La vidéo de la décapitation de James Foley a, depuis une semaine, entraîné la fuite en avant des opérations militaires étasuniennes. Fuite en avant permise par l’onde de choc émotionnelle provoquée dans l’opinion publique par cet acte de barbarie. Pourtant, à Damas comme à Londres, plusieurs éléments troublant sont apparus, jetant le doute sur l’authenticité de la vidéo mondialement diffusée.
En effet, au début de la semaine c’est le porte-parole officiel du gouvernement syrien Bouthaina Shaaban qui donnait un tout autre son de cloche. Il affirmait que le journaliste américain avait été tué par des militants de l’État islamique (EI) il y a un an déjà :
« James Foley a été arrêté par l’armée syrienne libre puis il a été vendu à l’État Islamique. Vous pouvez vérifier auprès de l’ONU… James Foley a été tué il y a un an, ça ne date pas d’hier. Ils ne publient les photos que maintenant, mais il a été tué il y a un an. Nous avons des renseignements précis, l’ONU le sait aussi. »
Une déclaration qui contredit la version selon laquelle la famille Foley aurait reçu une lettre de l’EI le 12 août dernier pour menacer d’exécuter le journaliste si Barack Obama donnait son feu vert pour des frappes aériennes en Irak. Le 25 août dernier le président des États-Unis ordonnait le démarrage de la surveillance du territoire syrien par des avions espions pour préparer une éventuelle attaque militaire, comme le rapportait The Dailymail (26 août). Bashar al-Assad, de son côté, a affirmé dans plusieurs déclarations que toute action militaire des États-Unis en Syrie serait considérée comme un acte de guerre.
Comme à Damas, des voix se sont élevées à Londres pour exprimer des doutes sur la fameuse vidéo : selon la presse britannique, elle serait un montage. C’est ce que laissait entendre le 25 août dernier The Times en relayant des analyses de la vidéo effectuées par une entreprise médico-légale qui collabore habituellement avec les forces de police britanniques. Ces experts ont considéré que le meurtre de James Foley avait eu lieu hors-caméra et que la vidéo diffusée était un montage à base d’effets spéciaux. Par ailleurs, une vidéo montre la sœur de James Foley, Katie Foley hilare lors d’un entretien filmé pour Yahoo ! News, dans un appartement où les cadres tombent des murs...
(Vidéo en anglais non-sous-titré.)
Des éléments qui viennent confirmer les interrogations exprimées par Egalité et Réconciliation dès le 22 août. Quoi qu’il en soit, le temps de la vérité étant plus long que celui de l’émotion, la vidéo de la décapitation de Foley aura fait son œuvre en justifiant une intensification des activités militaires étasuniennes au Moyen-Orient.