Annoncé en France pour le 16 septembre, le livre Le fascisme islamique de l’auteur allemand d’origine égyptienne Hamed Abdel-Samad ne sera finalement pas publié en français, a-t-on appris vendredi auprès de son éditeur parisien.
« Je ne mesure pas les risques de publier un tel livre » notamment en matière de sécurité, a expliqué à l’AFP Jean-Marc Loubet, directeur de la maison d’édition Piranha, qui avait acquis les droits de publication du livre il y a deux ans, au moment du lancement de sa maison d’édition, spécialisée en littérature étrangère.
« Il y a deux ans, ça nous semblait un livre intéressant même si nous ne partagions pas forcément ses thèses. Mais c’était avant Charlie Hebdo, avant Nice » (deux des attentats jihadistes qui ont frappé la France depuis 2015), a poursuivi M. Loubet.
« Le besoin de justifier la haine du musulman qui est apparu après l’attentat de Nice pourrait trouver un écho dans ce livre », a-t-il déploré. L’éditeur affirme aujourd’hui être inondé de « messages d’insultes » provenant de sympathisants d’extrême droite, mécontents de la non parution de ce livre au vitriol contre l’islamisme.
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Agé de 44 ans, fils d’un imam égyptien, Hamed Abdel-Samad est lui même un ancien membre des Frères musulmans. Très critique envers l’islam, il a reçu des menaces de mort et vit en Allemagne sous protection policière.
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Le site suisse lesobservateurs reprend une interview donnée par l’auteur dans Le Point du 3 août 2016.
À la lecture des réponses de l’auteur, il apparaît effectivement que sa démonstration du parallèle islam/nazisme n’est pas des plus rigoureuses et manque d’étayage historique et politique. L’ensemble, pourtant issu d’un membre des Frères musulmans (mais tous les paradoxes sont dans la nature, surtout quand on fait de la géopolitique), ressemble étrangement aux conclusions et aux angles d’attaque des idéologues de l’oligarchie américano-sioniste.
Le Fascisme islamique interdit en France
Le Point - Dans Le Fascisme islamique, vous commencez par établir un parallèle entre les mouvements fascistes et les Frères musulmans, fondés dans les années 1920 par Hassan el-Banna. Quels seraient selon vous leurs points communs ?
Hamed Abdel-Samad - Ce n’est pas seulement les Frères musulmans, mais l’islam politique dans son ensemble. Le premier point commun, c’est l’idée d’avoir été choisi, d’être des gens qui sont supérieurs au reste de l’humanité. Vous pouvez lire ça dans le Coran, où les musulmans sont considérés comme la meilleure communauté n’ayant jamais existé. Allah leur donne une responsabilité particulière d’être ses représentants sur terre. Vous avez ça aussi dans le fascisme : « Nous sommes la race supérieure. » Deuxième point commun : la culture de la mort. Dans les deux idéologies, la mort est glorifiée, car la vie et l’individu ne comptent pas. Ce qui est important, c’est la nation ou la religion. Troisième parallèle : l’idée de combat, le Kampf en allemand et le djihad en arabe. Vous ne vous battez pas pour vivre, mais vous vivez pour vous battre. Le combat, en lui-même est une fin en soi, et pas seulement un moyen pour atteindre des buts politiques. Quatrième point commun : l’idée d’ennemis intérieurs et extérieurs. Pour les nazis, l’ennemi à l’extérieur, c’est l’Ouest, et à l’intérieur, les juifs et l’extrême gauche. Pour les islamistes, c’est les autres. Il y a d’abord eu les juifs, les chrétiens ou les non-croyants dans le Coran, puis ont suivi les croisés, les colonialistes et aujourd’hui l’Occident dans son ensemble. L’histoire est conçue comme une seule ligne directrice, et l’ennemi reste toujours le même. L’Occident sera toujours le mal, c’est immuable. Cinquième point commun : la déshumanisation et l’animalisation de l’ennemi. Le Coran qualifie les non-croyants de chiens, singes ou porcs. Si vous déshumanisez des personnes, vous leur ôtez le droit d’exister. C’est ainsi plus facile de les exterminer en masse sans problème de conscience. Ce que les nazis faisaient très exactement en qualifiant les juifs de cafards ou de rats. Enfin, regardez les buts de ces idéologies. Hitler voulait régner sur la planète entière, être « le maître du monde ». Ces mêmes mots se retrouvent dans les discours d’Hassan el-Banna.
Le monde musulman est aujourd’hui frappé par la violence. Mais l’histoire coloniale ou la géopolitique n’expliquent-elles pas davantage ces fractures que la nature même de l’islam ?
Bien sûr, si vous cherchez à comprendre les origines du terrorisme actuel, tout ne vient pas du Coran. Il y a des raisons géopolitiques, et évidemment les États-Unis et d’autres pays occidentaux ont une implication dans les guerres en Irak et Syrie. Mais vous ne pouvez épargner la religion en disant qu’elle n’a rien à voir avec cette violence. Pour en arriver au terrorisme, il faut d’abord une culture favorable, c’est-à-dire qui accepte la violence comme solution politique. C’est, je crois, ce qui se passe dans le monde islamique, car la religion, loin de condamner cette violence, fournit des arguments en sa faveur. Vous avez aussi une violence domestique, dans les familles. Quand un enfant grandit et voit sa mère se faire frapper par son père, il apprend que la violence est la première solution aux problèmes sociaux.
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Pour vous, il est artificiel de séparer islam et islamisme. Pourquoi ?
J’ai d’abord pensé qu’il était juste de dire que l’islam et l’islamisme sont deux choses bien distinctes. Mais j’en suis arrivé à la conclusion que ce n’est pas rendre service aux musulmans. Il s’est passé la même chose avec le communisme, quand on expliquait que la théorie marxiste est bonne, et que c’est simplement la pratique stalinienne qui était mauvaise. En faisant cela, on ne critique jamais le fond des choses. Qu’est-ce que l’islamisme ? C’est la volonté de contrôler le monde. D’où cela vient-il ? Du Coran et de la pratique du Prophète. Il veut faire de l’islam une religion universelle, quitte à utiliser la violence. L’invention de l’islamisme est dans la naissance même de l’islam. Les frontières entre les deux sont très floues.