Hier soir, le président de la République était invité par TF1. Le moyen pour lui d’essayer de reprendre la main après une gestion totalement désastreuse de la crise syrienne, qui a fini par voir les États-Unis et la Russie se mettre d’accord pour un plan d’élimination des armes chimiques.
Erreurs sur erreurs
Depuis trois semaines, la diplomatie française s’est totalement ridiculisée, faisant oublier les acquis positifs de l’opposition légitime à la guerre en Irak en 2003, ou, dans une moindre mesure, de l’expédition décisive et juste au Mali. Du début à la fin, François Hollande s’est trompé. Bien sûr, le gouvernement s’accroche à une histoire assez habile, à savoir que la solution pacifique n’aurait été trouvée que grâce à la détermination de la France et des États-Unis. Mais ceci est une présentation extrêmement superficielle et biaisée, qui ne vise qu’à camoufler les graves fautes de l’équipe au pouvoir.
On reste stupéfait devant le bellicisme béachélien du président, déclarant qu’il fallait punir le régime syrien, le non respect des règles internationales alors qu’elles étaient évoquées pour justifier l’intervention, la mise sous tutelle de facto de notre diplomatie vis-à-vis des États-Unis ou l’oubli des leçons du passé en Irak ou en Libye. Mais avec l’accord russo-étasunien, cela aboutir à un véritable désastre diplomatique pour la France. Il est assez stupéfiant que notre pays n’ait pas été associé à l’accord entre Washington et Moscou. François Hollande a été balotté par les évènements, faute d’avoir su les anticiper.
Quelques leçons
La première leçon, c’est l’amateurisme confondant de François Hollande, qui s’est avancé à découvert sur le dossier syrien. Hier soir, il a eu le culot de dire que la France n’était soumise à aucun autre pays. Pourtant, c’est l’inverse que nous ont montré les derniers jours puisque son premier ministre avait lui-même admis que la France ne pouvait pas intervenir si les Etats-Unis n’intervenaient pas. Du coup, la parole présidentielle est sérieusement démonétisée sur un sujet où l’intervention décisive au Mali lui avait pourtant permis de gagner un certain crédit. Aujourd’hui, tout ceci est complètement réduit à néant.
La seconde leçon, évidente depuis l’intervention en Irak en 2003, c’est que l’UE est totalement inutile. Sur presque tous les grands dossiers diplomatiques, les pays européens sont en désaccord. Même sur la Libye, l’Allemagne avait fait entendre une voix différente. Sur le dossier palestinien, les divergences sont très fortes. Et on a bien vu que sur le dossier syrien, il est impossible de parvenir à une position commune. Tout ceci montre bien qu’il est illusoire de vouloir construire une fédération européenne, à moins de la concevoir comme une forme de tyrannie des experts, comme l’expliquait Jacques Sapir.
La page du dossier syrien se tourne. François Hollande se raccroche aux branches pour essayer de présenter sous un jour positif son action. Mais les Français ne sont pas dupes de l’improvisation et de son discours incohérent. Et ce n’est pas l’interview d’hier soir qui y changera quoique ce soit.