Alexandre Devecchio et Étienne Campion ont organisé pour Le Figaro Magazine un grand entretien entre BHL et Mathieu Bock-Côté, qu’on appellera MBC. BHL contre MBC, on va voir qui du faux philosophe mais vrai sioniste haineux antifrançais et du sociologue souverainiste québécois l’a emporté. L’article étant payant, nous avons comme d’habitude relevé les déclarations les plus intéressantes en essayant de ne pas trahir l’esprit des bretteurs.
Ce ne sera une surprise pour personne mais même pris la main dans le sac de mensonges, BHL nie. Peut-on finalement dialoguer avec un menteur ? Et avec un menteur qui bénéficie de plus de surface médiatique que tous les vrais penseurs marginalisés par le Système ?
C’est tout le problème des intellectuels punis : ils assistent à un banquet de menteurs, sinon de désinformateurs, et à la moindre réaction se font traiter de tous les noms. Dans les noms il y a « populiste », « complotiste », « fasciste », « antisémite », « conspirationniste », bref, ces qualificatifs usés jusqu’à l’os par BHL dans ses diatribes et forcément dans l’interview qui va suivre.
Passons au combat d’idées.
Vous reconnaissez-vous dans le clivage opposant « progressistes » et « nationalistes » défini par Macron ?
BHL : Pas tout à fait. J’ai instruit depuis maintenant quarante ans, en fait depuis La Barbarie à visage humain, le procès du nationalisme. Mais je ne suis pas non plus « progressiste ». Je suis républicain. Démocrate. Je veux contribuer à sauver l’Europe, qui est en train de partir en fumée sous nos yeux. « Progressiste », littéralement parlant, cela signifie qu’on croit qu’il y a une main invisible qui mène l’Histoire vers le mieux. Je ne crois pas cela.
MBC : Pas du tout. Je m’oppose à cette représentation du débat public qui prétend mettre en scène la lutte entre le bien et le mal, le fréquentable et l’infréquentable, la société ouverte et la société fermée, l’avenir radieux et le « repli » – lui-même menant vers les « heures les plus sombres de notre histoire »…
Bref, je refuse d’accorder à un camp ou à un autre le monopole du bien, du juste ou du vrai. De même, si nous avons vraiment face à nous des « lépreux », comme on l’a entendu, envoyons-les se faire soigner et ne les laissons pas contaminer la cité.BHL : Qui a parlé de « lépreux » à part vous ?
MBC : C’est une blague ? Emmanuel Macron, à ce que j’en sais, a parlé de « lèpre populiste ».
BHL : Il n’a pas parlé de lépreux. La « lèpre populiste », cela signifie qu’il y a quelque chose qui corrode la culture démocratique…
MBC : La lèpre fait des lépreux. Ne faisons pas semblant que ce qui a été dit n’a pas été dit. Ne soyons pas exagérément surpris non plus. Avant la lèpre populiste, il y avait la peste brune, qu’il était encore à la mode de dénoncer il y a quelques années. Dans ce débat bien mal construit, on veut nous faire croire qu’il y aurait d’un côté la démocratie libérale censée s’accomplir avec la société diversitaire et le remplacement du pouvoir des élus par le gouvernement des juges, et de l’autre une régression vers la démocratie illibérale, caractérisée par une définition exagérément étroite de la nation et une hypertrophie du pouvoir politique. Le problème, c’est qu’on rabat vers la démocratie illibérale des concepts fondamentaux de la démocratie moderne, comme la souveraineté populaire ou la souveraineté nationale. Dans cette logique, plusieurs figures héroïques ou admirables de l’histoire de la démocratie libérale au XXe siècle, comme Winston Churchill, le général de Gaulle ou Raymond Aron, seraient repoussées aujourd’hui dans le camp des illibéraux infréquentables. Ce qui est évidemment absurde.
BHL : Personne ne parle de camp du bien et de camp du mal, en tout cas pas moi. J’ai passé mon temps à me battre contre le totalitarisme. C’est-à-dire contre une pensée qui voit d’un côté les vertueux et de l’autre les non-vertueux. Non. La vérité, c’est qu’il y a des sociétés un peu plus respirables que d’autres, voilà tout. Les démocraties libérales sont plus amicales à la culture, à la vie de l’esprit, à cet héritage irremplaçable de l’Europe. Quant à la question du « peuple », il faut le dire clairement : la souveraineté populaire est, bien sûr, le principe de la démocratie. Mais aucune souveraineté n’est absolue en démocratie. Aucun pouvoir n’est absolu, ou alors c’est un pouvoir tyrannique. Un démocrate libéral est quelqu’un qui pense que le peuple est souverain mais que, comme tout souverain, ses pouvoirs doivent être limités. Cette idée nouvelle que le peuple peut aller au bout de sa puissance, cela n’est pas la démocratie. C’est peut-être la culture « gilets jaunes ». Mais ce n’est pas la démocratie.
