À l’initiative du gouvernement, un Conseil de déontologie journalistique et de médiation va voir le jour le 2 décembre. 19 rédactions, dont l’AFP, Europe 1, Le Figaro, TF1 ou Mediapart s’opposent au projet et refusent d’y participer.
Sous l’impulsion du gouvernement macronien, un Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM) sera lancé officiellement le 2 décembre avec son assemblée générale fondatrice. À l’instar de l’AFP, France Inter, TF1, Europe 1, Le Figaro ou Mediapart, 19 sociétés de journalistes et de rédacteurs refusent d’y participer et le font savoir le 29 novembre à travers un communiqué. « C’est un machin gouvernemental monté par des apparatchiks qui veulent donner des leçons aux autres et qui répondent aux ordres d’Emmanuel Macron », s’est insurgé auprès de l’AFP le 29 novembre Etienne Gernelle, directeur du Point.
Dans un texte commun, les rédactions expriment ainsi leur inquiétude face à ce projet : « La liberté de critiquer les médias est essentielle en démocratie. Il appartient aux citoyens de saisir les instances existantes, notamment la justice, quand ils estiment qu’il y a faute ou dérapage. » Ils assurent de fait que « si on défend le pluralisme de la presse, il faut aussi défendre la diversité des approches ». « Nous ne sommes pas identiques et c’est très bien ainsi », ajoute la tribune qui argumente : « Le pire service à rendre aux médias aujourd’hui serait de les contraindre à se plier à une norme artificielle de déontologie. Ce sont les lecteurs qui jugent les journalistes, pas les journalistes qui se jugent entre eux. »
« La manière dont se crée aujourd’hui ce CDJM ne nous inspire pas confiance », ajoutent ces organisations, rappelant la loi sur les fausses nouvelles en période électorale et la loi sur le secret des affaires, qui dérogent selon elles à la loi de 1881.
L’assemblée du 2 décembre réunira des représentants d’organisations professionnelles, comme la FNPS (Fédération de la presse spécialisée), le SPIIL (presse en ligne), la FFAP (agences de presse), des syndicats de journalistes comme le SNJ (numéro un dans la profession) et la CFDT, mais aussi des écoles de journalisme, associations de lecteurs et autres clubs de la presse, d’après une liste communiquée par l’Observatoire de la déontologie de l’information (ODI), qui joue un rôle moteur dans ce projet.
Interrogé par l’AFP le 29 novembre, le patron de l’ODI Patrick Eveno a cherché à rassurer sur les intentions du CDJM : « Ce ne sera pas un conseil de l’ordre, ni un organe de censure, il n’interviendra jamais sur les choix rédactionnels. »
Quoique n’ayant pas été convié à l’assemblée générale, RT France s’oppose à toute initiative visant à établir une « liste blanche » de médias choisis par le pouvoir en excluant des médias alternatifs, une telle approche portant atteinte au pluralisme d’opinions.