Le 30 janvier dernier, François Fillon était en visite en Israël avec le député Pierre Lellouche. Au programme, une rencontre avec le Premier ministre Benyamin Netanyahou et le président Shimon Peres, avec en apothéose une conférence au Collège académique francophone de Netanya sur le thème : « La France face aux défis du Proche et Moyen-Orient. »
Le communiqué des organisateurs annonçait la couleur : « Ce n’est pas un hasard s’il a choisi comme l’une des premières étapes de sa rentrée politique, Israël. En effet, il y a incontestablement un partage de valeurs éthiques, morales, démocratiques et une histoire commune entre la France et Israël. »
L’ancien Premier ministre n’a pas déçu son auditoire. Florilège.
D’emblée il a annoncé la couleur : « J’ai toujours été passionné par le destin d’Israël », avant de s’exprimer sur à peu près tout.
Sur Dieudonné :
« Je me souviens de la guerre des Six Jours. J’avais 13 ans. L’oreille collée à la radio, je suivais les évènements où l’on parlait d’un chef militaire à l’œil bandé [Moshé Dayan] et je sentais que l’Histoire était là-bas brulante. Pendant la guerre du Kippour, j’ai tremblé pour Israël. Chacune de nos nations a dû surmonter des épreuves pour exister et s’unir, mais Israël n’est pas tout à fait une nation comme les autres. Elle est née sur les décombres de la Shoah, la pire barbarie contemporaine. Peu de nations naissent avec autant de fantômes autour de leur berceau, et cet enfantement dans la tragédie ne peut être oublié par vous naturellement, mais aussi par nous, Européens. L’antisémitisme a placé le peuple juif à la frontière de son extermination et il a projeté notre continent dans l’abîme. Nous le savons, les braises de cet antisémitisme ne sont pas éteintes, et en France comme dans bien d’autres États, nous voyons ressurgir des discours et des actes inadmissibles. La République française est et sera toujours intraitable à l’égard de l’antisémitisme, comme elle l’a été récemment à l’égard d’un humoriste aux propos abjects. En France, l’antisémitisme n’est pas une opinion, c’est un délit ! Pour moi, les choses sont claires : la liberté d’expression ne peut être instrumentalisée par les adversaires de l’unité française et les violeurs de mémoire ! Le souvenir de la Shoah fait partie de votre âme, mais elle fait aussi partie de notre conscience européenne, et même universelle. »
Sur Israël et la liberté :
« Comme toutes les nations, la vôtre supporte mal les leçons, et c’est avec humilité que je m’exprime devant vous. […] Israël est une vraie démocratie […] Ça n’est faire injure à personne que de dire qu’autour d’Israël, cette liberté n’a pas d’égale. »
Sur la République française, l’Europe et Israël :
« Israël est notre amie et notre alliée et quiconque menacerait son existence s’exposerait à notre réaction la plus rude. Pour votre sécurité, pour faire advenir cette paix, sachez que la France restera toujours à vos côtés. […] Israël, c’est la porte de notre propre Histoire ; c’est l’amie, l’alliée et la confidente de la vieille Europe. [ …] J’en conviens, vous portez sur vos épaules une responsabilité qui dépasse vos existences quotidiennes. Tous les peuples n’ont pas ce fardeau, tous n’ont pas cette charge que l’on peut aussi nommer… le “privilège” des grandes nations ! »
Sur la situation en Syrie :
« Sur le terrain, le malheur des populations syriennes n’en est pas pour autant résolu, mais il faut savoir se féliciter de ce désarmement qui libère la région, et notamment Israël, d’une éventuelle menace non-conventionnelle émanant de la Syrie. »
Sur la Torah :
« Dans l’obscurité, la Torah n’enseigne-t-elle pas à voir en elle la promesse du jour ? »
Sur les Palestiniens :
« Et puis, je crois à la lassitude d’une majorité de Palestiniens, qui rêvent de pouvoir vivre de leur travail et non plus de slogans. »