« La ministre Nyssen, incitatrice à la haine, doit démissionner »
Le titre est sans appel, la décision irrévocable, la justice sioniste (un oxymore de bonne facture) a tranché : Françoise est coupable d’avoir promu la haine d’Israël dans les ouvrages publiés chez Actes Sud pendant 30 ans. Le sous-titre est encore plus farfelu :
« La ministre délinquante pro-palestinienne Françoise Nyssen doit démissionner ! »
Après avoir déroulé les derniers soucis immobiliers du – plus pour longtemps – ministre de la Culture, l’histoire du plafond de 4m60, de la mezzanine et de l’agrandissement de l’hôtel particulier, le site sionard jforum.fr s’en prend aux publications prétendument anti-israéliennes de la dame.
Il s’agit effectivement de livres écrits soit par des Palestiniens, dont le célèbre Mahmoud Darwich, soit par des Israéliens, qui seraient eux-mêmes des traîtres à la patrie. On notera en passant un joyeux Israël/Palestine, la défaite du vainqueur, un joli titre de Jean-Paul Chagnollaud. Un joli titre et surtout une vérité, puisque l’entité israélienne a été fondée sur un crime imprescriptible et une faute morale qui obligent à s’enfoncer chaque jour dans le mensonge et le meurtre. Une sorte de punition biblique inattendue, que rien ne peut changer : ni les inversions accusatoires ni les indignations shoatiques.
Le dossier anti-Nyssen s’étoffe quand on apprend que :
« Le Consul général de France, Frédéric Desagneaux, représentant la présidente de la maison d’édition Actes Sud, Françoise Nyssen, a reçu des mains de Salam Fayyad, Premier ministre palestinien, et Yasser Abed Rabbo, secrétaire général du comité exécutif de l’OLP, le prix de la Fondation Mahmoud Darwish, le 13 mars 2013 à l’université nationale An-Najah de Naplouse. »
Là c’est toute la diplomatie française qui en prend pour son grade, et Macron par ricochet puisque c’est lui qui a nommé la terroriste Nyssen à la Culture.
La suite ne fait que confirmer l’antisionisme culturel profondément ancré dans notre pays :
« Ce prix littéraire, décerné par un jury d’écrivains du monde arabe, récompensait le travail exceptionnel de la maison d’édition d’Arles pour faire connaître en France l’oeuvre du poète national palestinien et, plus généralement, la littérature et la pensée arabes.
Lors de son discours, le Consul général a rendu hommage à Actes Sud et évoqué les liens étroits qui unissaient Mahmoud Darwish et la France, symbolisés par l’inauguration, en juin 2010, d’une place Mahmoud Darwish à Paris, en présence du président palestinien Mahmoud Abbas et du maire de Paris Bertrand Delanoë.
Il a également souligné les perspectives de coopération entre le musée Mahmoud Darwish de Ramallah et le ministère français de la Culture, qui se concrétiseront prochainement par la livraison au musée de copies d’archives françaises concernant le poète, en provenance de l’Institut National de l’Audiovisuel et de la Bibliothèque Nationale de France. »
On ne sait plus quoi dire, Françoise est dangereuse pour Israël et ses intérêts, il faudrait vérifier au prochain check-point de la rue de Valois si elle n’a pas caché une ceinture de bombes ou un couteau sous sa veste. Le député netanyahouste Meyer Habib serait selon nous le plus indiqué pour fouiller l’antisioniste pure et dure...
On revient sur Mahmoud Darwich qui a l’air de bien embêter les colonisateurs. Le poète, mort en 2008, continue de hanter les mémoires sionistes. Pourtant, à l’inverse de Netanyahou et sa bande de tueurs, il n’a jamais tué personne. Mais le simple fait d’être palestinien et talentueux est de trop :
« En 1988, un de ses poèmes, “En traversant les mots passants”, est discuté à la Knesset ; il est accusé de souhaiter voir partir les Juifs d’Israël en leur demandant d’emmener les cercueils de leurs parents enterrés sur la terre de Palestine. Darwich y invitait notamment les juifs à “quitter la Palestine”, les décrivant comme un corps étranger sur cette “terre arabe”. Telle est donc le fonds de commerce de Françoise Nyssen, ministre française de la “Ku-Klux-Kulture” »
Ku-Klux-Kulture... Ouf ! on a cru que les auteurs délicats de la LDJ allaient faire un jeu de mots avec Kontre Kulture ! On a échappé au pire ! Mais pas Françoise... Maintenant qu’on sait la Nyssen menacée par les larbins des assassins fous de Tel-Aviv, on va peut-être la défendre, malgré sa petite subvention de 100 000 euros enfouillée, malgré la mezzanine, qui sont de la petite bière au regard des crimes perpétrés depuis 1947 en Palestine par l’envahisseur.
Françoise, on est avec toi !
Malheureusement, il semble que les dés soient jetés : selon le très oligarcho-compatible Canard enchaîné, il semblerait que deux ambitieuses aux dents qui rayent le sous-sol soient sur les rangs pour piquer le poste à la furie pro-palestinienne. On vous le donne en mille : il s’agit d’Aurore Bergé, capable de tous les retournements de culotte possibles et imaginables, et de Marlène Schiappa, oui, la femme de culture célèbre pour avoir énoncé que les rondes adoraient sucer ! La sous-culture dans toute sa splendeur ! La suce-culture, aurait écrit Céline, mais on s’interdit ce genre de bassesse.
Finalement, on va regretter la Françoise. Il semble qu’en politique comme en énergie règne la loi de l’entropie, cette tendance naturelle à la désorganisation, loi vulgarisée dans un titre désormais célèbre : Jusqu’où va-t-on descendre ?. Depuis De Gaulle, qu’on soit pour ou contre le général, il faut bien admettre que le niveau n’a fait que descendre.
Contre la cinglerie des dirigeants israéliens et leurs larbins français, voici un poème du dangereux Mahmoud :
Un astre passa à l’horizon,
Descendant... descendant.
Ma chemise était
Entre feu et vent,
Et mes yeux pensaient
À des dessins sur le sable.
Et mon père a dit un jour :
Celui qui n’a pas de patrie,
N’a pas de sépulture
... Et il m’interdit de voyager !