(La photo de une correspond à la scène où le héros qui veut changer de sexe mais qui aime la danse se fait moquer par les méchantes vraies filles...)
Des fois c’est une année à scolopendres, des fois une année à mouches, des fois une année à Roms. 2018 est manifestement une année à pédés.
On pensait que la Palme d’or de La Vie d’Adèle aurait suffi à calmer le lobby LGBT mais pas du tout : il leur faut tout-e-s. Cependant, le grand obstacle à l’obtention d’une seconde Palme pour le lobby pédé c’est le lobby féministe, qui arrive en force cette année, dans le jury et sur les marches. Pensez donc : elles ont été 82 à grimper pour montrer au monde entier (qui ne regarde plus cette exhibition vulgaire) la souffrance des « femmes » !
« Me Too » oblige, la guerre au principe intangible du cinéma sexiste « une baise contre un rôle » est déclenchée. Conséquence inattendue, effet pervers de la déweinsteinisation du 7e Art : on ne devrait plus voir que des moches à la place des belles dans les films. En même temps, les scénarios sont déjà tellement moches que des actrices moches par-dessus, c’est plutôt raccord.
Aussitôt après cette ouverture des hostilités, contre-attaque du lobby LGBT par Christophe Honoré, interrogé par le magazine de gauche sociétale Society (société, en français) :
« C’est une histoire que j’avais envie de raconter depuis longtemps mais je ne me l’étais pas autorisé. Après, je me méfie parce que c’est dangereux d’essayer d’expliquer qu’il y a des raisons et des intentions alors qu’il n’y en a pas forcément. N’empêche que toutes les manifs autour du projet de loi sur le mariage pour tous, en tant qu’homo, ça m’a profondément marqué. Je me suis vraiment reproché quelque chose : “Tu étais aveuglé, t’avais ta petite vie tranquille…” Moi, j’ai toujours assumé mon homosexualité sans l’afficher, avec l’impression de la vivre sans conflit avec le monde. Et à ce moment-là, je me suis aperçu que c’était faux, que pour une partie de ce monde, je représentais quelque chose qui était de l’ordre du danger et qu’il pouvait y avoir une forme de discrimination entre les couples. »
On vous laisse imaginer sa souffrance, et on reprend.
Prêts ?
Et maintenant, en exclusivité locale sur E&R, voici la débande-annonce du « filmomo » (on espère que l’Académie validera le mot en 2019) :
On ne critiquera pas le film pour deux raisons :
1 on n’a pas trop regardé la bande-annonce,
2 on n’ira probablement pas voir le film, pas par homophobie mais à cause du risque de sida dans la salle par le truchement d’attouchements inappropriés.
Nous allons plutôt nous intéresser à l’époustouflante vie d’aventurier du réalisateur Christophe Honoré dans les années 90 à Rennes (James Cameron peut remballer sa trilogie sous-marine sur Pandora qui arrive) :
« Ce sont des souvenirs tellement vivaces ! Je pourrais par exemple vous raconter l’après-midi où je suis allé voir La Bande des quatre de Rivette au Cinéma l’Arvor, rue d’Antrain, où j’étais assis dans la salle et comment, en sortant de là, j’ai rejoint mes amis pour boire une bière, comment je les ai quittés pour aller traîner sur un lieu de drague et comment j’ai fini par rentrer. Ce n’est pas du tout un monde englouti. C’est hier. Donc c’est très troublant. C’est une mémoire tellement vivace que je n’ai pas besoin de l’entretenir. Et je sais très bien que quand je suis sur un plateau de cinéma, ça me revient par vagues. J’ai toujours l’impression d’être un étudiant de 22 ans. Mais c’était une période inquiète aussi. J’étais inquiet et je sentais bien que les gens à qui je parlais de films pensaient : “Oh il est peut-être temps qu’il fasse un IUT.”
On vivait beaucoup la nuit aussi. On avait un tropisme pour l’alcool. Ça coûtait moins cher, on buvait dans les bars, on ne buvait jamais en dehors, on restait là jusqu’à la fermeture. Puis on allait dans deux ou trois boîtes : le Cactus, la Prison et l’Espace. Vous êtes un peu ivre donc vous roulez un peu des pelles à des gens que vous ne connaissez pas, sans trop y croire et puis vous vous éclipsez parce qu’à un moment, vous avez envie d’un contact plus charnel, vous allez traîner dans des rues et des jardins, pour trouver ce que vous voulez trouver, d’une manière gracieuse, puis vous rentrez chez vous, sans trop savoir ce qui s’est passé après 23h. Ensuite, je me réveillais pour aller à la fac à 14h. On se sentait un peu les princes de la ville. »
Les princesses de la ville, rien que ça.
