Nous allons commencer par un article de Claude Askolovitch dans Marianne du 14 novembre 2012 et finir par un article du Point en date du 23 novembre 2012.
Après la défaite de Nicolas Sarkozy (face à François Hollande), et le retrait de la vie politique du président, la bataille fait rage pour la prise du parti (UMP) entre François Fillon et Jean-François Copé. Les couteaux sont tirés, accusations et allusions volent, Fillon est accusé du pire des maux...
Pourtant, il n’a fait que remettre en question l’arbitrage des votes par un homme, Jean-François Copé, qui se présente comme juge et partie. Il suffit d’une allusion, même vague, même lointaine, même inexistante, pour que le crime des crimes soit évoqué.
Quatre ans plus tard, presque jour pour jour, on dirait que la ténacité de l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy a payé : il a réuni plus de 44% des 4 millions de voix lors du premier tour de la primaire de la droite et du centre, contre 0,3% pour Copé. La messe est dite.
Fillon, Copé et le mot juif
Le mot juif flotte dans les ruisseaux souterrains de la République, il ressort parfois et la gêne surgit : on en est encore là ? Il fut jadis, un mot de haine et d’opprobre, de duels et de mort, qu’on vomissait sur Blum, Mandel ou Mendès... Désormais, la politesse règne avec les apparences, François Fillon n’évoquera que les « origines » de Jean-François Copé, et chacun comprendra.
Seule la rue ose la haine brute, et on entendait des « Sarkozy sale juif » dans des émeutes en 2005. Chez les intégrés et les cravatés, la litote règne, le trait est rare, on oublie, il n’en est que plus étrange. En 2000, Pierre Moscovici, ministre des Affaires européennes, était étiqueté germanophobe, donc mauvais européen, parce que juif, dans l’europhile Libération. En 2008, François Bayrou analysait le papisme ostentatoire de Sarkozy, comme la preuve d’un complexe lié au judaïsme de son grand-père. En 2011, quelques semaines avant la divine surprise du Sofitel, le président des députés UMP Christian Jacob opposait le cosmopolite Strauss-Kahn à la « France des terroirs », tandis que le ministre Laurent Wauquiez vantait ses « racines » contre celles de DSK.
Le mot juif était suggéré par la droite aux abois dans une petite saloperie inutile. Le cas Fillon-Copé est une nouvelle étape dans ce réveil de l’incongru. Sur RMC, Fillon, interrompu par le journaliste, a prétendu dédouaner son rival du péché d’alliance avec le Front national, en évoquant ses origines : « Je ne le crois pas, parce que je pense que tout dans ses origines, dans son engagement politique le conduit... »
Cette phrase tronquée en dit déjà trop. Premièrement. François Fillon voit Copé en juif. Pas seulement en juif (en rival, en ambitieux, en démagogue droitier, en compagnon peut-être) mais aussi en juif, et en juif dont le judaïsme expliquerait une position politique, au demeurant honorable. Copé est certes juif, d’ascendance roumaine et nord-africaine, et ne s’en cache pas (plus ?), mais n’en fait pas un argument public, ne l’a jamais fait. C’est Fillon qui le désigne, et qui se révèle ainsi, non pas antisémite, évidemment, mais... Mais ? Mais catégorisant, discernant, distinguant, repérant peut-être, réveillant une différence ancestrale. Copé est juif et c’est pour cela que... Fillon le fait-il malgré lui, spontanément, ou a-t-il voulu connoter son adversaire, pour l’affaiblir auprès des droites dures ?
Dans les deux cas, c’est ennuyeux, tant François Fillon, dans la compétition UMPiste, est censé incarner la modération, une droite apaisée de toute son histoire, droite dans sa glaise et son terroir de bon sens, loin de l’énervement des villes et des modernes. Nous voilà bien. Dans ce que promène cette droite -dans ce qui flotte dans la France de toujours- il n’y a pas que les principes d’économie et le respect du aux enseignants, il y aussi la vieille étrangeté du mot juif. Fillon, lors de la polémique sur le halal, s’était déjà oublié en invitant juifs et musulmans à reconsidérer leurs « traditions ancestrales ». Cela fait deux fois.
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UMP - François Fillon : "Un parti n’est pas une mafia !"
L’ex-Premier ministre n’acceptera aucune conclusion de la commission des recours chargée par Jean-François Copé de trancher le litige électoral.
François Fillon a déclaré vendredi matin qu’il n’acceptera aucune décision émanant de la Commission nationale des recours de l’UMP, laquelle doit se réunir dimanche prochain pour trancher le litige qui l’oppose à Jean-François Copé dans l’élection à la présidence du parti.
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« Un parti n’est pas une mafia », a renchéri François Fillon, fustigeant le fait que « la direction de l’UMP a toujours été partiale ». « L’une des personnes mises en cause se juge elle-même, ce n’est évidemment pas acceptable », a-t-il déclaré, visant Jean-François Copé.
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Selon lui, « on ne peut pas avoir confiance dans les instancas d’un parti dont le président s’est autoproclamé dimanche soir alors même que la commission n’avait même pas commencé à décompter les voix. On ne peut pas avoir confiance dans les statuts d’un parti dont la commission de contrôle des opérations de vote nous dit froidement qu’oublier trois départements, ce n’est pas grave et ça ne change pas grand-chose au résultat ».