Pister sa victime à distance, minute par minute, pour fondre sur elle et la tuer : la saisie récente de balises GPS chez des malfaiteurs marseillais montre que cette technologie n’est plus l’apanage exclusif des policiers. De quoi inquiéter dans une ville marquée par les règlements de compte.
Dans ce domaine, l’agglomération marseillaise a connu un mauvais début d’année avec 11 hommes tués par balle en pleine rue, pour beaucoup victimes de règlements de comptes liés au trafic de drogue. Si certains de ces actes se résument à de sommaires assassinats, d’autres ont été très préparés.
« Aujourd’hui, les malfaiteurs utilisent des moyens modernes », a constaté mi-avril le procureur de la République Brice Robin, en détaillant les saisies liées à l’arrestation d’une équipe soupçonnée d’un assassinat en 2014, et accusée d’en préparer un autre. Outre les classiques brassards de police et gyrophares, les enquêteurs avaient découvert des brouilleurs d’ondes et des balises GPS.
Celles-ci, destinées aux filatures, ont longtemps été l’apanage des enquêteurs, mais aujourd’hui, des malfrats « utilisent les moyens de la police judiciaire », a reconnu le magistrat.
Au-delà de cette saisie, deux sources proches du dossier évoquent la présence, dans une autre affaire criminelle récente à Marseille, d’un « mouchard » satellitaire, placé sur la voiture d’une victime de règlement de compte.
Dans ce dossier, la victime, un important trafiquant suspecté d’être lui-même impliqué dans une série d’homicides, est activement recherché par ses ennemis. Issus d’une bande rivale, ils ont juré d’avoir sa peau, relate une source proche du dossier.
« Tout le monde veut savoir où il est. Ils réussissent à baliser son véhicule », pour s’en prendre à lui au moment le plus propice : il trouvera la mort dans une fusillade fin 2015.
Portable pilote
Dans un autre dossier, ouvert sur le bureau d’un juge marseillais pour association de malfaiteurs en vue de commettre un crime, une balise GPS noire constitue l’un des éléments importants de l’instruction. Ce boîtier, dont les diodes rouges et vertes clignotaient discrètement, a été découvert sous la voiture d’un homme ciblé et traqué en temps réel, selon les éléments d’enquête, par des tueurs en puissance.
Ces derniers, supposés proches d’un clan en conflit ouvert avec une famille marseillaise, ont été arrêtés avant tout passage à l’acte. Et ont jeté, à la vue des policiers, plusieurs téléphones, dont le « portable-pilote » qui leur permettait de suivre sur une carte les déplacements de leur cible présumée.
Sources policières et judiciaires ne souhaitant pas s’étendre sur le sujet, difficile de savoir à quel point l’usage des balises GPS est répandu.