Ma tribune paraît dans six quotidiens européens. Réponse des macronistes ? Des injures. Pas de garde-à-vue ?https://t.co/jTGPTjqUxM
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 11 mars 2019
La tribune de Mélenchon dans Libé (voir ci-dessous) a déchaîné les forces du Système. Le problème, c’est que la réplique au leader de LFi a été apporté par la pauvre Aurore Bergé, qui a autant de crédit politique qu’une girouette.
« “On a une escalade verbale qui va jusqu’à attaquer les traités européen”s, a critiqué Aurore Bergé sur Cnews, tout en notant que Jean-Luc Mélenchon n’a pas précisé lesdits traités. “Le projet européen de Mélenchon m’échappe de plus en plus” et “je ne veux pas laisser le projet européen à des populistes d’extrême gauche ou d’extrême droite”, a-t-elle assuré. » (Source : 20 Minutes)
Si Macron et sa liste LReM n’ont plus que ça pour les défendre contre les attaques populistes sur ses deux ailes, l’affaire est mal barrée pour le banquier.
Pour Aurore Bergé, c’est “affligeant qu’un ministre et ancien candidat à la présidentielle en vienne à ce genre de diatribe et d’excès”. Par ailleurs, le candidat malheureux à la présidentielle de 2017 critique le couple franco-allemand, qui selon lui “humilie les 26 autres États”. “C’est quelque chose d’essentiel dans la dynamique européenne” et “on a besoin de l’Union européenne car on n’y arrivera pas tout seul”, lui a répondu la députée LREM.
Aurore Bergé qui donne son avis sur une tribune de Mélenchon, c'est Cyril Hanouna dans un jury d'agreg de philo https://t.co/RRokmDvrwV
— Didier Porte (@DidierPorte) 11 mars 2019
Avec de tels adversaires, LFi et le RN ont un boulevard pour punir LReM. Sauf si le Système triche, ce qui est un pléonasme.
Le Président français s’adresse aux Européens. Pluie de poncifs, torrents de reprises éculées et de paranoïa russophobe. Mais une autre parole française existe. Car l’intérêt général des êtres humains sur le Vieux Continent mérite mieux que sa dilution dans la stratégie du bavardage d’Emmanuel Macron. En Europe, il est temps de parler la seule langue vraiment internationale qui soit capable de motiver l’action commune de peuples aussi divers par leur histoire, leurs langues et leurs cultures. C’est la langue des biens communs à défendre et à étendre. Celle des projets communs de vie. Celle des droits sociaux et des services publics. Ils sont à reconstruire après le saccage de trente ans de « concurrence libre et non faussée ».
Nous sommes tous menacés par un système de production et d’échange qui détruit la Terre et les êtres humains. N’est-il pas plus que temps d’imposer les politiques de solidarités qui nous sauveront dans la catastrophe écologique en marche ? Le monstre financier s’est assez gorgé au détriment de tous les petits bonheurs simples de la vie. S’il faut une renaissance en Europe, que ce soit celle de la souveraineté du peuple, celle des lumières contre l’obscurantisme de l’argent et des passions religieuses adverses.
Si la France peut être utile à tous, que ce soit en proposant les travaux d’Hercule qu’il est urgent d’accomplir. Oui, les peuples d’Europe peuvent s’imposer en vingt ans de respecter partout la « règle verte » : ne plus prendre à la nature davantage qu’elle ne peut reconstituer. Nos peuples peuvent renoncer dès maintenant aux épandages de pesticides assassins de la biodiversité. Ils peuvent décider d’éradiquer la pauvreté sur le continent, de garantir un salaire décent à chacun, de limiter les écarts de revenus pour stopper l’épidémie sans fin des inégalités. Nous sommes capables d’étendre à toute l’Europe la clause du droit des femmes le plus favorable.
Nous sommes capables de bloquer la main des voleurs du fisc qui détournent chaque année mille milliards d’euros pour leurs activités irresponsables plutôt que de nous les laisser pour le bien commun. Bref, il est possible de commencer un nouvel âge de la civilisation humaine. On le peut ici sur le continent le plus riche, le plus instruit. S’il assume un protectionnisme négocié avec le monde, il fera de telles normes humanistes une nouvelle ligne d’horizon commun pour des milliards d’êtres humains.
Il y a un préalable à tout cela : sortir des traités qui organisent l’UE. Toutes nos misères écologiques et sociales ont leur origine dans le contenu de ces traités. Ils ont figé toutes les politiques économiques dans le dogme absurde de l’ordolibéralisme et de l’atlantisme chers aux gouvernements de la droite et des socialistes que dirige Mme Merkel. Ils organisent la pénurie des investissements dans la transition écologique, le démantèlement de l’État social et la mise sous tutelle financière des démocraties. Conçus pour offrir une fête permanente à la finance, ils rendent impossibles l’entraide et la solidarité des peuples. Juste une épuisante compétition entre moins-disant écologique et social.
Lire la tribune entière sur liberation.fr
Face à la fronde anti-européiste de LFi et du RN, le pouvoir sort la vieille scie de la peur du populisme. Cela a fonctionné en 2017, selon Hervé Gattegno, directeur de la rédaction du JDD, mais risque de capoter en 2019.
Clip de campagne LREM pour les européennes :
« On est dans la caricature »
Bonjour Hervé Gattegno. Ce matin vous voulez nous parler du lancement par Emmanuel Macron, cette semaine, de la campagne pour les élections européennes – avec cette tribune publiée mardi et un drôle de clip de campagne de son parti, la République en marche, qui vous a laissé perplexe. Pourquoi ?
