Conceptuellement très léger.
Je ne doute pas qu’il ait des qualités en tant que spécialiste de la démocratie athénienne ou du droit constitutionnel, mais comme Todd qui a la tête fourrée dans ses structures familiales et n’en démord pas, cherchant à tout expliquer par là, il ne considère quasiment rien d’autre.
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Il est émouvant à croire la constitution au dessus des puissants. La constitution est au dessus des puissants si le pouvoir est à ceux qui ont mis dans la constitution la limitation des autres puissants, et mettent en oeuvre cette politique. Si un souverain un peu naïf entrant en guerre alors qu’il est en position d’infériorité passe un contrat avec une troupe de mercenaires réunis pour l’occasion, stipulant qu’à la démobilisation, ils doivent abandonner les armes et retourner à leur famille, il est fort probable qu’à la démobilisation, loin d’honorer le contrat, et se retrouvant les seuls en position de force, les mercenaires devenus brigands pillent et ravagent à leur guise. "Ah, mais vous aviez signé, reconnu que j’étais souverain devant Dieu et sur les hommes, et que mon autorité était totale ! - Oui, mais tu n’as rien à nous opposer, alors laisse nous faire si tu veux rester en vie, car même pour ta protection personnelle tu as compté sur nous. Aujourd’hui, nous ne t’obéissons plus, car tu n’es plus rien ; nous te défaisons, toi qui nous a fait."
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Le triomphe de la démocratie athénienne n’est pas le triomphe d’un concept politique, mais du groupe le portant. Si les esclaves et les serviteurs s’étaient révoltés, ils auraient mis à bas cette construction de leurs maîtres. On peut imaginer une infinité de solutions potentielles aux problèmes qui accablent la France et le monde (et non, ça ne se résume pas au sionisme), mais ce ne sera pas l’efficacité des solutions, leur justesse sociale, morale ou philosophique qui les feront triompher, ce sont les hommes qui les portent, les hommes qui conquièrent le pouvoir.
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La loi du plus fort jamais ne sera abolie, que le fort soit magnanime, juste, voire bon, ne change rien à sa force : qu’il deviennent méchant et bête, les mécontents seront sortis de son palais sur des civières, mais qu’il perde sa force, et c’est lui qui sortira les pieds devant, laissant la place à l’audacieux qui le premier aura été en mesure de prendre sa place, et quelles que soient ses idées. Chouard est bien gentil avec sa nouvelle constitution et sa démocratie athénienne, mais il oublie la réalité de la lutte pour le pouvoir.
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