats à contre-courant de l’antiracisme ambiant au micro de CNews, des stats d’ailleurs très critiquées à gauche (Zemmour n’est pas à l’aise avec les chiffres) :
#Zemmour sur l’affaire #GeorgeFloyd : « Les noirs sont tués par les noirs à 97%. 80% des blancs sont tués par des noirs alors que les noirs sont tués essentiellement par des noirs. 40% des tués par la police sont blancs. Les noirs sont 14% mais 40% des incarcérés. » #FaceAlinfo pic.twitter.com/XfKyQ03bFX
— Damien Rieu (@DamienRieu) June 1, 2020
Nous sommes sortis de l’émotionnel pour aller dans la froide statistique, mais nous ne sommes pas obtus au point d’ignorer que les réactions humaines ne sont pas fondées uniquement sur de la statistique ! Il y a une colère noire, une frustration noire aux USA, mais il y a aussi une petite bourgeoisie noire, une grande bourgeoisie noire, et tout le monde ne se sent pas forcément anti-Blanc ou anti-Trump parce qu’un policier a dérapé, de manière volontaire ou involontaire.
Nous savons tous que la réponse n’est même pas politique et encore moins sociale, elle est culturelle, éducative. La pauvreté n’est pas un facteur qui mène invariablement à la délinquance : une famille peut protéger ses enfants de la tentation de la délinquance et les aider pour l’instruction. C’est la base de tout, de tout changement politico-social majeur. Sans cette reconstruction familiale et cette rééducation qui n’est ni blanche ni bourgeoise, les enfants ne pourront se sortir du triptyque vicieux pauvreté-délinquance-désocialisation.