Mercredi 1er mars 2017, François Fillon précise sa détermination quant à l’élection présidentielle, malgré sa future mise en examen. Jeudi 2 mars 2017, son équipe de campagne le lâche.
On pensait le candidat LR revenu dans la course – après négociation avec le clan sarkozyste – mais les défections se multiplient dans l’équipe de campagne de François Fillon. Visiblement, il n’a pas donné tous les gages qu’attendaient de lui les apparatchiks des Républicains.
Concrètement, l’équipe de campagne de François Fillon se réduit désormais aux fillonistes historiques et à Sens commun, mouvement politique issu de la Manif pour tous.
Démissions en cascade
Dans le sillage du juppéiste Vincent Le Roux et du directeur adjoint de la campagne, le lemairiste Sébastien Lecornu et une quinzaine de permanents du QG de François Fillon quittent la campagne du candidat de la droite, ce jeudi 2 mars. Il s’agit d’hommes et de femmes de l’ombre inconnus du grand public mais jugés indispensables à l’organisation d’une campagne.
Sébastien Lecornu, président LR du conseil départemental de l’Eure, a annoncé qu’il démissionnait de ses fonctions de directeur adjoint de la campagne de François Fillon. Il l’a fait savoir dans un communiqué :
« N’étant plus à même de remplir mes fonctions, j’ai présenté aujourd’hui ma démission de directeur adjoint de la campagne présidentielle afin de me consacrer pleinement à mon département de L’Eure et à ma ville de Vernon. »
Proche de Bruno Le Maire, lui même démissionnaire ce mercredi, Sébastien Lecornu a rapidement été suivi par l’autre directeur adjoint de campagne, Vincent Le Roux. De nombreux salariés de la campagne ont alors quitté le navire.
Le juppéiste Vincent Le Roux a confié au Point les raisons de son départ :
« Je pense que je n’étais plus en capacité d’être efficace, il faut des conditions pour l’être et l’une de ces conditions est un engagement total auprès du candidat. Une campagne électorale et notamment présidentielle est un engagement, un partage total et une osmose avec l’homme et les idées que vous servez. Si vous estimez que vous ne pouvez plus être efficace, vous devez partir. »
Le vice-président des Jeunes Républicains, Paul Guyot, appelle quant à lui les élus de droite à parrainer le maire de Bordeaux Alain Juppé : « La droite ne peut plus rester prisonnière de François Fillon. Alain Juppé est aujourd’hui le plus à même de nous rassembler », écrit ce proche de Bruno Le Maire sur Twitter.
D’autres proches de Bruno Le Maire ont rejoint sa démarche : Arnaud Robinet, député et maire de Reims ; Laure de La Raudière, députée d’Eure-et-Loir et porte-parole de M. Fillon pour le numérique ; Franck Riester, député de Seine-et-Marne ; Alain Chrétien, député et maire de Vesoul.
L’UDI a annoncé, par la voix de son président Jean-Chistophe Lagarde, que la parti suspendait sa participation à la campagne de François Fillon. Le député Yves Jégo, qui avait soutenu Le Maire pendant la primaire, a publiquement approuvé la position de l’ancien ministre.
La maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau, a également appelé à un retrait de François Fillon, dans une tribune publiée dans Le Monde.
Selon plusieurs médias, de nombreux permanents, dont plusieurs proches d’Alain Juppé mais aussi de Nicolas Sarkozy, ont également décidé de quitter l’équipe de François Fillon.
La sénatrice Fabienne Keller, porte-parole d’Alain Juppé pendant la campagne de la primaire, a été la première à claquer la porte ce mercredi.
Le député de Paris Pierre Lellouche a estimé mercredi que la campagne de M. Fillon avait atteint un « point de non-retour ». Il a demandé que l’élection présidentielle soit reportée. Il a été rejoint par la députée Catherine Vautrin, vice-présidente de l’Assemblée, qui a dit souhaiter « un autre candidat ».
Le député Sébastien Huyghe a lui tweeté : « On ne peut pas dire les yeux dans les yeux aux Français qu’on se retirera en cas de mise en examen et faire le contraire aujourd’hui. »
Jean-Luc Warsmann, député LR des Ardennes, a décidé de « ne pas participer à la campagne » de François Fillon qui a « réagi par des arguments et des mots [qu’il] ne partage pas ».
L’ancienne ministre Christine Boutin a également demandé à M. Fillon de « retirer sa candidature », « au nom de la parole donnée ».