Voilà voilà, maintenant passons à l’autre chance de transpalme. On est sûrs qu’un des stagiaires de Libé va nous faire un jeu de mots avec « palme » et « napalm », même si y a pas de film vietnamien dans la sélection cette année. Ce coup-ci, on n’est plus chez Société (le journal, pas le roquefort) mais dans Les Inrocks, ce trou dans les finances de Matthieu Pigasse – le boss de Lazard Frères – qui en a besoin pour payer moins d’impôts dans sa holding LNEI (ça sert uniquement à ça la presse pour les riches), LNEI qui a raflé l’an passé le festival Rock en Seine. Rock et Banque font bon ménage !
Girl est donc le portrait d’une ado transgenre, c’est-à-dire un être qui fluctue entre l’enfant et l’adulte, le masculin et le féminin, pardon, la féminin. Un film belge osé, audacieux, avec la « première apparition d’un acteur extraordinaire », selon Les Inrocks. Oh la la, ça sent la palmeraie à plein nez !
Hélas, Girl n’a pas été retenu dans la sélection finale pour la Palme, il a seulement eu droit à Un certain regard, la ligue 2 du Festival... Tout ça pour ça !
Attendez, c’est pas une raison pour zapper : voici le bitch, en écriture inclusive s’il vous plaît (ça va apparemment avec le rock et la banque) :
« Le premier film du jeune réalisateur belge Lukas Dhont raconte l’histoire d’un ado qui est en train de changer de sexe grâce à un traitement hormonal très strict, en attendant le moment où il pourra être opéré et être débarrassé de ces organes génitaux dont la présence lui est insupportable. Mais là où le scénario se corse, c’est que Lara (c’est le prénom sous lequel elle veut qu’on l’appelle, car elle a déjà l’aspect d’une fille) veut également devenir danseuse classique professionnelle : elle en a les capacités et surtout la volonté. Ce portrait naturaliste, factuel, donc cru, d’un.e adolescent.e transgenre en quête de réussite professionnelle est une réussite. »
La putain de son père, comment qu’ça a l’air trop bien ! Où est-ce qu’on peut le voir ? Dans quel pissotière, dans quel backroom ? Car il y a deux bonnes raisons – à part la nécessaire lutte contre la transphobite – d’aller le voir, c’est que un, le film est « puduque » et deux, il évite les « pensifs », du coup on n’a pas à penser et ça c’est coolissime :
« Pudique mais frontal, un film belge sur l’impatience de la jeunesse et la souffrance qui marque aussi la première apparition d’un acteur extraordinaire : Victor Polster. [...]
Le premier talent du film est d’éviter les poncifs : le père de Lara (il n’y a pas de mère) soutient totalement son enfant. Le problème de Lara est intérieur et typiquement adolescent : rien ne va assez vite pour elle. Son corps se transforme trop lentement à son goût. Les médecins, les psys, son père doivent sans cesse la tempérer et l’empêcher de dépasser les doses autorisées par son traitement hormonal. »
Allez, un autre extrait, pas du film mais des Inrocks :
« Et Lukas Dhont (sans vulgarité, sans provocation) montre ce que cela signifie concrètement. Par exemple, Lara se scotche son sexe entre les jambes quand elle danse, et nous comprenons que cela lui est interdit (le récit avance vraiment par allusions, sans didactisme lourdingue) parce que cette ablation symbolique de son sexe de naissance est source d’infections urinaires. La vie de Lara est très rude (elle devra aussi subir une scène d’humiliation de la part de ses "amies" danseuses). »
Parce que nous sommes aussi là pour l’information et pas seulement pour la déconnade, voilà en animation l’opération de changement de sexe. Accrochez-vous aux valeurs, ça va twister :
Sex change surgery (Transsexed). pic.twitter.com/uOBNrqKNbI
— Fascinating things (@YupThatExist) 6 mai 2018
Nous nous élevons évidemment contre ceux qui crachent sur l’exceptionnelle exception enculturelle française (ce qui inclut la Belgique) :
"L'exception culturelle Française" c'est faire financer des films de merdes qui perdent de l'argent avec le fruit du travail des personnes qui ne vont pas les voir.
— Skandal (@Skandal_NOII) 10 mai 2018
Honte à toi, cinéphobe primaire !
Post scrotum : on a quand même eu un moment d’angoisse juste avant d’envoyer cet article, on s’est dit non c’est pas possible, ils se sont foutus de notre gueule, c’est un piège comme celui que le fils Huchon a tendu aux complotistes avec une grosse fake news attrape-nigauds en ligne.
On a vérifié : eh bien non, ce n’est pas un piège. Tout est vrai.
C’est peut-être pire.