Gérard Filoche répondait à l’invitation de l’association ATTAC en ce début septembre 2017. La qualité des deux premières vidéos n’est pas exceptionnelle, l’extrême gauche n’ayant visiblement pas le goût de la qualité, qui doit être une notion bourgeoise. Mais l’essentiel est là, dans le monologue du socialiste d’origine trotskyste, qui organisait la grande grève générale à Nantes en 1968.
Un peu mieux organisé était le meeting de la fondation COPERNIC à Paris le 9 septembre. Si l’image est un peu plus fixe, le son, lui, laisse à désirer. Il faudrait que les défenseurs du droit social se professionnalisent un minimum, car en haut, chez les oligarques, on doit bien rigoler de cet amateurisme. Le message est important, mais si le medium est foireux, le message est perdu. Loi numéro un de l’Information.
Pour résumer, « ils » mettent en place « le code des entreprises à la place du code du travail ».
La troisième vidéo que nous avons exhumée est la plus audible, il s’agit d’une analyse des 200 pages des ordonnances sur la loi Travail. Filoche n’y va pas de main morte. Même si la crème des trotskystes trahit souvent le prolétariat, leur constat sur l’exploitation et les pièges oligarchiques est relativement lucide.
« Ils veulent casser la résistance du salariat pour l’intérêt des seuls employeurs... Ils passent le code du Travail à l’acide et les lois reculent et tout va revenir au niveau de l’entreprise, et je ne comprends pas comment on peut être calme face à a une telle provocation, parce que personne ne demande ce genre de chose, personne, sauf le MEDEF ! Y a pas un syndicat qui voulait de ça. Y a pas de demande politique, publique, citoyenne, pour ça. Il n’y a que le MEDEF qui veut augmenter ses marges et détruire 70 ans d’histoire du code du Travail depuis la Seconde Guerre mondiale. »
Filoche dénonce une chose importante contenue dans les ordonnances : la disparition des délégués du personnel, qui serv(ai)ent de parapluie aux salariés dans le rapport de forces avec le patronat (qui n’est pas uniquement anti-salariés, soulignons-le). En réalité, tout dépend de la taille de l’entreprise. Comme chacun sait, le MEDEF à l’origine de cette casse sociale déguisée en loi, voire en « réforme », représente uniquement les grandes entreprises, auxquelles les petites et moyennes sont soumises à 80 %, selon Filoche.
L’intervieweur pointe avec raison la perversion de la rupture conventionnelle (à 5’32) :
« Gérard, tu connais le succès depuis quelques années des ruptures conventionnelles d’entreprise, C’est un franc succès. Maintenant on parle d’une rupture conventionnelle collective, c’est-à-dire que à travers ça on va échapper aux plans sociaux... »
Soit « la fin des plans sociaux », la fin d’un dialogue organisé entre l’État (le ministère du Travail) et les puissances économiques. Divide et impera, comme toujours. Avec les lois Macron, l’employé se sentira plus « libre », mais plus seul face à l’employeur. Il gagnera une impression de liberté, mais perdra le peu de pouvoir qu’il avait encore.
Notons que cette négociation, ou ce rapport de forces, a lieu dans une période où les Français subissent non seulement un chômage massif, mais aussi des attaques « terroristes ». Cela est sans doute une coïncidence. Les commanditaires des attentats se cachent forcément dans le désert irakien ou syrien !