En 2016, les aides indirectes à la presse se sont élevées à 1,305 milliard d’euros, soit 93% du total des aides, et 17% du chiffre d’affaires du secteur. À quoi correspondent ces aides et à qui sont-elles réservées ?
C’est l’introduction d’une étude du SPIIL, le syndicat de la presse indépendante et d’information en ligne, sur les aides à la presse française. Un soutien global qui réduit l’indépendance de l’information, inutile de le démontrer.
En 2016, comme le rapporte un petit classement de l’OJIM, voici les 10 titres qui ont touché le plus d’argent de l’État, c’est-à-dire de vous, de nous :
Aujourd’hui en France : 7 770 000
Libération : 6 499 000
Le Figaro : 6 456 000
Le Monde : 5 438 000
La Croix : 4 400 000
Ouest-France : 4 094 000
L’Humanité : 3 590 000
Dépêche du Midi : 1 650 000
Les Échos : 1 643 000
Groupe Le Progrès : 1 609 000
Il s’agit d’aides directes. Du cash sur le compte en banque, et sans contrepartie. Les aides indirectes sont 10 fois plus importantes et touchent au transport, à la TVA, à La Poste, à des exonérations fiscales...
Cependant, ces aides ne seraient pas indignes en pays démocratique si elles servaient la pluralité des opinions. Ce qui n’est pas le cas, tout le monde peut en convenir. Il n’y a pas une feuille de papier à cigarette entre les propositions idéologiques des 10 titres cités. Même l’aide en soi n’est pas pluraliste : 50% des aides vont à 2% des titres. Une concentration mortelle pour la démocratie et destinée à une presse qui va de toute façon crever.
Pour être honnêtes, ce ne sont pas quelques millions d’euros qui sauvent les quotidiens français lourdement endettés, et quasiment tous en faillite virtuelle. Les groupes de presse sont la plupart du temps dépendants de puissances économiques ou de la puissance publique, sinon des deux. Contre le relais aveugle de la pensée dominante, que l’on peut résumer en socialo-sionisme libéral, ces groupes de journaux et magazines bénéficient d’avantages fiscaux et économiques certains. La faiblesse économique implique la soumission politique.
- Le dernier numéro de décembre 2017 de Marianne renferme seulement 4 publicités dont 2 du groupe de l’Israélien Patrick Drahi, une façon d’orienter le rédactionnel
Et n’oublions pas les annonceurs, qui enserrent les publications entre leurs griffes, plus encore lorsque la pub se fait rare. L’information n’est pas indépendante du milieu politico-économique : elle s’y plie. La presse dit la parole dominante, et sa faiblesse structurelle la pousse à relayer les injonctions de l’oligarchie (publique ou privée) qui tient tous les cordons de la bourse : banque, publicité, subvention.
À l’arrivée, il ne reste plus grand-chose de la liberté d’expression – trop aléatoire, trop imprévisible, trop dangereuse – et bien sûr de l’indépendance. À force de planquer la vérité au grand public, la presse mainstream est devenue un monument de stupidité. Elle n’a vraiment plus rien pour elle : elle est pauvre, soumise, sotte et chère. Et ce n’est pas la loi à venir de Macron contre les fausses nouvelles – de la part de ces menteurs pathologiques que sont les hommes politiques, ça laisse pantois – qui va changer la donne.
Serons-nous un jour forcés par la loi d’acheter Le Monde, moins de 20 pages de lecture oligarchique, un journal qui, on le rappelle, vaut actuellement 2€60, c’est-à-dire le prix d’un magazine ?
Le contrôle de la presse en ligne
De l’autre côté de la barrière, l’information en ligne est de deux ordres : la première émane des grands groupes pré-cités, qui touchent en plus de l’argent pour la numérisation de leurs contenus (généralement ineptes mais destinés à occuper l’espace internétique), la seconde est le fait des véritables indépendants, dont nous sommes, à E&R. Nous savons depuis la création du Fonds stratégique pour le développement de la presse que 10 à 15 millions d’euros sont alloués chaque année à ceux qui produisent de l’information en ligne, mais la chose, pourtant lancée par Sarkozy, est tenue par la gauche culturelle dominante.
Le Fonds stratégique permet d’accorder des subventions ou des avances remboursables aux projets des services de presse en ligne, des entreprises éditrices de presse imprimée et des agences de presse qui répondent à un certain nombre de critères.
« À un certain nombre de critères »... Le diable est dans les détails. On imagine ce que peut donner un dossier floqué E&R de demande d’aide pour le développement de son portail – le premier de France pour ce qui concerne l’information politique – d’un montant inférieur à 75 000 euros...
Les projets éligibles au soutien du Fonds faisant l’objet d’une demande de subvention ou d’avance remboursable d’un montant inférieur à 75 000 euros sont soumis à une procédure d’examen spécifique. La direction générale des médias et des industries culturelles [dirigée par l’oligarque Martin Ajdari] instruit les dossiers, statue sur les demandes et établit la convention.
Revenons sur le SPIIL, réputé noyauté par les trotskistes, et qui bénéficie d’un siège sous le robinet à fric de la presse en ligne :
Le Spiil détient un siége de suppléant à la Commission paritaire des publications et agences de presse (CPPAP), qui délivre les reconnnaissances pour la presse numérique comme pour la presse papier. Le Spiil y défend en particulier une conception large du principe de presse d’information Politique et Générale.
- Les invités d’une table ronde du SPIIL le 14 décembre 2017 à Paris : Fottorino vient du Monde , Roberts de Libération, Schneidermann de France 5, de Libération et du Monde...
Jean-Christophe Boulanger est le président du SPIIL depuis 2015. Il a créé le site d’informations européennes euractiv.fr qui est financé, entre autres, par la fondation de Bill & Melinda Gates et l’Union européenne.
Voici les statuts et les conditions du Fonds de soutien à l’émergence et à l’innovation dans la presse, et regardons si E&R est éligible à une aide...
Pour les services de presse en ligne, le contenu rédactionnel doit répondre à l’un des critères suivants :
présenter un caractère d’information politique et générale ou être consacré pour une large part à l’information politique et générale (« 39 bis A »), reconnus comme tels par la Commission paritaire ;
apporter régulièrement des informations et commentaires sur l’actualité nationale et internationale de l’ensemble des disciplines sportives ;
développer l’information professionnelle ;
favoriser l’accès au savoir et à la formation, la diffusion de la pensée, du débat d’idées, de la culture générale et de la recherche scientifique.
Oui, oui, bof, oui... Mais, mais c’est exactement ce que fait E&R, ça ! Ça colle pile-poil ! Allons sur le champ toucher nos 50 000 euros !
- Le comptable d’E&R jubile, il va toucher une forte somme d’un fonds d’aide à la presse politique en ligne !
Conclusion 1 : seule la gauche compatible avec le Système a droit à des aides en ligne.
Conclusion 2 : va falloir nous aider encore un peu !