Il n’y a pas de « Cannes » sans scandale, et Cannes est un amplificateur de scandale. C’est pourquoi Cannes est le meilleur moment pour foutre le souk et faire entendre sa voix, aussi futile soit-elle. Et du souk, il y en a, dans et autour de ce festival mondial du woke. Car on ne peut plus l’appeler autrement. Nous, on aime bien le cinéma, mais pas la propagande woke qui se glisse derrière certains films, des films en général aussi médiocres qu’accompagnés d’un discours de justification antidiscriminatoire. C’est comme l’art contemporain : moins il y a d’œuvre, plus il y a de bla-bla, et le discours accompagnant n’est que de la vente : vente aux médias, vente aux spéculateurs.
Quand les féministes dévorent leur propre mère
Deux scandales agitent ce début de 76e édition : le premier, c’est la tribune polémique des 123 actrices pour dénoncer les violences sexuelles dans le milieu du cinéma, et surtout la présence de Johnny Depp en star – c’est l’invité d’honneur officiel – du festival.
Ces 123 désinformées font de Johnny un mec violent, alors qu’il a mis des années à se débarrasser d’une folle qui a menti comme une arracheuse de couilles pour lui extorquer des dizaines de millions de dollars. Le procès, tout le monde l’a suivi : l’accusatrice a fini dans sa propre boue. Les féministes diront que la justice américaine est sexiste et pourrie, ce qui n’est pas vrai : la même justice a durement condamné The Pig, Harvey Weinstein, le producteur couvert d’or et de femmes. Des femmes très ambivalentes...
Le Porc a profité pendant des décennies de son statut de « God » d’Hollywood, de celui qui pouvait faire gagner des Oscar à ses acteurs et surtout à ses actrices. Il leur demandait de le masturber dans sa salle de bain, c’est pas glorieux, mais c’était le deal. Et près de 100 actrices y sont passées, ou ont été invitées à cet échange de bons procédés : une branlette (ou une pipe) contre un rôle avec un grand réal dans un film oscarisable.
Des années plus tard, une partie des chialeuses, une fois démonétisées sur le marché, ont fini par l’attaquer en justice et gagner. RIP le Pig, désormais la hargne féministe doit se trouver une autre victime expiatoire. Sauf que Johnny, même camé, même alcoolo, c’est pas Harvey. Il n’a violé personne, et s’il a engueulé une fois Amber (Heard) en refermant très fort un placard de cuisine et en éclatant une bouteille par terre, c’est bien le diable. La chute d’Amber a mis les hystéros en PLS, mais le combat doit continuer.
Alors, de ce côté-ci de l’Atlantique, 123 « actrices » mettent la pression sur Iris Knobloch et le jury. Il faudra au moins brûler Johnny en place publique et refiler la Palme 2023 à une meuf, sinon c’est la war !
La tribune, écrite en inclusif et dégoulinante de victimisation, a été diffusée dans le moins lu des canards, Libé, le 16 mai 2023.
« Nous sommes profondément indigné·es et refusons de garder le silence face aux positionnements politiques affichés par le Festival de Cannes. Nous refusons d’être associées aux décisions prises ces dernières semaines. En déroulant le tapis rouge aux hommes et aux femmes qui agressent, le festival envoie le message que dans notre pays nous pouvons continuer d’exercer des violences en toute impunité, que la violence est acceptable dans les lieux de création. »
L’actrice Adèle Haenel
A gauche avant le wokisme y a 2 ans
A droite avec le wokisme aujourd’hui
Cette idéologie dévastatrice rend fou. pic.twitter.com/lW90bQKZX5— MIKE BOROWSKI (@BOROWSKIMIKE) May 16, 2023
Haenel, qui a bénéficié du soutien – sur 27 pages ! – de Mediapart en novembre 2019 quand elle a révélé la violence sexuelle qui règne dans le cinéma, a signé une tribune personnelle dans Télérama, dans laquelle elle « annule » les méchants de son monde :
« Face au monopole de la parole et des finances de la bourgeoisie, je n’ai pas d’autres armes que mon corps et mon intégrité. De la cancel culture au sens premier : vous avez l’argent, la force et toute la gloire, vous vous en gargarisez, mais vous ne m’aurez pas comme spectatrice. Je vous annule de mon monde. »
Après cette révolte des 123 dans un verre d’eau bio et le départ grandiloquent de l’irremplaçable Haenel, passons au second scandale de la semaine. Il concerne la féministe Catherine Corsini, réalisatrice du Retour, un énième film de femmes pour femmes, en compétition controversée à Cannes.
La classe ! On dirait un reportage de France 3 à SOS Méditerranée réalisé par un sous-Pialat de SOS Racisme. Voici l’avis d’un spectateur professionnel (du Mag Cinéma) qui a aimé :
Dans ce film, comme dans tout film woke qui manque de scénario, il y a des scènes de sexe. Corsini a subi des dénonciations anonymes d’employé(e)s de son plateau pour son prétendu comportement de tyran, plus deux signalements en justice par deux mineures pour une scène de sexe inappropriée et deux « agressions » sexuelles. Le Monde a interrogé la féministe, qui partage sa vie avec une femme, sa productrice.
Un mail anonyme, envoyé le 4 avril aux grandes institutions du cinéma et aux festivals, avait jeté l’opprobre sur Le Retour, le nouveau film de Catherine Corsini, accusée, pêle-mêle, de « harcèlement, violences verbales et physiques, humiliation et autres comportements au moins inadaptés ». Le conseil d’administration du Festival de Cannes, qui avait sélectionné le film, a un temps suspendu sa décision pour enquêter sur « l’affaire » : un certain nombre de petits événements mis bout à bout – une bouteille d’eau lancée dans un mouvement d’humeur, un accident de voiture heureusement sans gravité… – associés à deux signalements pour des faits de harcèlement sexuel. Faute d’éléments moralement et judiciairement condamnables, le Festival a confirmé la projection du film, ce mercredi 17 mai, en compétition officielle. Alors que la réalisatrice, Catherine Corsini, et sa productrice, Élisabeth Perez, qui est également sa compagne, s’étaient jusqu’ici refusées à parler, elles réagissent, ici, pour la première fois aux accusations qui les ont plongées dans la tourmente.
L’article du Monde étant payant, on n’ira pas plus loin. Ce qui ressort des accusations anonymes qui visent le couple Corsini-Perez, c’est ce paradoxe : les féministes commencent à s’entredévorer. Car on n’est jamais assez féministe, ou alors on est une féministe sexiste, une féministe anti-féministe... Bref, le féminisme se mord la queue. Conséquence de ces attaques, Corsini a quitté la SRF (Société des réalisatrices et réalisateurs de films). Pour éviter la condamnation publique par le tribunal féministe, elle tente quand même d’incriminer les hommes :
« Dans les choses qui m’ont été reprochées, je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il y a un fond de misogynie. J’ai été l’une des premières à travailler avec des équipes féminines – sur Le Retour, un seul chef de poste était un homme. »
Attention, la préférence sexuelle à l’embauche est de la discrimination... Le reste de l’interview est littéralement délirant : la réalisatrice est obligée de se justifier à propos de deux agressions sexuelles vécues par les mineures, écoutez bien, une main aux fesses par un cascadeur, et un frottage avec un coach pendant une danse !
Le woke est un virus qui détruit tout ce qu’il touche, et qui finit par lui-même.