En matière d’inflation, de baisse du pouvoir d’achat, et donc de montée de la pauvreté (la France compte officiellement 9 millions de pauvres), la presse se trouve entre le chien et l’os : chien du gouvernement, os du consommateur. Le gouvernement dit « inflation à 6 % », le consommateur répond « au moins 4 fois plus » : 27 % d’augmentation sur les œufs, les pâtes, le lait. En un an, le panier moyen est passé de 75 à 96 euros, soit près de 30 % de hausse.
- Photo prise dans un Intermarché du 92
le 27 mars 2023
La sous-estimation gouvernementale est évidemment politique : le peuple doit rembourser, via la TVA sur tout ce qu’il achète, l’argent « gratuit » dilapidé par Macron depuis 2020 (200 milliards minimum, 600 maximum), depuis que le pays a été mis à l’arrêt pour raisons « sanitaires ».
“Quand tu mets 400 milliards dans l’armée le lendemain d’une manifestation, c’est pas que t’as peur des autres pays, c’est que t’as du tien” pic.twitter.com/Gshe8tMWRM
— Bouchra (@BouchraAwake) March 25, 2023
On sait aujourd’hui que cette raison ne tient pas, et que le pays a été mis aux arrêts pour une raison économique, en phase avec le Great Reset : produire de la dette, produire des intérêts, c’est-à-dire favoriser les grands créanciers, à la fois sur le marché français (Banque de France, banques et assurances privées) et sur le marché international (grands prêteurs du Golfe, fonds de pensions). Galhau, le patron de la Banque de France, nous avait prévenus : 2023 sera l’année où il faudra rembourser.
Deux conséquences chez le consommateur, ou la ménagère : une baisse drastique de la consommation chez les moins riches, une érosion de l’épargne pour les plus aisés. On rappelle que l’épargne des ménages est estimée à 14 000 milliards d’euros, principalement en assurances-vie et en immobilier. C’est le trésor national sur lequel lorgnent les fonds de pensions et les assureurs, sans oublier les banques.
Une crise immobilière, comme celle de 2008, fait passer des centaines de milliers de propriétés, dont les gens ne peuvent plus payer les traites, dans le giron des banques. Cela a été le cas aux États-Unis, forçant des centaines de milliers de septuagénaires, qui avaient misé sur la retraite par capitalisation (indexée sur le marché), à retourner bosser. Nous n’en sommes pas encore là en France, mais nous prenons, « grâce » à la gestion néolibérale, le chemin de la récession économique et du crash bancaire.
Conséquence inattendue de la hausse vertigineuse des prix à la consommation, l’explosion des vols dans les magasins (+ 10 % en 3 mois !). Le Figaro écrit :
« Je vis avec un budget étudiant serré, mais je ne pensais pas qu’un jour j’en serais réduite à voler », avoue Camille, une jeune femme de 22 ans. Quand elle arpente les rayons de la supérette de son quartier, à Paris, cette étudiante en troisième année d’architecture ne dérobe ni du maquillage ni « du textile », mais de la nourriture. Ce jour-là, l’étudiante repart avec du jambon et un fromage dissimulés au fond de son sac. Avec ce larcin, elle pourra se faire un repas amélioré, comparé au riz, aux pâtes et aux conserves qui constituent l’essentiel de ses menus.
Le Monde, de son côté, précise que ces vols concernent toute l’Europe :
Le 12 février 2022, une retraitée de 70 ans, en proie à de grandes difficultés financières, est arrêtée en banlieue d’Athènes en train de voler dans un supermarché de l’enseigne allemande Lidl, un hard-discounter. Elle avait caché dans son sac de la viande et du fromage pour un montant de 40 euros. L’arrestation provoque un mouvement de solidarité, plusieurs magasins de l’enseigne sont vandalisés et l’entreprise finit par retirer sa plainte contre la septuagénaire.
Conséquence de cette conséquence, les supermarchés et hypermarchés s’équipent en moyens de télésurveillance, de sécurité (des steaks protégés par antivol ou GPS !) et en effectifs (vigiles partout, caissières nulle part), tout en sachant que les voleurs ne peuvent pas être appréhendés comme ça : seule la police a le droit, mais elle ne se déplace pas en dessous de 80 euros de larcins. Or, la plupart des gens volent pour manger, ou pour retrouver leur niveau de consommation perdu. Ce sont par exemple les plaques de saumon, faciles à fourrer dans sa veste, qui sont les plus prisées.
Même constat partout, que ce soit chez Franprix ou chez Biocoop : et ce ne sont pas toujours les prolos qui volent, le personnel des magasins bio ayant quelques scrupules à fouiller dans les sacs des bourgeoises (bobos). Ceux qui se frottent les mains sont les fabricants de sécurité alimentaire.
« Les prendre la main dans le sac, c’est la mission de Mamadou »
Le néolibéralisme aux commandes produit de l’extrême richesse d’un côté (avec 142 milliards en 2022, les bénéfices des entreprises du CAC40 n’ont jamais été aussi hauts) et de l’extrême pauvreté de l’autre. Pour faire tenir cette société aussi injuste que fracturée, il n’y a plus que la répression policière. Ce régime ne tient plus que sur cette violence. Nous basculons dans un État policier. Pour le coup, les gauchistes ont (enfin) raison.