Les dirigeants en Hongrie ou en Italie, qui revendiquent leur illibéralisme ou leur souverainisme ont été élus légitimement. En quoi ne seraient-ils pas démocrates ?
BHL : Ils n’ont pas tous les pouvoirs, mais ils sont en situation de suspendre ou de limiter les usages démocratiques et libéraux, comme la justice ou la presse. Et cela se fait au nom de la souveraineté populaire, puisque ce pouvoir qu’ils ont de suspendre des journaux ou d’intimider des juges, ils prétendent le tenir de la souveraine illimitée dont le peuple serait détenteur. Je ne vous dis pas qu’Orbán est Poutine. Mais quand on sait qu’il est son allié, on peut faire une dissociation entre le monde des démocraties dans lequel je voudrais vivre, et le monde de Poutine dans lequel je n’aimerais pas vivre. Quant au souverainisme, je pense, en effet, qu’il conduit nécessairement à une France étriquée dont on réduit les ambitions et la place dans l’Histoire. Moi je voudrais qu’on fasse l’Histoire pour le meilleur. Je voudrais que la France retrouve son rôle et son rang. Mais le souverainisme est une politique de village. C’est une politique minuscule. C’est une politique qui passe à côté des enjeux où se joue le destin des peuples.
Finalement on a mis tout le début de l’entretien (en espérant que Devecchio ou sa dulcinée ne vont pas nous taper dessus), tant pis pour le reste mais gouverner c’est choisir, c’est trancher, a dit un homme politique célèbre qu’on n’a pas le temps de retrouver sur l’Internet.
D’aucuns vont nous reprocher de reprendre presque systématiquement la prose du complotiste sioniste BHL. Il y a du vrai, mais heureusement, 90% de sa cargaison part au fond de l’eau. On récupère parfois quelques caisses qui flottent à la surface des médias, vous tenant ainsi et nous par la même occasion au courant de la ligne socialo-sioniste aux commandes. Sans cela, nous ne relayerions pas la mauvaise foi de cet homme qui a fait tant de mal à notre pays et à sa réputation culturelle. Même les Américains pourtant bien-pensants du New Yorker en ont marre de lui. Si la France le rejette, si les USA qu’il admire le rejettent, où va pouvoir émigrer notre désinformateur national ? Dans son palais de Tanger ? De Marrakech ? Sur une île déserte ? Pourquoi cet homme qui hait la France n’a-t-il pas fait son alyah en Israël ?
Pour ceux qui regrettent l’entretien entier et qui n’ont pas les moyens de s’acheter le FigMag, voici un pur cristal de BHL. Il y est naturellement question de son obsession : l’antisémitisme des classes populaires, l’antisémitisme séculier de la France, celui qu’il dénonçait déjà dans L’Idéologie française, il y a 38 ans de cela. En cela, BHL est fidèle à ses idées, pardon, à sa haine.
Concernant les Gilets jaunes, Bernard-Henri Lévy, vous avez dénoncé leur extrémisme et leur antisémitisme. N’êtes-vous pas dans l’amalgame ?
BHL : Je pense que l’antisémitisme n’est pas seulement « à la marge », non. Il lui arrive aussi d’être au cœur du mouvement. Ou dans la tête de ses représentants les plus emblématiques. Cela me paraît incontestable. L’amalgame se fait de lui-même. Il coagule des paroles venues d’extrême droite et d’extrême gauche. La haine de la République en est une, l’antisémitisme aussi. C’est déjà arrivé, dans l’Histoire, qu’un mouvement fascisant charrie, aussi, des revendications sociales et démocratiques légitimes. Il n’y a pas que l’antisémitisme, cela dit. Il y a la haine des élites, des experts et de la représentation. Encore une fois, la démocratie, sa grandeur, c’est aussi l’amour des élites, ou l’envie d’en être. Dans le Front populaire, on ne détestait pas les élites.
Ah bon ? Même les 200 familles ? Et un mensonge de plus, un...