Il se trouve des gens qui, non seulement se sont posé la question, mais ont répondu par l’affirmative : ils pensent que le maître du théâtre anglais a fauté, et ils ont décidé de revoir sa copie.
Qu’a donc fait William ? A-t-il nié l’existence des chambres à gaz ou le droit à l’existence d’Israël ?
Presque. En tout cas il a commis une oeuvre, célébrée dans le monde entier, dans laquelle un Juif nommé Shylock joue le bien vilain rôle du méchant usurier qui étrangle ses débiteurs avec cruauté : « Le Marchand de Venise ».
Qu’importe que l’oeuvre du grand Shakespeare contienne une magnifique tirade contre l’intolérance envers les Juifs : « Le Marchand de Venise ne passera pas ! »
Un site juif de promotion du théâtre : http://www.jewish-theatre.com/visit... a trouvé deux dramaturges qui ont revisité le maître pour le faire marcher droit.
La première, Julia Pascal, a remanié le texte en faisant débuter la pièce par la rencontre d’une survivante de la Shoah avec une troupe théâtrale qui répète à Venise. Parler des Juifs sans parler de l’holocauste, voilà une faute réparée.
Le second, Arnold Wesker, lui, a tout réécrit et change même le titre : « Shylock », au lieu du « Marchand de Venise ». Et celui-là n’est pas un méchant qui aime l’argent, mais un gentil amoureux des livres, du savoir, de l’architecture et de ses semblables à qui il offre l’asile et le soutien quand les chrétiens les persécutent en Espagne et que l’Eglise brûle leurs livres. Et, avec l’aide d’une universitaire américaine, il a résolu la difficulté consistant à présenter l’odieux marché du méchant juif en juste proposition d’un honnête banquier.
Ouf ! On a rétabli l’ordre des choses, le spectacle va pouvoir reprendre.
Souhaitons à ces aimables amoureux des arts et de la culture qu’ils ne soient pas accusés de véhiculer contre les chrétiens d’odieux poncifs nauséabonds qui rappellent les heures sombres de notre histoire.