L’affaire semble entendue : un sud-européen, dépensier, imprévoyant et désormais impécunieux, aujourd’hui réduit à mendier des subsides à un nord vertueux qui juge sévèrement ces errements irresponsables, forcément irresponsables, en une réédition du vieil apologue opposant la gente des fourmis à celle des cigales.
Est-ce bien sûr ? L’économiste grec Yanis Varoufakis reprend à son compte la fable, mais en fait une lecture différente en réévaluant la distribution des rôles. Des fourmis industrieuses, nous dit-il, on en trouve tout autant au nord qu’au sud : ce sont ceux qui travaillent dur et peinent à boucler leurs fins de mois.
Quant aux cigales insouciantes du lendemain, dans la version qu’il nous propose, il faut plutôt les chercher du côté de financiers qui ont recyclé les profits croissants du nord sous forme de crédit, indifférents aux bulles et au sur-endettement qu’ils ont provoqué et qui pourtant rendait certain l’effondrement de cet empilement de dettes.
Par Yanis Varoufakis, 15 décembre 2011
Voici une nouvelle version de la fable d’Ésope, écrite sur mesure pour notre « moment européen dans l’histoire », en une circonstance où un effondrement de l’Europe paraît certain en raison de la prédominance d’une lecture erronée de la situation. Ce qui suit tente d’offrir une vision alternative, qui soit plus en phase avec la perspective d’un avenir décent pour l’Europe.
Il était une fois un grec nommé Esope, qui a conté une histoire de fourmi industrieuse et de cigale imprévoyante.
Depuis deux ans, les Grecs ont gagné la réputation mondiale d’être les cigales de l’Europe, avec les Allemands dans le rôle des fourmis. Mais cette réputation faite aux Grecs s’applique désormais aussi à des régions situées à l’ouest et même au nord (vers l’île d’émeraude) et, en dehors de la Grèce, bien d’autres pays sont maintenant décrits sous les mêmes traits.
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