Le complotisme, c’est-à-dire la relecture des événements sur une base plus rationnelle et moins oligarcho-centrée, ne s’est jamais aussi bien porté. Pourtant, notre ami Gérald – Bronner, pas Dahan ni Darmanin – avait sué sang et eau pour pondre un rapport sur ce sujet, ô combien délicat pour les tyrannies aux commandes en Occident, et bien sûr, au premier chef, en France, pays de la liberté d’expression de BHL.
On adore l’intro d’Éric Delvaux, l’agent très fatigué de France Inter, c’est-à-dire du Système, flanqué de son commissaire politique Carine Bécard (le masculin de bécasse), tous deux beaux comme des camions tombés du ministère de la Vérité :
« Et on va interroger ce matin notre rapport aux médias, quand l’information devient clash, infox, complotisme, quand ce désordre informationnel met à mal notre vigilance intellectuelle jusqu’à bousculer la vie démocratique, on en parle avec vous ce matin... »
Juste une petite remarque en passant à l’agent tassé sur sa chaise : ce qu’il appelle « désordre informationnel » n’est que la conséquence logique et saine de la pluralité des points de vue, soit la démocratie en paroles.
On écrivait plus haut que le complotisme ne s’était jamais aussi bien porté, ça se vérifie dans l’intro :
« Gérald Bronner, j’aimerais d’abord vous faire réagir à cette dernière enquête de NewsGuard qui pointe des niveaux alarmants de désinformation chez les jeunes qui utilisent Tik Tok comme moteur de recherche. Selon cette étude, 20 % des vidéos contiennent de la désinformation, que ce soit sur la guerre en Ukraine, que ce soit sur la contraception, est-ce qu’il y a là de quoi s’inquiéter encore ? »
Cependant, ne soyons pas chiens, et on adore les chiens : à 6’53, notre agent ramolli se réveille et pose une vraie question (dictée à contrecœur par la déontologie) !
« Mais après tout, que chacun ait sa propre opinion, c’est justement ce qui nourrit le débat démocratique, c’est le principe même de la diversité, alors pourquoi parlez-vous de danger de la vie démocratique ? »
Franchement, il nous a troué le cortex, le journaliste du SPA. Bronner est piégé : il vient de nous expliquer que penser autrement que l’idéologie officielle, c’était pas bien, c’était dangereux, voyons voir comment Gégé-la-censure va s’en sortir...
« Alors vous avez parfaitement raison, il faut veiller à ce que cette diversité, elle continue, c’est-à-dire que si vous avez regardé attentivement le livre, qui était un rapport avant, vous verrez que en aucun cas on ne propose des formes de censure. »
Ouf, on est rassurés. On a vraiment cru que Gégé bossait pour l’oligarchie, celle qui tabasse les Gilets jaunes, qui injecte des saloperies dans le corps des inconscients et qui détruit un à un nos services publics, y compris celui de l’audiovisuel. Seulement, Gégé reprend, et là, sa vision de la démocratie à la Walt Disney s’écroule :
« Effectivement, c’est un outil formidable, Internet, et qui permet notamment à toute forme de diversité de… de… de s’exprimer, il faut que ça continue. »
Compte sur nous pour ça, Gégé !
« Simplement ce qui nous étonne, et ce qui nous rebute en tant que démocrates, c’est que cette diversité est inauthentique. »
Merde, c’est quoi encore ce truc ? En plus, Gégé parle du camp des démocrates, ça veut dire que si on pense pas comme eux on est anti-démocrates ? Or, il vient juste de dire que fallait que ça continue, l’expression de la diversité !
« Qu’est-ce qu’on entend par là ? Ben certains représentent peu dans l’espace démocratique mais parlent beaucoup. »
Attends, tu parles de Macron ou de Soral, là ? Macron représente que dalle, mais son visage déformé par l’amour de la France est partout, un peu comme Big Brother, ou plutôt Little Brother.
Tu sais, Gégé, pour finir, quand tu as tout le monde qui dit la même chose dans les médias mainstream, les médias sous ordre oligarchique, il suffit d’une petite musique dissonante pour que tout le monde tourne la tête. Et là, effectivement, tu peux avoir l’impression que certains parlent beaucoup, relativement à leur place dans le Système, qui est corrélée au degré de soumission à l’idéologie dominante.
Aujourd’hui, une Salamé, un Aphatie, un Bronner disent la même chose, leurs paroles se superposent et s’annulent. Seule la différence fait exister. Et là, les démocrates se retrouvent tout cons avec leur droit à la différence. De la couleur de peau, pensent-ils, mais pas de la couleur des idées, visiblement. Ce sont des racistes intellectuels.