« La violence de l’accueil qu’a reçu Astérix et Obélix m’a semblé inouïe » (Gilles Lellouche)
Salauds de Français : alors qu’il fallait « seulement » 6 millions (!) de spectateurs pour sauver Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu de Guillaume Canet, suite à une sauvage campagne de sabotage médiatique, les aventures de nos deux Gaulois chez les Chinois ont difficilement atteint les 4,5 millions de curieux. Ce qui fait un trou de 15 à 20 bâtons pour la production.
Autant dire que Canet n’aura plus jamais les gros moyens (66 millions) de faire un blockbuster. À Hollywood, qui ne supporte pas l’échec commercial, il aurait été rétrogradé et placé sur des prods à budget limité. La méthode punitive prime, là-bas : Coppola en sait quelque chose après son Coup de cœur (1982) au budget multiplié par 13 qu’il mettra des décennies à rembourser, et même Scorsese, après son Gangs of New York en 2002.
Après un flop, en général, ces réalisateurs semi-indépendants développent une dent contre le Système (hollywoodien) et cherchent à le lui faire payer. D’où les allusions aux grands patrons des studios et à leurs méthodes dans les films de gangsters de Scorsese (on en a parlé dans le Financement associatif de la Rédaction). Nul doute que Canet, ce réalisateur bien-pensant, sera sauvé par la patrouille, car le cinéma français est une grande famille, et si un film ne marche pas, c’est forcément la faute de la presse ou du public.
Cinéma des copains, cinéma consanguin
Sur Allociné, l’opus de Canet est crédité d’une note de 1,9 sur 5 par les spectateurs. La presse, qui se fait inviter et qui donc ne paye jamais son obole, hisse la note à 2,4 sur 5. Pour Lellouche, interrogé par Le Figaro, c’est la faute de l’époque :
« Guillaume est un ami de très longue date. Quand je l’ai vu partir dans cette aventure, j’ai été fidèle. Je ne regrette absolument pas. La véhémence des gens sur le film m’a beaucoup étonné. Tous les films sont attaquables et j’entends les raisons pour lesquelles le film ne plaît pas. Mais les attaques personnelles sur un film familial, qui n’a rien d’un brûlot, qui n’a pas d’autre prétention que divertir le plus grand nombre, je ne les comprends pas. La violence de l’accueil qu’il a reçu m’a semblé inouïe. C’est un peu le drame de l’époque. »
Cette violence, c’est l’autre nom de la libre expression qui se déchaîne sur les RS contre les représentants du Système. Le problème, c’est quand l’oligarchie du cinéma – car la grande famille en est une – décide de divertir le plus grand nombre en respectant les commandements du woke. Le film doit donc être féministe, antiraciste, LGBTiste, bref, la soupe propagandiste gave une population qui supporte de moins en moins la victimisation des minorités agressives : la majorité silencieuse (on lui coupe le micro) des Français d’en bas a fort à faire avec la multicrise qui la frappe de plein fouet.
Justement, Courrier international nous apprend que le woke a du mal à s’imposer en France, contrairement à la Grande-Bretagne, où l’offensive a pénétré tous les secteurs de la société :
Le contraste avec la France est saisissant. Mon plus jeune frère (un végétarien aux cheveux longs d’une vingtaine d’années qui travaille dans une start-up parisienne) a été stupéfait quand, lors d’un récent dîner, des membres de la famille installés à Londres se sont mis à parler de leurs ateliers hebdomadaires sur l’inclusion et des e-mails quotidiens sur l’importance de la bienveillance au travail et du langage non genré. « Il n’y a rien de tout ça ici, s’étonne-t-il. Je n’ai jamais entendu personne parler de diversité au boulot ».
Il ne fallait donc pas faire un Astérix woke, c’est-à-dire anglo-saxon, mais un Astérix français. Jusque-là, Canet incarnait la « réussite éclatante », pour Public :
Des récompenses, une compagne superbe – qui réussit tout autant que lui et à l’international, s’il vous plaît – avec laquelle il forme une jolie famille, des amis plein le cinéma français et, en prime, une conscience écolo qu’il met en action. Ajoutez à cela qu’il est beau gosse et vous obtenez le portrait de l’homme idéal écolo-bobo-intello.
Sauf qu’en période insurrectionnelle, la tendance écolo-bobo-intello ne fait pas recette. De plus, et c’est très woke, sa superbe compagne est partie un temps copiner avec Camille Cottin, une femme qui aime les femmes. Conclusion : le woke ne fait pas le bonheur.
Depardieu, le vrai Obélix