Je dirais même qu’il m’a laissé pantois, ce clip de campagne. C’est une série d’images choc, avec un montage saccadé, où on voit des rivières en crue, des manifestations violentes, des défilés de militants avec des drapeaux noirs, la surface de la mer polluée – donc pour être clair, une vision de cauchemar. Et puis en fond sonore, la voix d’Emmanuel Macron qui s’adresse aux électeurs sur un ton presque menaçant pour leur dire : « Vous n’avez pas le choix. » Pour qu’il n’y ait aucun doute, on voit aussi des leaders d’extrême-droite (Marine Le Pen, Matteo Salvini, Viktor Orban) et puis la signature du traité de Rome, la chute du mur de Berlin, Mitterrand et Helmut Kohl main dans la main.
Sans être un grand sémiologue, on comprend que le message d’Emmanuel Macron, c’est : il faut voter contre les nationalistes, c’est-à-dire pour moi. Alors je comprends que pour un clip de campagne, il faut un propos un peu réducteur ; mais il me semble que là, on est dans la caricature.
Cette traduction en vidéo du « Moi ou le chaos », vous y voyez un dérapage ou une stratégie de campagne de la part d’Emmanuel Macron ?
Si c’est un excès de zèle des communicants de son parti, c’est regrettable – il faudrait plutôt qu’ils aillent tourner des films d’horreurs. Mais le plus probable, c’est ce clip a été approuvé par l’Elysée parce que ça correspond tout à fait au discours que tient Emmanuel Macron depuis des mois. Qu’il veuille s’opposer aux populistes – et qu’il préfère d’ailleurs les appeler des nationalistes ou des extrémistes, ce n’est pas moi qui le lui reprocherai. Mais là où il y a quelque chose de discutable, d’un peu malsain même, c’est de réduire le débat des européennes à une opposition binaire entre lui, Emmanuel Macron, et ceux qui veulent déconstruire l’Europe.
C’est son intérêt électoral, on peut le comprendre, mais c’est un pari dangereux parce qu’il revient à nier les différentes visions de l’Europe qui peuvent exister – et qui existent – entre les partisans de la construction européenne. Je ne crois pas qu’on puisse enrôler de force les électeurs en leur faisant peur.
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Lire l’entrevue complète sur europe1.fr
Décidément, le Macron se fait flinguer de partout. Si maintenant ses amis libéraux d’outre-Manche s’y mettent aussi, que va-t-il lui rester comme appuis ?
Financial Times : Macron est sur une pente glissante vers le « despotisme démocratique »
En répondant à chaque trouble social par des lois et des restrictions, les autorités françaises exacerbent les tensions au sein du pays, écrit dans une analyse le Financial Times, évoquant la route d’Emmanuel Macron vers le « despotisme démocratique ».
Dans un article intitulé « Emmanuel Macron est sur une pente glissante vers le "despotisme démocratique" », écrit par Gaspard Koenig, le Financial Times s’en prend violemment à la manière dont l’administration française gère la situation actuelle du pays.
L’article énumère notamment un bon nombre de mesures prises par le gouvernement face aux troubles sociaux, comme le vote de la loi anti-fake news visant à « promouvoir la vérité officielle et supprimer les contenus des réseaux sociaux », ou encore celui de la loi anti-casseurs pour contrer les « malins gilets jaunes qui pourront être individuellement banni des démonstrations publiques et figurer sur une liste de surveillance du gouvernement ».
Le journal économique et financier rappelle en outre qu’Emmanuel Macron a demandé la dissolution d’associations d’extrême droite jugées racistes ou antisémites. « Des restrictions à la liberté d’expression sont à l’étude pour les "antisionistes" vils afin de combler une lacune dans la législation existante qui interdit déjà l’antisémitisme », écrit le Financial Times.
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À vouloir répondre à chaque trouble social par une loi et apaiser ainsi l’opinion publique, le gouvernement finit par exacerber les tensions, avance le quotidien britannique, soulignant que les prétentions de M.Macron à agir pour préserver les normes morales conventionnelles le rendent d’autant plus menaçant.
« Sa répression des libertés civiles s’inscrit dans une tendance logique depuis son entrée en fonction en 2017. Une loi antiterroriste d’octobre 2017 a considérablement accru les pouvoirs accordés aux forces de police. Une loi sur l’immigration de février 2018 a affaibli les droits des migrants et des demandeurs d’asile. En octobre, la Cour suprême française a refusé de suspendre la création d’une base de données biométrique contenant des informations détaillées sur tous les citoyens français », explique le Financial Time.
L’article constate que le « despotisme démocratique », bien connu des lecteurs d’Alexis de Tocqueville, place le bien-être général et la sécurité publique au-dessus des droits individuels. Cela reflète la tendance mondiale inquiétante des démocraties libérales à emprunter le mode opératoire des autocraties », rappelle le quotidien.
« Nous ne pouvons pas faire preuve de complaisance. Interdire le contenu odieux sur les réseaux sociaux est de la censure. La collecte de données biométriques est de la surveillance. Enfermer les délinquants potentiels avant qu’ils ne commettent un crime est de la répression. Blesser les manifestants, c’est de la violence commanditée par l’État, et imposer la neutralité dans les salles de rédaction, c’est de l’autoritarisme. Les citoyens devraient résister à l’impulsion d’imposer la vertu par la force », conclut l’article.
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Ardisson résumait très bien le macronisme en novembre 2018 :